Après l’arrêt de son émission sociétale “En marge”, la journaliste, vingt-cinq ans de maison, dénonce une “exclusion brutale” et déplore l’évolution de la ligne de la station.

La journaliste Giulia Foïs poursuit le groupe public Radio France devant les prud’hommes après l’arrêt cette saison de son émission sociétale « En marge » sur France Inter, a-t-elle indiqué vendredi à l’AFP, confirmant une information de L’Humanité. L’audience au Conseil des prud’hommes de Paris aura lieu le 12 novembre, ont précisé la journaliste et son avocate, Mᵉ Françoise Davideau.
« J’ai 25 ans d’ancienneté [à Radio France, ndlr], avec de multiples CDD d’usage, et l’émission s’arrête sans aucun motif, et sans proposition derrière », a déploré Giulia Foïs. Le CDD (contrat à durée déterminée) dit d’usage est un contrat de travail temporaire qui répond à des conditions précises. Le recours à ce type de contrat est courant à la radio et à la télévision, où une émission peut ne pas être reconduite d’une année sur l’autre, ce qui a déjà souvent donné lieu à des contentieux par le passé. Giulia Foïs a « saisi les prud’hommes pour être indemnisée de cette exclusion brutale et de ses préjudices », a renchéri son avocate.
“Renouveler l’offre éditoriale le samedi soir”
Journaliste et autrice à l’engagement féministe revendiqué, Giulia Foïs animait l’émission « En marge », consacrée aux marginalités, tous les samedis soirs. Cette saison, cette case est occupée par l’émission musicale « Tapage » de Camille Diao.
Interrogée par l’AFP, la direction de France Inter a indiqué qu’« aucun argument économique n’a été avancé pour justifier cette décision » d’arrêt, « pas plus que l’audience de l’émission, mais la volonté de renouveler l’offre éditoriale le samedi soir ». De plus, « plusieurs propositions précises ont été faites » à Giulia Foïs, « car nous souhaitions poursuivre notre collaboration avec elle » mais elle les a toutes « refusées », d’après la direction de la radio.
La journaliste évoque pour sa part des propositions floues, et estime faire les frais d’un « changement de cap » éditorial de la part de la direction de la station. « À partir du moment où l’émission est supprimée, alors qu’elle fait de l’audience, qu’elle ne coûte pas cher, qu’elle n’a que trois ans, c’est un choix éditorial », assure-t-elle dans L’Humanité. Choix qu’elle rapproche de celui de la direction d’arrêter la chronique d’Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, ou de réduire l’émission « La Terre au Carré », de Mathieu Vidard. « À France Inter, désormais, toutes les voix dissidentes finissent par sauter », conclut-elle.
Au sein du groupe public, où elle est entrée en 2000, Giulia Foïs est également passée par d’autres stations, France Info, France Culture ou Mouv’. Selon elle, la direction de France Inter lui a annoncé « fin avril » qu’« En marge » ne serait pas reconduite. Elle a saisi les prud’hommes « en août ».
En novembre 2024, l’ancienne productrice-animatrice de l’émission « Les P’tits bateaux » sur France Inter, Noëlle Bréham, avait obtenu réparation aux prud’hommes après son licenciement en 2022. Les prud’hommes avaient « requalifié l’ensemble des CDD conclus depuis 1982 en un CDI », avait alors indiqué son avocat.
Source: Télérama