Deux femmes asiatiques, deux destins différents, mais la même passion pour la liberté. La figure de proue de l’opposition birmane, Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix 1991, a passé 15 de ces 21 dernières années privée de cette liberté. Mais jamais elle n’a cédé et, libre depuis un an, elle continue son combat pour la démocratie.
C’est son portrait, et l’histoire d’amour avec son mari britannique, que raconte Luc Besson dans son dernier film, The Lady. Un film dont le projet a été lancé par une autre femme asiatique hors du commun, Michelle Yeoh.
Des cascades comme les hommes
Née en Malaisie, elle a commencé sa carrière dans le cinéma de Hong Kong où elle fut l’une des premières femmes à se montrer à la hauteur de ses partenaires masculins : dans les films d’action de Jackie Chan, elle se bat d’égal à égal avec les hommes et effectue elle-même ses cascades.
Cette femme de caractère sera ensuite James Bond girl auprès de Pierce Brosnan dans Demain ne meurt jamais (1997), mais en brisant encore une fois l’image de la femme asiatique soumise et dévouée à l’homme. Même chose dans Tigre et dragon (2000), qui finira de la rendre célèbre en Occident.
C’est donc tout naturellement qu’elle s’est intéressée à la vie d’une autre femme de caractère, Aung San Suu Kyi, et a proposé à Luc Besson de tourner le film. Interpréter le personnage était également une évidence, pour elle comme pour le réalisateur : « Avant même le tournage, quand on voit à quel point Michelle est habitée par le personnage, on sait qu’elle va faire un travail exceptionnel. Elle était possédée par le rôle. Et non seulement Michelle a l’âge du personnage au moment des faits qu’on relate, mais elle lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Quand elle arrivait le matin sur le plateau, il y avait un silence de mort parmi les 200 figurants birmans autour d’elle qui se demandaient si c’était elle ou pas… »
Le tournage, bien sûr, n’a pas eu lieu en Birmanie. Luc Besson a certes pu filmer en cachette quelques scènes à Rangoun, mais l’essentiel a eu lieu en Thaïlande. Avec d’infinies précautions, en restant secret sur le thème du film, en changeant les noms des personnages (dans ce faux script, le personnage d’Aung San Suu Kyi s’appelait… Bernadette), pour que les autorités thaïlandaises, par crainte d’ennuis avec leur voisin, ne retirent pas leur autorisation de tournage.
Les mêmes images à la télé
Pas de chance, peut-être, pour Luc Besson : c’est au moment où la Birmanie donne les signes d’ouverture les plus importants depuis un demi-siècle que sort son film. Cyniquement, on peut penser que The Lady aurait eu plus d’impact si l’opposante n’avait pas été libérée – mais personne bien sûr ne s’en plaindra.
La question a quand même taraudé Luc Besson puisque, le matin même de la libération d’Aung San Suu Kyi, le 13 novembre 2010, le réalisateur avait tourné la scène d’une de ses deux libérations survenues en 21 ans, celle de 1995. Dans cette scène, « elle franchit un portail en bois, puis monte un escalier et salue la foule qui l’attend. Le soir, en rentrant à l’hôtel, on a allumé la télé et on a vu le même portail et Suu Kyi, habillée quasiment de la même façon, avec les mêmes fleurs dans les cheveux, qui monte et fait les mêmes gestes… »
« On a eu l’impression que quelqu’un nous avait volé les images tournées le matin même », poursuit Besson. « Pendant un court instant, je me suis demandé ce qui se passait et si cela avait du sens de faire le film ». Mais oui, finalement, c’est l’intention qui compte, « c’est l’une des raisons pour laquelle on a fait le film : on voulait dire qu’on n’oubliait pas cette femme, ni son combat ».
Campagne de Jane Birkin
Car il y a des années que la junte militaire birmane avait promis de libérer Aung San Suu Kyi. Avant Luc Besson, d’autres ont mené campagne inlassablement, notamment Jane Birkin après les manifestations de 2007 réprimées dans le sang. The Lady donne envie d’en savoir plus sur cette icône birmane, par exemple en relisant le portrait qu’en fit à l’époque le journaliste belge Thierry Falise dans son livre Le jasmin ou la lune (Ed. Florent Massot), qui fait autorité en la matière.
Aujourd’hui Aung San Suu Kyi est libre de ses mouvements, son parti la LND (Ligue nationale pour la démocratie) a demandé l’autorisation d’être à nouveau légalisé, les autorités ont instauré un pouvoir « civil » dirigé par Thein Sein et le général Than Shwe, qui faisait régner la terreur depuis 1992, est officiellement à la retraite. Depuis quelques semaines, les Birmans ont officiellement le droit de se syndiquer, de faire grève, de manifester dans la rue. Environ 230 prisonniers politiques ont été libérés le mois dernier.
Mais il en reste près de 600 selon la LND, et le chemin est encore long vers la démocratie. C’est donc pour « tester les intentions réelles » du pouvoir qu’Hillary Clinton se rend ce mercredi 30 novembre en Birmanie, première chef de la diplomatie américaine à faire le voyage depuis 50 ans.
Car Aung San Suu Kyi, même si elle a rencontré le nouveau chef de l’Etat en août, ne veut pas baisser la garde. « Usez de votre liberté pour promouvoir la nôtre », dit-elle aux Occidentaux. Pour cela, avec le soutien d’Amnesty International et d’autres organisations, Luc Besson a créé un site internet sur lequel un étonnant « Mur de la liberté » est constitué de centaines de photos dont l’assemblage, comme un puzzle, dessine le visage d’Aung San Suu Kyi, icône de la Birmanie et de la liberté.
Source : http://www.francesoir.fr
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