L’humour à la française peut ne pas plaire à tout le monde. Le dernier exemple en date concerne le film de Philippe de Chauveron Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu? Alors que la comédie continue de cartonner en France avec 12,2 millions d’entrées et qu’une suite a été officialisée, les distributeurs ont souhaité poursuivre sur cette lancée en exportant le film aux Etats-Unis. Mais, selon Le Point, cette sortie outre-Atlantique risque bien de ne jamais aboutir. Les distributeurs américains ayant trouvé le long métrage “politiquement incorrect”, presque raciste.
Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Serial (Bad) Weddings aux Etats-Unis, raconte l’histoire de Claude et Marie Verneuil (Christian Clavier et Chantal Lauby), un couple bourgeois catholique désespéré de voir leur quatre filles épouser tout à tour un Juif, un Arabe musulman, un Chinois et un Noir. Un scénario que n’a pas du tout apprécié le Hollywood Reporter. Dans une critique publiée sur son site internet, le magazine américain ne mâche pas ses mots et déplore des “blagues extrêmement lourdes” ainsi que des “performances exagérées”. Le journal fustige également des clichés pas drôles, comme par exemple le fait que l’arabe du film (Medi Sadoun) soit surnommé “Arafat” ou que l’Asiatique (Frédéric Chau) pratique le karaté.
“Ils ont une approche culturelle très différente de la nôtre. Jamais ils ne se permettraient aujourd’hui de rire sur les noirs, les juifs ou les asiatiques”, explique au Point Sabine Chemaly, la directrice internationale des ventes de TF1. “Ils sont évidemment excités par le succès du film, mais ils refusent de le diffuser tel quel. Ils savent que cela va d’emblée créer de trop grandes polémiques chez eux”, poursuit-elle. Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à émettre certaines critiques à l’encontre du film. Il en va de même en Grande-Bretagne. “Dans ces pays, on ne sait pas rire des différences, on vit avec, mais on n’accepte pas la caricature sur le sujet, même avec ce recul qu’apporte la comédie”, conclut Sabine Chemaly.
En France, on préfère dédramatiser. Derrière le message de tolérance prôné par le film, les médias y voient, certes, une forme de banalisation du racisme mais le tout de manière “comique”, comme l’explique Le Monde.
Intouchables, un carton malgré les critiques
La réserve des Etats-Unis envers Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu? rappelle celle observée en 2012 lors de la sortie outre-Atlantique du film Intouchables. En France, le long métrage, réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache, avait battu un véritable record avec plus de 20 millions d’entrées au compteur. Mais, là encore, la sortie du film sur le sol américain était allée de pair avec de violentes critiques. La très sérieuse revue américaine Variety, spécialisée dans le cinéma, avait qualifié le film de “raciste” et “choquant”. “Bien qu’ils ne soient pas connus pour leur subtilité, Eric Toledano et Olivier Nakache n’ont jamais produit un film aussi choquant qu’Intouchables”, écrivait à cette époque l’auteur de la critique.
Inspiré d’une histoire vraie, le long-métrage retrace l’histoire d’amitié entre Philippe (François Cluzet), un riche tétraplégique, et Driss (Omar Sy), un jeune de banlieue fraîchement sorti de prison. Selon Variety, ce dernier met en avant “un racisme digne de l’Oncle Tom”. Mais, c’est bien le personnage de Driss qui cristallise la majorité des attaques. “On est mal à l’aise de voir Omar Sy, un acteur charismatique et joyeux, dans un rôle qui n’est pas bien loin du cliché de l’esclave d’antan, qui amuse son maître tout en représentant tous les stéréotypes de classe et de race”, peut-on lire un peu plus loin.
Des critiques auxquelles ont répondu les réalisateurs du film lors d’une interview au site Premiere. “C’est une polémique montée en épingle par les médias”, dénonce Eric Toledano. D’après lui, “quand Intouchables a dépassé les dix millions d’entrées, un type a cru bon de ressortir le seul article américain à charge passé inaperçu – le journaliste faisait des amalgames ridicules”.
Une polémique qui, au final, n’a eu aucune conséquence. En effet, le film a totalisé 10,2 millions de dollars de recettes, comme le rappelle le site PureMédias. Intouchables est même devenu le film français le plus vu à l’étranger avec 23,1 millions d’entrées, détrônant au passage Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain.
La vie d’Adèle, interdit aux moins de 17 ans
Tout au long de l’année 2013, La Vie d’Adèle, signé du réalisateur Abdellatif Kechiche, a brillé dans toutes les salles de cinéma de l’Hexagone. Et pour cause, le long-métrage, qui raconte l’histoire d’amour entre Emma (Léa Seydoux) et Adèle (Adèle Exarchopoulos), avait décroché au mois de mai de la même année la Palme d’or au Festival de Cannes. En janvier 2014, le film a franchi le cap symbolique du million d’entrées dans les salles françaises.
Mais, en raison de plusieurs scènes de sexe explicites, le long métrage a carrément été interdit dans certains Etats américains, notamment l’Idaho, lors de sa sortie outre-Atlantique. Les autres Etats ont simplement opté pour une interdiction aux moins de 17 ans. Ces scènes sans réserve ont choqué des spectateurs américains. “Assez ennuyeux” pour les uns, “affichage brutal et froid” ou “à la limite du porno” pour les autres.
Mais, malgré une distribution en salles réduite et une interdiction visant le jeune public, le succès a tout de même été au rendez-vous. Comme le souligne Le Figaro, le film a reçu une vingtaine de récompenses outre-Atlantique dont le prix du meilleur film étranger attribué par la société nationale des critiques de cinéma.
Source : L’Express – Hermance Murgue
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