“BIENVENUE PARMI NOUS”, un film de Jean BECKER, photographé par Arthur CLOQUET

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ARTHUR CLOQUET ET JEAN BECKER
ARTHUR CLOQUET ET JEAN BECKER
 

“Bienvenue parmi nous” était, pour Jean Becker, la première expérience d’un tournage en numérique, et pour moi la première avec l’Alexa.La méthode de Jean Becker est basée sur le tournage en plan séquence à deux caméras, à l’épaule, en champ/contre-champ d’une manière systématique. Outre le fait de gagner du temps, cela permet aux comédiens de jouer pleinement. D’autre part, cela évite beaucoup de soucis de raccord au montage. Mais si c’est un avantage certain pour la mise en scène et le jeu, cela complique singulièrement le travail du chef opérateur.

Arthur Cloquet, à gauche, et Jean Becker, à droite / Photo Delphine Becker

Néanmoins, ma préoccupation a été de faire en sorte qu’il n’y ait pas de difficulté ou de contrainte particulière liée au numérique. Ainsi, Jean pouvait travailler sans modifier quoi que ce soit dans son approche et il a particulièrement apprécié de ne pas être limité en consommation de pellicule.

Il abordait ce nouveau support avec le sentiment largement répandu qui laisse à penser que l’on peut travailler sans lumière du fait de la sensibilité de la caméra (Alexa = 800 ISO) et traiter l’image a posteriori sans limite. Il a fallu tempérer un peu ces idées. D’ailleurs le mauvais temps, dont nous avons subi les caprices à plusieurs reprises, a rappelé la réalité : faire la lumière d’un film, c’est créer une atmosphère qui n’est pas nécessairement celle qui prévaut le jour du tournage. Le numérique permet de diminuer un peu les puissances en intérieur, mais par exemple, il faut bien équilibrer les intérieurs et les extérieurs. Or, dans ce film, beaucoup de décors comportent des découvertes sur l’extérieur avec des ouvertures.

Au cours de la préparation, j’ai été tenté par le format RAW. Mais très vite j’ai compris que ce choix engendrait une lourdeur au tournage puisqu’il fallait adjoindre un boîtier supplémentaire à la caméra. Sans oublier l’augmentation des temps de sauvegarde, des capacités des disques durs et des coûts de postproduction. Tout cela, pour un gain relativement restreint, ne valait pas la peine et j’ai abandonné l’idée.

Quant au tournage, il y a deux aspects, qui ne sont pas liés à l’Alexa, qui ont posé quelques difficultés :

– La diffusion des images sur le plateau en HD n’est pas résolue. C’est plutôt une régression par rapport à l’argentique. A ma connaissance, nous ne disposons pas de système vraiment fiable de transmission par HF. J’avais déjà expérimenté le procédé par WiFi de ” Cam Wave ” en studio qui s’était, alors, avéré assez efficace.

J’avais entendu parler d’une nouvelle version plus performante encore. Nous l’avons testée au cours des essais de comédiens mais, très vite, nous avons eu des problèmes. Chaque micro-coupure de transmission générait un nouveau fichier. Il n’était plus possible de regarder les plans correctement. Et c’est en désespoir de cause que nous avons fonctionné sur tout le film avec des câbles. C’est un aspect important car nous n’avons plus la liberté à laquelle nous nous sommes habitués.

– Averti par mes assistants, j’ai découvert les distorsions liées au filtrage en IRND (Densité Neutre + Infra Rouge). Nous avons effectué de nombreux tests sur des vêtements noirs ou très sombres, de diverses matières et il est apparu, qu’effectivement, il était souhaitable d’utiliser des filtres IRDN. Mais quand précisément faut-il les utiliser ? Là est la question.

En effet, c’est seulement à partir d’un certain seuil (au moins trois diaphragmes) ; mais pas uniquement. Cela dépend aussi de la nature de la lumière, il faut du soleil. Alors quand on se lance dans une scène avec du soleil, il arrive que le niveau soit élevé et ce, malgré les fausses teintes. Le filtrage ne donne pas les mêmes résultats ; et j’ai éprouvé des difficultés à raccorder des plans à cause de légères distorsions qui modifiaient le rendu des peaux.

Mais au-delà de tous les petits problèmes qui ne manquent pas d’agrémenter le tournage d’un film, quel que soit le format, cette expérience a été très positive, le rendu de l’image obtenue me satisfait et la caméra m’a totalement séduit. L’ergonomie, la simplicité et la fiabilité font de cette caméra l’égale des caméras argentiques.

Je crois pouvoir dire que Jean Becker a été heureux de cette expérience et que nous avons obtenu les images recherchées.

Nous vivons une période charnière que l’on pourrait comparer à d’autres dans le passé (ex. : l’arrivée du son, de la couleur). Evidemment il y a des surprises, quelques problèmes, mais aussi des avancées. Je crois que c’est une chance et j’ai beaucoup de plaisir à participer à cette formidable aventure.

Tourné à Paris et région, Arçais (marais Poitevin), La Rochelle, et à l’île d’Oléron.

Durée : 1h30

Distribué par Studio Canal

Tourné en numérique, projection en DCP

Le film a été tourné à 2 caméras en permanence

Casting : Patrick CHESNAIS, Jeanne LAMBERT, MIOU-MIOU

Sortie en salles : 13 juin 2012

Source : AFC – Juin 2012

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