La meilleure façon de pitcher

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le pitch
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Dans sa robe de mousseline rose, Delia Antal écoute, prend des notes quand ça lui “paraît intéressant”. Elle a 31 ans, le regard noisette, roule les “r”, vient de Roumanie. C’est son deuxième Festival de Cannes.

“Mes parents n’avaient pas les moyens de me payer des études de cinéma. En 2004, je me suis installée à Londres, j’ai fait plein de boulots avant de commencer à apprendre le métier de comédienne. Mais je suis aussi réalisatrice et productrice.”

La conférencière est une véritable performeuse. “Qui a déjà pitché avec succès ?” Quelques mains timides se lèvent : Roshanak Behesht Nedjad, dite “Roshy”, sourit. La productrice de la société allemande Flying Moon va avoir du travail.

“Pitcher”, dans le jargon, c’est vendre le scénario d’un film devant un financier. “Vous avez entre trois et cinq minutes pour faire sentir l’atmosphère du film et les personnages, pas plus. N’oubliez pas qu’ici certains enchaînent dix rendez-vous par jour !”, dit-elle.

“Roshy” dégage une énergie rare, livre ses conseils en maniant l’humour, l’autorité et la bienveillance. “Je ne suis pas une productrice qui réussit, mais qui survit. C’est ça mon succès”, sourit-elle, clamant son âge : “over fifty”, plus de 50 ans.

Le synopsis, c’est-à-dire le résumé du film, doit tenir “en une page”. Ce n’est pas la peine de remettre un DVD lors du rendez-vous : “Il y a de fortes chances pour qu’il finisse à la poubelle. Les professionnels ne vont pas ramener chez eux des piles de DVD.”

Delia Antal finit par poser une question : “Comment intéresser un financier quand on fait un premier film, sans acteur connu ? Après tout, les financiers veulent faire de l’argent !” Elle ajoute : “Et nous aussi !” “Roshy” le répète : “Quand on a peu de moyens, ce qui compte c’est le storytelling. Si votre film est retenu dans un festival, il faut foncer, frapper à toutes les portes.”

“Cannes a changé ma vie”

La salle se vide. Delia Antal n’a peur de rien : “Cannes a changé ma vie.” En 2011, elle avait loué “quatre piliers” au Marché du film, pour exposer les affiches de son premier long-métrage, Dora, “sur l’immigration et les discriminations, à Londres. C’est un peu mon histoire”. Les professionnels avaient trouvé le film “trop long”. Elle l’a coupé, retravaillé et remis sur le circuit.

Elle vient aussi présenter un nouveau projet, l’adaptation de L’Ours, de Tchekhov, à l’écran. Ce n’est pas tout. “Je suis venue avec mon équipe, un cameraman et un ingénieur du son italiens. Ils me filment pendant que je rencontre les professionnels. J’en ferai un documentaire.” Elle y croit… Elle doit y aller. Où ca ? Pitcher, bien sûr.

Source : Le Monde – Clarisse Fabre

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