Notre avis sur ce film culte qu’est RIRE ET CHÂTIMENT avec José Garcia. Une comédie noire et une romance sur la communication et l’écoute, portée par une énergie folle.
Electric Garcia, mon rapport à José Garcia
José Garcia (Nous finirons ensemble) est ce type d’acteur, de personnalité électron libre, incontournable surtout si on à été est un enfant de la télévision. Mon premier contact avec Garcia dans le rôle de Serge Benamou dans La vérité si je mens ou bien dans ses sketchs au côté d’Antoine de Caunes sur l’émission Nulle part Ailleurs« , le sketch « Sandrine Troforte et Richard Jouir » restera un classique indémodable. »
De père et professeur dans les films tels que les œuvres récentes Nous les Leroy (2024) réalisé par Florent Bernard ou Le Panache (2024) de Jennifer Devoldere impressionnant dans ses excursions. Dans le thriller / polar comme dans En Face (2000) de Mathias Ledoux où il confronte Jean- Hugues Anglade et Clotilde Courau. Pars Vite, Reviens Tard (2007) réalisé par Régis Wargnier adapté du roman policier de Fred Vargas ou bien avant dans des rôles effrayants et attachants dans les O.V.N.I. réalisé par Bernie Bonvoisin (entre autre frontman du groupe de hard rock tricolore Trust) à savoir Les Démon de Jésus (1997) et Les Grandes Bouches (1999) où son apparition dans une scène, témoigne de sa capacité à se transformer dans son jeu.
Toute cette présentation pour dire que José Garcia est un acteur ayant une palette très large. Un comédien faisant passer son spectateur dans plusieurs émotions, qui a réussi à vite se dépêtrer d’une image, qu’on aurait pu – trop vite – l’enfermer dans le rôle du « bouffon du roi ». Ce texte peut également faire office d’hommage au bonhomme !

Le cinéma est une histoire d’amour
RIRE ET CHÂTIMENT est le premier film réalisé par Isabelle Doval qui était, lors de la conception du film, compagne à la ville de notre acteur principal désormais séparé et divorcé depuis 2021. Ce film peut également faire office de capsule temporelle pour un couple, ayant collaboré à quelques reprises dans La vérité si je mens. Garcia et Doval vont se retrouver en 2013 pour le film Fonzy« , remake du film québécois de » Starbuck « , sorti 3 ans avant. »
Garcia, seconds rôles du paysage du cinéma français
Alfred Hitchcock disait « Meilleur est le méchant, meilleur est le film »« . On peut dire également « Meilleur est le ou les seconds rôles, meilleur est le film ». Ces acteurs et actrices toujours positionné à côté du rôle principal qui fait office d’aidant, de soutien, d’obstacle ou même de moteur pour les protagonistes principaux et cette oeuvre ne déroge pas à cela : le film d’Isabelle Doval regorge de second rôles constituant une sorte de paysage dans le cinéma hexagonale. Qu’on les apprécie ou pas, leur présence donne du caractère au film qu’on découvre et le rend de facto vivant.
On peut citer en premier lieu Laurent Lucas qui est un acteur qu’on n’évoque pas assez dans le paysage cinématographique francophone. Ayant joué dans des films intense, on a pu le voir dans Harry un Ami qui vous veut du bien (2000) de Dominik Moll ou encore dans le film Dans ma peau (2002) réalisé par Marina de Van. Également, des collaborations avec le réalisateur belge Fabrice Du Welz avec Calvaire (2004), Alleluia (2014) et Adoration (2019). On a pu le voir récemment chez Julia Ducournau avec Grave (2016) et récemment Le Dossier Maldoror (2024).
Lucas dans RIRE ET CHÂTIMENT joue le rôle de Jacques. Ami de Vincent et travaillant dans la même établissement de ce dernier, c’est un personnage à la fois maladroit et qui serait prêt à tout pour aider son ami, un personnage de bon conseil, plein de bienveillance et donnant une forme d’espoir à l’ensemble.
