« Tu as gâché un an de ta vie à réaliser une daube » : il y a 53 ans, une seule phrase a changé la destinée de Martin Scorsese

En 1972, les paroles de ce grand réalisateur ont été d’une aide précieuse pour le maestro Martin Scorsese, et cela a été déterminant pour la suite de sa carrière.

En 1972, avant de se faire connaître aux yeux du grand public avec Mean Streets et Taxi Driver, Martin Scorsese acceptait de réaliser un film de commande : Bertha Boxcar. C’est le producteur Roger Corman, connu pour ses films de genre à petit budget (et un peu pour exploiter les jeunes cinéastes), qui a fait cette proposition au réalisateur.

Un film sur commande

« C’est une sorte de Bonnie and Clyde, tu veux le mettre en scène ? », a demandé Corman au jeune Scorsese. « J’ai dit oui, absolument ! », a confié le cinéaste dans le premier épisode de la série documentaire Mr Scorsese, disponible sur Apple TV+.


En effet, avant de devenir une figure du Nouvel Hollywood, avec Steven Spielberg ou Brian De Palma, Scorsese a été contraint d’accepter un film de commande, ce qui n’a pas plu au cercle d’amis du metteur en scène.

« J’avais réussi à finir Bertha Boxcar dans les temps, sans dépasser le budget, et sans me faire virer. Franchement, j’étais tellement heureux de ne pas m’être fait éjecter. C’était une étape importante pour moi », a indiqué Martin Scorsese.

« Mais mes amis ont détesté le film. Pour eux, c’était comme si j’avais chopé une maladie. Ils m’ont jugé et se sont éloignés de moi. Plusieurs personnes avec qui je voulais travailler m’ont dit : Ne t’approche pas de nous ! », a poursuivi le réalisateur.

Mes amis ont détesté le film. Pour eux, c’était comme si j’avais chopé une maladie. Ils m’ont jugé et se sont éloignés de moi.

Une trahison à son art ?

« Ils pensaient que vous aviez trahi votre art ? », relance Rebecca Miller, réalisatrice du documentaire Mr Scorsese. « Oui, c’est vraiment ce qu’ils pensaient », a confirmé Scorsese. C’est à ce moment-là que Brian De Palma lui parle du scénario de Taxi Driver, écrit par Paul Schrader.

« Je voulais absolument le faire, mais les producteurs Michael et Julia Phillipps ne me prenaient pas du tout au sérieux car j’avais fait Bertha Boxcar », a déploré Martin Scorsese, qui était à l’époque dans une impasse artistique.

Un certain John Cassavetes, auteur de longs-métrages mémorables comme Shadows, Faces ou Une femme sous influence, va alors entrer en scène. C’est le scénariste Jay Cocks, ami de Scorsese, qui va le présenter au célèbre metteur en scène, connu notamment pour son extrême liberté créative et son intransigeance.

« Je lui ai parlé à propos de Marty et il m’a dit : J’aimerais beaucoup voir ses films », a confié Jacy Cocks. Cassavetes visionne alors le premier long-métrage de Scorsese, Who’s That Knocking at my Door. « J’étais embarrassé par ce film, et il m’a dit : ‘C’est le genre de film que tu dois faire !’ Il y croyait vraiment », a révélé Martin Scorsese.


Une phrase qui va tout changer

« C’est vraiment des films comme ça que tu dois faire ! Ne refais plus jamais des absurdités comme Bertha Boxcar », a martelé Cassavetes. « Après avoir vu le film, il m’a dit : Viens par ici. Puis il m’a enlacé, a mis ses mains sur mes épaules et a déclaré : Tu viens de gâcher un an de ta vie à réaliser une daube. Tu vaux mieux que ça, ne recommence pas », a asséné John Cassavetes à Martin Scorsese, qui va très vite comprendre la leçon du maestro.

Tu viens de gâcher un an de ta vie à réaliser une daube. Tu vaux mieux que ça, ne recommence pas.

Selon Jay Cocks, le réalisateur de Shadows avait vu « le don fabuleux » de Scorsese dans Who’s That Knocking At My Door. Pour Marty, John Cassavetes est alors devenu le « Saint patron du cinéma. Il était comme sa conscience. »

Marty évoque ensuite son projet Mean Streets, et son nouveau mentor l’encourage fortement à se lancer. C’est là que Scorsese va rencontrer un certain Robert De Niro, et qu’il va lui confier le rôle culte de Johnny Boy. Le reste appartient à l’Histoire. Et si vous voulez tout savoir sur le célèbre metteur en scène, foncez voir Mr Scorsese sur Apple TV+.


Source de l’article : AlloCiné

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