Selon cette enquête, conduite de septembre 2011 à janvier 2012, sur 451 producteurs entrants (1er et 2e films) entre 2006 à 2010, 200 ont cessé la production (soit 44%).
Chaque année, la France voit la production de 200 films environ, dont une moitié sont des premiers ou deuxièmes films de réalisateur. Parmi ceux-ci, l’an dernier, sur 207 films, 95 étaient aussi le premier ou deuxième film de leur producteur.
Dans le détail, sur 112 nouveaux producteurs en 2006 (année record) 37 n’ont plus rien produit ensuite et en 2010, sur 84 producteurs entrants, 59 n’ont plus rien produit au-delà.
“On compte environ 500 producteurs en France. Depuis deux ans surtout, la profession de producteurs s’est beaucoup diversifiée et les entrants viennent de parcours très différents”, indique Anne Bourgeois, déléguée générale du festival.
La tendance est surtout nette depuis 2006 et aurait été encouragée, estime-t-elle, par la suppression en 2009 de la carte professionnelle instituée par le régime de Vichy.
Or, complète Alain Coiffier, producteur notamment de “La Grande Bouffe” et aujourd’hui consultant, “entre la diversité et le bazar, la frontière est ténue”. La carte, juge-t-il, encadrait la profession.
Apocalypse now
Les producteurs sortent des facs de philo, des cabinets d’avocats et parfois de l’ENA, plus rarement d’une école de commerce ou de gestion et près d’un quart (21%) sont “formés sur le tas”.
Et ils se retrouvent à gérer des budgets de plusieurs millions d’euros – 5 à 6 millions en moyenne pour un long métrage.
Mieux vaut donc avoir un minimum de connaissances comptables ou, mieux encore, “avoir travaillé dans le domaine de la production” avant de se lancer, remarque Thierry de Segonzac, président de la Fédération des industries techniques du cinéma (Ficam), qui prépare pour mars les “Etats généraux de la production” en France.
“Autrefois, le cinéma de papa autorisait le coup de folie : un producteur mettait son argent sur la table et s’il en manquait, il hypothéquait sa maison. Le cinéma d’aujourd’hui, c’est de l’ingénierie financière qui impose de respecter une rigueur financière et juridique”, insiste-t-il.
Pour cet expert, on peut réussir de deux façons : “Produire selon un gabarit budgétaire maîtrisé et récolter un succès suffisant pour équilibrer les comptes et gagner en crédibilité – il cite “La Guerre est déclarée”, de Valérie Donzelli, micro-budget d’1,5 million d’euros et maxi-effet (un demi-million d’entrées en trois semaines, plus de 800.000 aujourd’hui).
Ou “être suffisamment crédible et talentueux pour fédérer autour de soi” d’autres moyens financiers (co-producteurs, distributeurs, diffuseurs…).
Car Thierry de Segonzac voit passer ces producteurs dépassés par la folie des grandeurs de leurs rélisateurs, “perdre tout sens des réalités financières et économiques”. Son mantra : “savoir dire non” au débutant qui veut faire “Apocalypse now”.
“La sélection naturelle est violente”, décrypte-t-il. “On peut avoir tous les ingrédients les plus frais pour réussir, encore faut-il avoir le coup de main. Et celui-là, personne ne sait comment on l’attrape. il n’y a pas de recette absolue”.
Source : Le Blog de Jean-Marc Morandini
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