Dans la comédie « Y a pas de réseau », en salles depuis le mercredi 6 août 2025, Gérard Jugnot incarne un malfrat maladroit au côté du jeune humoriste et comédien Maxime Gasteuil. Coulisses de tournage, mort de Michel Blanc, vie privée… L’acteur s’est confié avec franchise à Télé-Loisirs.

Avec Gérard Jugnot, la mélancolie n’est pas de mise. Pensez, notre homme incarne, avec ses copains de la bande du Splendid, quelques-uns des plus grands moments de rire du cinéma français, comme « Le Père Noël est une ordure », film culte dans lequel il aurait pu tenir un autre rôle que celui du terrible Félix », ou « Les Bronzés font du ski », avec sa fameuse chanson « Quand te reverrai-je ». Gérard Jugnot, c’est aussi un réalisateur de talent, qui a notamment révélé Bérénice Bejo dans « Meilleur espoir féminin ». C’est via sa casquette de comédien qu’il revient, avec un rôle de malfrat plus bête que méchant dans la production familiale « Y a pas de réseau », en salles depuis ce mercredi 6 août 2025 et dans laquelle il se fait malmener par les enfants de la maison qu’il est venu voler. Cinéma, vie privée : l’acteur et réalisateur s’est confié avec franchise à Télé-Loisirs.
Gérard Jugnot : « Quand je tourne Y a pas de réseau, je suis en vacances, je n’ai pas responsabilités, si ce n’est celle de connaître mes dialogues et de bien jouer »
Télé-Loisirs : Comment avez-vous accepté ce rôle, où vous vous en prenez plein la figure ?
Gérard Jugnot : Ça, c’est le rôle du clown. C’est lui qui reçoit les tartes sur la gueule, dont le pantalon est baissé…C’est vrai qu’à mon âge, je me dit « Mais pourquoi tu continues à faire le clown comme ça ? ». J’aime ça, et maintenant j’ai la chance d’être coopté par la jeune génération, que cela soit la bande à Fifi (Philippe Lacheau, pour qui il a tourné « Babysitting », ndlr), ou Maxime Gasteuil dans ce film. Ça me fait plaisir. Tant que je pourrai faire ça, je continuerai.
Le tournage était-il amusant, ou très physique ?
G.J. : C’était assez physique, mais c’est Maxime (Gasteuil », ndlr) qui a fait les choses les plus dangereuses. Il était mort de peur quand il a fallu caresser un ours, mais il y est allé. C’était aussi très amusant, on était dans Laurel et Hardy. Nos personnages sont deux crétins, c’est assez jouissif. Moi, j’ai commencé le premier jour de tournage avec la tête dans les toilettes sèches ! C’était surprenant, alors que j’aurais pu être dans une résidence senior à jouer au Scrabble. Mais, ça me fait marrer, ça m’a toujours fait rire. La comédie c’est une forme, pas un fond. On peut dire des choses avec un sourire. J’ai terminé mon prochain film, « Mauvaise pioche » (annoncé en salles le 1er avril 2026, ndlr). Le thème est assez grave, car le film est inspiré très librement de l’histoire du type qu’on a pris pour Xavier Dupont de Ligonnès. C’est quelqu’un qui est pris dans un cauchemar, un drame que j’éclaire par des sourires. J’ai trouvé l’emballement médiatique assez fou. J’ai retrouvé plein d’acteurs : Thierry Lhermitte, Jean-Pierre Darroussin, Zabou Breitman, Michèle Laroque, Philippe Lacheau, Reem Kherici.
Acteur, réalisateur, vous avez les deux casquettes. Y en a-t-il une que vous préférez ?
G.J. : Quand je tourne « Y a pas de réseau », je suis en vacances, je n’ai pas responsabilités si ce n’est celle de connaître mes dialogues et de bien jouer. Quand je suis réalisateur, mon équipe, qui me connaît maintenant bien, m’appelle « coach », c’est assez juste, il y a un côté capitaine. Mon plaisir quand je réalise, c’est de jouer avec des comédiens que j’apprécie. C’est mon repos quand je suis aussi derrière la caméra. Mais la mise en scène, c’est passionnant.
