Alors que les comptes du groupe sont déjà dans le rouge, Rachida Dati a évoqué mardi un nouveau coup de rabot pour 2026. Avec des répercussions dramatiques pour la création, alerte un collectif d’acteurs dans une tribune publiée par “Le Parisien”.

Les comédiens rappellent que l’exception culturelle française est un « bien public essentiel ». Laure Calamy figure parmi les signataires de la tribune. Photo Jérôme Bonnet pour Télérama
Par Chloé Delos-Eray
Publié le 30 octobre 2025 à 18h44
Ils s’appellent Miou-Miou, Laure Calamy, Cécile Bois, Arnaud Ducret, Alix Poisson ou Bruno Solo. Ils sont tous passés par le service public, au générique de séries comme Dix pour cent, Fais pas ci, fais pas ça, ou encore Des vivants. Ce mercredi 29 octobre, une centaine de personnalités du petit écran ont signé une tribune pour dénoncer les économies qui se profilent pour le groupe France Télévisions à l’horizon 2026. « Aujourd’hui, toute la création audiovisuelle, de la fiction au documentaire, en passant par le spectacle vivant et l’animation, est menacée par les coupes budgétaires prévues dans le projet de loi de finances », précise le texte, publié dans les colonnes du Parisien. C’est cette même création audiovisuelle qui « donn[e] de la voix à […] des drames et enjeux sociétaux qui, autrement, seraient peut-être ignorés » et est porteuse « de valeurs, de culture et d’émotions ». « Ne mettons pas en péril la diversité de la création, la qualité et l’étendue de l’offre gratuite proposée tous les jours à des millions de Français. Ne laissons pas aux autres le soin de raconter nos histoires, d’éveiller nos consciences », demande le collectif.
À partir du moment où on ampute la culture, l’heure est grave.
En 2025, le groupe public doit déjà faire 112 millions d’euros d’économies. Ces coupes ont principalement touché les émissions de flux, en multipliant les rediffusions et les best-of d’émissions comme Quelle époque, C à vous, C dans l’air. Côté fiction, la série Phoenix, créée par Matthieu Bernard et Louis Aubert, a été déprogrammée au dernier moment alors qu’elle devait être diffusée à partir du mois de septembre.
Tout porte à croire que la télé publique devra de nouveau se serrer la ceinture l’année prochaine. La ministre de la Culture, Rachida Dati, a évoqué au Sénat cette semaine une baisse de crédit tournant autour de 65 millions d’euros. Le groupe craint, au total, un choc de 140 millions d’économies en 2026. Des chiffres incertains encore à ce jour, le prochain budget de l’audiovisuel public n’ayant pas encore été voté par l’Assemblée nationale, en raison de la valse des Premiers ministres.
Selon Iris Bucher, présidente de l’Union syndicale de la production audiovisuelle, interrogée à La Rochelle, de futures coupes reviennent à se priver d’une « soirée de fiction par semaine ». « À partir du moment où on ampute la culture, l’heure est grave. L’histoire en témoigne. C’est une atrophie de la pensée, un signe grave contre la liberté d’expression », martèle Cécile Bois (Candice Renoir), toujours dans Le Parisien. Un écho à la tribune — dont elle est l’une des signataires —, qui exhorte à défendre l’exception culturelle française, ce « bien public essentiel ».
Source: Télérama