« Un silence s’est abattu dans la salle » : ça aurait pu être un désastre, c’est devenu le plus grand succès de tous les temps

Décidément, ce grand classique du cinéma n’a pas fini de faire parler de lui ! Pendant longtemps, il a été le plus gros succès de tous les temps au box-office. Pourtant, dans les coulisses, tout le monde prédisait un véritable désastre.

Quand on évoque Titanic, réalisé par James Cameron en 1997, on a du mal à imaginer que la production du long-métrage ait pu être chaotique au point de laisser présager une catastrophe industrielle.

En effet, le grand classique porté Leonardo DiCaprio et Kate Winslet a été pendant longtemps le plus gros succès du cinéma mondial, et il est souvent cité parmi les meilleurs films de tous les temps. Avec 2,26 milliards de dollars de recettes à l’international, il n’a été surpassé que 12 ans plus tard avec Avatar, toujours réalisé par James Cameron.

Titanic est désormais le 4ème plus gros succès de tous les temps, derrière le premier volet d’Avatar, Avengers Endgame et Avatar 2. Mais son triomphe commercial n’était absolument pas gagné, et la bataille a été rude pour James Cameron et son producteur, Jon Landau.

Ce dernier, malheureusement décédé en 2024, a suivi le cinéaste dans tous ses projets depuis Titanic, abattant un travail titanesque sur Avatar et ses suites. Le 4 novembre, ses mémoires seront publiées aux Etats-Unis, intitulées The Bigger Picture. The Hollywood Reporter en a publié un extrait édifiant, dans lequel il revient sur la préparation compliquée de Titanic.

James Cameron étant un perfectionniste invétéré, il voulait un endroit parfait pour pouvoir construire son décor, notamment une réplique du Titanic. Il fallait aussi pouvoir installer un gigantesque réservoir pour tourner les scènes en mer. « La recherche des lieux nous a pris un an. Nous avons parcouru le monde entier », a expliqué Jon Landau.

« Finalement, nous avons trouvé l’endroit idéal dans un lieu des plus improbables : Rosarito, au Mexique. Improbable, car alors que le Titanic a coulé dans les eaux glacées de l’Atlantique Nord, le Mexique est une terre ensoleillée. Avec un peu d’imagination, on pouvait presque le voir : le bâtiment qui serait le navire et la mer glacée. Le Titanic voguant vers son destin tandis que Rose et Jack tombent amoureux », a confié le producteur.

Pour lui, l’endroit était parfait pour construire un immense réservoir d’eau, pour simuler l’océan. L’équipe du film pourrait aussi y construire le quai de Southampton, la salle de jeux et la taverne du bord de mer. D’après Jon Landau, il y avait de la place pour l’intérieur des cabines, l’entrepont, la salle des machines et la salle à manger, les salons.

Convaincre James Cameron

Le plus dur restait encore de convaincre James Cameron, qui ne souhaitait pas venir visiter les lieux tant que le studio 20th Century Fox ne donnait pas son accord. Mais cela était impossible sans la validation préalable du lieu qui allait accueillir le tournage. En effet, le studio ne voulait pas donner son accord sans un budget totalement finalisé. Il fallait donc choisir le lieu avec certitude, sans quoi rien n’était possible, car il fallait chiffer les coûts.

« La Fox ne voulait pas donner son feu vert tant que James Cameron n’était pas venu ; Jim ne voulait pas venir tant qu’il n’avait pas reçu l’accord. Il fallait bien que quelqu’un cède, et, comme d’habitude, ce ne serait pas Jim », a révélé Jon Landau.

Finalement, après une bataille stressante pour le producteur, le studio a fini par accepter. Selon lui, Cameron a une méthode bien à lui, qu’il a fini par comprendre. D’abord, il hésite, puis il se ravise. « Il a besoin de tout contrôler ; son empreinte doit être visible sur chaque décision », a souligné Landau. Finalement, le réalisateur donnera son accord : « C’est parfait ! C’est le seul endroit où l’on peut tourner le film ! », a-t-il scandé.

Titanic, un naufrage et le chaos ?

Par la suite, pendant le tournage, des rumeurs insistantes évoquaient un naufrage total, un tournage complètement chaotique, et un dépassement de budget gargantuesque. La presse harcelait la production pour obtenir des scoops à propos du film le plus cher de l’Histoire, et probable futur accident industriel.

« Certains articles annonçaient des dépenses de 200 millions de dollars. D’autres spéculaient sur des sommes encore plus importantes. Ils comparaient Titanic, dont la sortie était encore prévue dans plusieurs mois, à Ishtar, Waterworld et Cléopâtre, les plus grands flops de l’histoire d’Hollywood », se souvient Jon Landau.

Le budget a bel et bien été multiplié par deux, ce qui constituait un risque énorme à l’époque, même pour un des plus gros studios de cinéma. D’une enveloppe de 110 millions de billets verts accordés par la Fox, la facture est très vite montée à 200 millions. Les rumeurs continuaient donc d’aller bon train dans la presse, évoquant un jeu d’acteurs désastreux ou des effets spéciaux complètement ratés. Pour les journalistes, le bide était assuré.

« Rien de tout cela n’était vrai, mais les ragots prennent vite de l’ampleur. La perception devient réalité », a déploré Jon Landau. À cause de tout cela, l’ambiance au sein du studio était aussi mauvaise, ce qui compliquait les choses. Cameron a même eu toutes les peines du monde à justifier la durée de 3h15, s’arrachant les cheveux devant les demandes de coupes du studio, mais il n’a jamais cédé.

Un soutien fatidique

À ce moment-là, quand tout le monde pensait que Titanic allait être la plus grosse catastrophe industrielle de l’Histoire du cinéma, James Cameron et Jon Landau ont eu alors un soutien inattendu, celui du magnat Rupert Murdoch, président de Fox Corporation.

« Jim et moi l’avons croisé dans le couloir du studio pendant les jours les plus sombres de la post-production. Nous nous sommes arrêtés pour discuter. J’ai dit : Je suppose que nous sommes deux des personnes que vous appréciez le moins au monde en ce moment. Rupert a eu la réponse parfaite. Sans hésiter, il a dit : J’attendrai de voir le film, et je vous dirai ensuite », a révélé Jon Landau.

Après cela, le producteur et son réalisateur ont pu terminer la post-production tranquillement, mais étaient très fébriles au moment des avant-premières. Le public a immédiatement très bien réagi, au grand soulagement des deux hommes, et le phénomène s’est amplifié comme une traînée de poudre. Titanic a cartonné, et le reste appartient à l’Histoire.

Par ailleurs, lors de la première du long-métrage, James Cameron et Jon Landau se sont faufilés dans le cinéma et ont pris place côté allée, au moment où les lumières s’éteignaient. Puis le film a commencé.

« Titanic est apparu en lettres géantes sur l’écran. Un silence de mort s’est abattu sur la salle. Une minute, deux minutes, trois minutes… toujours le silence. On a commencé à se chuchoter : Oh mon Dieu ! On est morts, on est morts. Puis l’ambiance a changé. Le public s’est laissé emporter par l’action. À la fin, ils criaient et pleuraient », a exposé Jon Landau.

La catastrophe industrielle n’a pas eu lieu, le film est devenu un grand classique du cinéma, mettant un terme définitif à toutes les rumeurs évoquant un désastre. Le pari était risqué, et il a été gagnant pour le duo Landau-Cameron, qui fera encore des étincelles sur Avatar en 2009, puis La Voie de l’eau en 2022.

Source: AlloCiné

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