Faire rire à notre époque, c’est encore possible ? C’est encore plus nécessaire ?
G.J. : Ça a été toujours été nécessaire. C’est évident qu’il y a des choses qu’on ne peut plus faire, comme tout ce qui touche les religions. C’est embêtant, parce que j’ai toujours détesté les intégristes de tout poil. Ce qui fait rire les gens maintenant, c’est le quotidien, les rapports entre hommes et femmes, l’amour, le sexe. L’humour est moins politique désormais, il y a plus de coups à prendre.
Qui vous fait rire de nos jours ?
G.J. : J’ai découvert Maxime Gasteuil, que je ne connais pas. Il faisait la première partie d’une pièce qu’on jouait avec mon fils, Arthur Jugnot. Il dépassait toujours son horaire, cet idiot, et ça m’énervait ! J’ai été voir son spectacle et j’ai trouvé qu’il avait une énergie formidable. Elie Semoun, Gad Elmaleh, Florence Foresti me font toujours rire. Les jeunes qui font du stand up me gonflent un peu, à part un ou deux. Il n’est pas certain que ceux-là puissent être acteurs, jouer avec les autres. Ce n’est pas nouveau. Raymond Devos, Fernand Reynaud, n’ont pas réussi à jouer avec d’autres.
Gérard Jugnot : Si on avait lancé un nouveau film avec le Splendid, je pense que Michel Blanc n’aurait pas été dedans »
Vous rendez régulièrement hommage à Michel Blanc, mort en octobre 2024. Un film du Splendid sans lui, ce serait encore possible ?
G.J. : On ne va pas faire un quatrième « Bronzés », ça ne rimerait à rien. Même s’il avait été là, il n’aurait pas été certain que Michel vienne avec nous, il avait toujours besoin d’être à distance, il préférait sa carrière personnelle à celle du groupe. Si on avait lancé un nouveau film, je pense que Michel n’aurait pas été dedans. Il faudrait qu’il y ait un scénario. J’ai croisé Christian Clavier l’autre jour qui m’a dit qu’il avait peut-être une idée. Mais il faudrait que quelqu’un nous écrive une histoire, on a l’impression qu’on a déjà tout fait. Après, le plaisir de se retrouver est toujours là. J’ai tourné mon nouveau film en tant que réalisateur avec Thierry Lhermitte (voir plus haut, ndlr), le plaisir était immense, on a ri comme des fous.
Vous êtes grand-père depuis 2013. Comment vivez-vous votre rôle ?
G.J. : Je suis meilleur grand-père au cinéma que dans la vie. C’était un peu compliqué au début, par manque de temps. On a dîné ensemble hier soir, c’était très sympa. J’ai l’impression que mon petit-fils aime bien le théâtre. C’est la matière dans laquelle il a les meilleures notes à l’école. Son père a eu une énorme carrière sur les planches.
Dans une interview à Femme Actuelle, vous avez déclaré, sur la différence d’âge avec votre épouse : « Je suis un vieux con et je l’assume ». Le regard des autres, vous vous en fichez ?
G.J. : C’est surtout elle qui s’en fiche ! Ça fait plus de dix ans qu’on est ensemble, on est très heureux. Elle n’a pas quinze ans non plus. Pour les gens, quand vous réussissez, c’est toujours un peu suspect. Ma notoriété, je l’assume, ça fait partie de moi. J’ai bien vu ce que fait la notoriété. Mon fils, quand il était petit, il pensait que tout le monde était gentil ! Mais être connu c’est quand même assez agréable, je ne vais pas me plaindre.
La retraite, vous y pensez ?
G.J. : La quoi ? Je ne connais pas ce mot ! Dans notre métier, la retraite c’est comme celle de Russie, c’est la débâcle. Je ne vois pas pourquoi j’arrêterais de faire un métier qui me passionne et qui me fait rire. J’espère que je pourrai continuer longtemps, tant que ma santé le permettra. Le clown sautera peut-être un peu moins, mais il aura toujours son nez rouge !
Source : Programme TV