“Valérian” de Luc Besson : “n’importe quoi” ou ludique ? Les critiques du Masque et la Plume

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Valérian Luc Besson
Valérian Luc Besson
 

Dans “Le Masque et la Plume” du 6 août, Jérôme Garcin et les critiques de l’émission ont passé en revue les films de la semaine, et en particulier le dernier opus de Luc Besson.

Présentation du film par Jérôme Garcin

Valérian et la cité des 1000 planètes est un film de Luc Besson, librement adapté de la BD de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, les créateurs de ces deux agents spacio-temporels, Valérian (Dane DeHaan) et Laureline (Cara Delevingne) missionnés par le pouvoir pour effectuer en 2740 des missions à bord de leur vaisseau. L’aventure va les mener sur la station orbitale Alpha, peuplée de 17 millions d’individus représentant toutes les civilisations présentes dans l’univers et ils vont devoir identifier la menace qui met en péril non seulement Alpha, mais aussi tout l’Univers.

Le film marque le retour de Besson au space opera, vingt ans après Le Cinquième élément avec un budget intergalactique : 197 millions d’euros et une distribution sidérale (Cliwe Owen, Rihanna, Ethan Hawke, Alain Chabat, Benoît Jacquot, Xavier Giannoli, Gérard Krawczyk, Eric Rochant et même Mathieu Kassovitz).

Eric Neuhoff : “un amoncellement de scènes qui ne servent à rien”

Luc Besson a 58 ans ? Une chose est sûre : il ne les fait pas. Quand on voit le film, c’est une cour de récréation ! Ça fait penser aux mots de Céline sur les surréalistes : “Ce sont des crétins qui se prennent pour des fous” et là c’est un film d’un vide intersidéral ! C’est fascinant à observer.

C’est laid : la première séquence sur une espèce de lagon, avec de grandes algues molles vaguement transparentes… On a l’impression qu’il y a du gel douche qui va couler. C’est sensé se passer dans 400 ans (2740) : on écoute toujours les Bee Gees, du reggae…. Tout est raté. On a l’impression d’avoir vu ça mille fois. Les bestioles sortent toutes de Star Wars, mais paraît-il à la décharge de Besson, Lucas aurait piqué tout à Valérian, la BD. Et il ne l’a jamais reconnu. Mais du coup le film de Besson arrive 30 ans trop tard. On passe son temps à se dire “quel plagiat” alors qu’à l’origine c’est Valérian qui avait tout initié. C’est un amoncellement de scènes qui ne servent à rien.

Et le problème majeur : c’est cet acteur ! Elle (Cara Delevingne) est mauvaise, mais à côté, c’est Greta Garbo. Il a deux expressions : il écarquille les yeux ou il ouvre la bouche et puis quand il se passe quelque chose, il fait les deux en même temps !

C’est sorti aux Etats-Unis avant la France, mais moi je suis sorti du film avant les Américains.

Xavier Leherpeur : “c’est n’importe quoi, mais un n’importe quoi assumé, extrêmement amusant”

Et bien je ne déteste pas Valérian. On ne peut pas me soupçonner de quoi que ce soit par rapport à Luc Besson, parce que son dernier film Lucy était une catastrophe absolue, paresseux, réac’, vraiment très douteux. Valérian, je me suis amusé. Je l’ai pris pour ce que c’est, à savoir l’objet d’un gamin qui ne veut pas grandir, qui ne veut pas vieillir. Et là, je me retrouve un tout petit peu parce que je n’ai pas tout à fait l’âge de Luc Besson mais j’avoue aimer encore les Minions et Bob l’Éponge. Je connais le côté gourmand de la régression. C’est un hommage à la science-fiction humaniste des années 70.

Evidemment, c’est très criard, très fluo, très psyché mais je me suis amusé comme on s’amuse à un épisode du Doctor Who. C’est n’importe quoi, mais un n’importe quoi assumé, extrêmement amusant.

Besson a quand même un sens du cinéma : il ne sauve pas son film au montage. Il n’y a pas quatre caméras sur le tournage. La planète qu’il construit, composée d’un magma d’espèces du monde entier, a vraiment de la gueule. Et c’est quelqu’un qui sait mettre en scène. On peut ne pas aimer son style et sa patte, mais dès le départ il sait comment il va tourner, appréhender les espaces, jouer des labyrinthes.

C’est du Besson : c’est naïf, c’est candide. L’humour n’est pas toujours très fin, parfois un peu balourd. Les comédiens sont absolument pas formidables, nous sommes d’accord. Mais en terme de souffle… !

Sophie Avon : “un livre d’enfant qui n’a pas beaucoup d’intérêt”

Luc Besson est peut-être un grand entrepreneur, mais il n’a aucun regard original sur le cinéma. Il ne sait pas raconter une histoire de manière personnelle.

Ce que je lui reproche, c’est pas ce qu’on voit dans le film; on l’a vu partout déjà, mieux, mille fois que ce soit les créatures sylphides de la planète Müll qu’on a déjà vues dans Avatar ou ses monstres gluants qu’on a déjà vu dans Buffy et les Vampires dans les 90’s. C’est pas ça que je lui reproche, ça c’est normal : on pille un peu, on regarde ce qui s’est fait avant, c’est normal. Mais il n’est que dans le stéréotype.

La vision de la planète paradisiaque c’est une vision d’enfant avec un coquillage géant. Même les enjeux intimes sont des stéréotypes : ces jeunes gens qui s’aiment, finalement c’est la fille qui va lui apprendre à aimer parce que c’est bien connu que les femmes sont plus mûres que les hommes. C’est lui qui a un tableau de chasse et va apprendre par elle ce qu’est l’amour, et à la fin l’amour est plus fort que tout. On est dans des stéréotypes.

On est dans un livre d’enfant qui n’a pas beaucoup d’intérêt. On n’est jamais dans un univers, on est dans du décoratif. Et je trouve que ça n’est pas suffisant.

Source : France Inter

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