Réflexion d’Antoine Simkine, producteur LES FILMS D’ANTOINE

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ANTOINE SIMKINE
ANTOINE SIMKINE
 

Afin d’éliminer la concurrence des produits bio de qualité, Carrefour, Leclerc et Auchan ont signé une convention collective avec la CGT qui s’impose à tous les producteurs agricoles . Ainsi, seules les marques distributeurs survivront. Choquant non ? C’est pourtant à peu près ce qui se passe dans le cinéma.

Aux techniciens qui croient qu’avec moins de films ils seront mieux payés, ils se fourrent le doigt dans l’oeil, car ceux qui bossent déjà pour Auchan, Carrefour et Leclerc (pardon, Gaumont, Pathé et UGC) continueront à le faire et les autres n’auront plus qu’a attendre la fin de leurs assedics spectacle pour se recycler, car il y a plein de films qui ne se feront plus où qui seront délocalisés. D’ailleurs, ceux qui délocalisent le plus sont déjà les plus gros, on le sait bien et ils ne se gêneront pas pour continuer.

Prenons un autre métier à salaire variable : la pèche. Le partage des recettes semble fonctionner assez bien : on monte sur le bateau avec un minimum garanti, quand il revient au port et que les poissons ont été vendus, on déduit l’amortissement du bateau, le cout de l’essence, les frais, etc. et on partage le reste. C’est un salaire minimum garanti avec une prime qui peut être importante. Impossible à appliquer au cinéma, car ça consisterait à renverser la grille des salaires et obliger à un vrai minimum au lieu du “minimum” qui va s’imposer.

Dans le cinéma le salaire “minimum” qu’on veut imposer à tous c’est 4152 € par mois pour une habilleuse et 17028€ pour un chef op + les assedics + les congés spectacles.

Mais oui, c’est vrai, technicien, c’est très précaire et tout le monde n’est pas payé ce prix-là, loin de là. J’ai été intermittent du spectacle pendant très très longtemps, mais j’étais libre de faire les films que je voulais avec qui je voulais au prix que j’acceptais, car je considérais et je considère toujours que ma liberté n’a pas de prix. Ça, c’est terminé. Comme il sera interdit de “s’arranger” et que le risque encouru par le producteur sera fatal, il n’y aura plus de possibilité de faire le film de potes à l’arrache. Et c’est ça qui est stupide.

On comprend que les majors à qui personne ne fait de cadeaux en ont marre d’être essorés par tout le monde, mais on ne comprend pas qu’un gouvernement “de gauche” choisisse de détruire la recherche et développement du cinéma, la création artistique, la diversité et un nombre d’emplois et d’entreprises incalculables.

Comme producteur, je ne gagne plus du tout ma vie aussi bien qu’avant, car ma première variable d’ajustement ce n’est pas les salaires des autres, mais le mien. Mais c’est un choix de vie et j’espère conserver cette liberté de ne faire que les films qui m’intéressent et je suis prêt à faire pas mal de sacrifices pour ça. Seulement, là, maintenant, en France ça va être dur.”

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