Nous pouvons également compter sur la participation de Benoît Poelvoorde en tant que moniteur dans les séquences à la piscine. Ces moments sont excellents et cela fait miroir avec un film sportif sorti en 2001 qui est Le Vélo de Ghislain Lambert réalisé par Philippe Harel où Poelvoorde partageait également l’affiche avec José Garcia.
Le film est également composé de seconds rôles comme Philippe Uchan« , « Valérie Benguigui« , « Judith El Zein« , « Alain Bouzigues« , « Renaud Rutten ou Véronique Picciotto« , nourrissant l’ensemble. »
Une caméra aussi folle que son personnage principal
Ce qui est notable dans le film, c’est qu’il s’agit d’un premier brûlot dont la réalisatrice veut tout montrer. Utilisant un montage ostentatoire ponctué d’effets accélérés dans les scènes de tension avec Garcia. Parfois jusqu’au risible. Cependant, la caméra est survoltée, mais cette frénésie visuelle épouse parfaitement le tempérament de Roméro. La caméra le suit, le reflète, l’imite. Au point de donner au spectateur la sensation d’un tourbillon continu. Le spectateur peut sortir épuisé par ce qu’il a assisté.
Le film, dans sa mise en scène, est articulé en deux parties, où la première est en électron libre, foutraque et la deuxième partie, plus posée, comme les moments de doutes et de réflexions de Vincent Roméro.
Avant de réparer les autres, il faut se réparer soi-même
RIRE ET CHÂTIMENT est avant tout un film sur l’écoute de soi. Un film sur la communication dans le couple. Ou un personnage qui ramène toute son attention sur lui, s’éloigne peu à peu des gens qu’il aime. Vincent Roméro pense parler à tout le monde mais ne fait que s’écouter parler. Il n’écoute plus les autres dans leur respiration, dans le peu de mots que ses interlocuteurs leur transmettent. Roméro est en pilote automatique. Tel un amuseur qui ne fait pas la distinction entre la scène et la maison. Ce film peut avoir une résonance avec l’interprète principal. Ce rôle à été écrit pour lui et ça se sent durant tout le film. Roméro tue littéralement de rire ses auditeurs, comme s’il utilisait sa capacité à l’usure. le personnage pourrait faire des blagues jusqu’à pas d’heure.
RIRE ET CHÂTIMENT « est une œuvre où la mort plane : en ce demandant si » Isabelle Doval et ses co-scénaristes pour nommer le personnage de Vincent n’ont pas pensé au réalisateur George A. Romero, cela ne serait pas un clin d’œil anodin.
Au rayon des références et des clins d’œil, le titre du film fait également allusion explicitement au roman « Crime et Châtiment » de Fiodor Dostoïevski.
Comment rétablir la cohésion et comment faire un travail sur soi-même pour se retrouver ?
Le film parle du manque de communication dans le couple, dans les amitiés et comment sauver tout ce qu’on a à fédérer. La métaphore illustrée par le fait que le protagoniste principal va participer à des sessions pour obtenir son brevet de secouriste accentue cette thématique. Car quand on perd quelque chose c’est à ce moment-là qu’on se rend compte de sa valeur. Qu’on tente de sauver les meubles, on envie beaucoup de choses, une fois acquise, on n’accorde pas trop d’attention, mais quand on le perd, on se tire les cheveux. On prend les choses pour acquis, on coche les choses avec fierté comme si tout nous est éternel.
La musique, composée par Alexandre Desplat« , est de bonne facture. Pas forcément mémorable mais donne du corps à l’ensemble. »
RIRE ET CHÂTIMENT n’est pas forcément un film révolutionnaire mais l’œuvre dégage une vraie sincérité. Un film efficace par les temps, où, si vous ne savez pas quoi voir, peut animer et bercer les matinées comme vos nuits, qu’il pleuve où qu’il fasse grand soleil. On sent que José Garcia s’amuse dans ce rôle et cette joie de jouer, performer et cela donne au film une énergie communicative. Une chouette comédie noire teintée de romance.
Akbarou
Information : Cet article a été publié suite à une contribution d’un·e rédacteur·rice invité·e. Si vous souhaitez écrire une actualité, une critique ou une analyse pour le site, n’hésitez pas à nous envoyer votre papier !
Source: Le Blog Du Cinéma