Guillaume Canet : «Ce succès m’étonne»

0
1701
 

LE FIGARO. – Est-ce que le succès des Petits Mouchoirs vous surprend?

Guillaume CANET. – Il m’étonne totalement. Et me ravit aussi, comme vous pouvez l’imaginer. Ce scénario, je l’ai écrit en cinq mois. Il dit des choses qui me sont très personnelles. Ce qui me ­sidère, c’est de constater qu’un sujet aussi intime, qui m’appartient, soit compris par autant de monde en si peu de temps. Les gens que je croise dans la rue me ­disent souvent qu’ils se sont ­immédiatement identifiés à tel ou tel personnage. Et me disent que c’est ce qu’ils ont envie de ressentir en ce ­moment au cinéma. Finalement, le message du film, je m’en rends compte après coup, c’est que ça fait du bien de ne plus se masquer les choses. Ça fait du bien de dire la vérité autant à soi qu’aux autres !

L’omniprésence des textos dans votre film est-elle volontaire?

Oui. En mettant en scène le ­personnage joué par Laurent Laffitte, qui passe son temps à écrire des SMS pour recon­quérir sa Juliette, j’ai voulu insister sur le phénomène. Les textos sont enva­hissants, ils m’apparaissent comme la meilleure et la pire manière de communiquer rapidement. Avec eux, on se dit tout… et rien. Ils sont pour moi une ­manière métaphorique de ­notre mode de vie à cent à l’heure. On s’habitue à se dire des choses extrê­mement importantes en peu de mots au lieu de ­prendre le temps de développer et aussi d’écouter l’autre. On bâcle tout.

Que veut dire le titre de votre film?

Il signifie qu’à force de vouloir cacher ce qui nous engage sous un mouchoir on finit par passer à côté des vraies choses de la vie. Je me souviens avoir passé une semaine de vacances entre amis. De peur d’aborder des sujets qui pouvaient blesser, j’ai laissé s’installer une relation plate et sans profondeur. Par de telles omissions, non-dits ou mensonges, on perd ce qui fait la richesse de notre intimité, de nos sentiments. A priori, je ne voyais pas quelque chose de religieux dans mon film, ni dans cette métaphore des petits mouchoirs. Mais un de mes amis qui vit en Afrique m’a fait une remarque pertinente. Il a comparé Jean-Louis l’ostréiculteur à un griot africain, ce gardien responsable de la tradition orale, musicale et religieuse d’un village par qui les membres de la communauté se transmettent la poésie, la musique et la spiritualité de leur société.

Depuis les films de Claude Sautet, croyez-vous que l’amitié ait évolué?

Depuis les années 1970, la femme a pris une place nouvelle et l’homme gagné en fragilité. Beaucoup de quadragénaires d’aujourd’hui sont des grands enfants. Certaines publicités nous les montrent en train de jouer à des jeux vidéo, par exemple. Cela n’aurait pas pu être le cas des personnages de Sautet. De même, ils n’entretenaient avec leurs femmes que des rapports très machos ! De manière générale, sans l’avoir vraiment voulu, mon film dresse le constat d’une société qui devient égoïste. Cela me fait peur. Je relève avec inquiétude une sorte de frénésie des gens à vouloir à tout prix ne vivre que des moments formidables ! L’aboutissement, c’est le règne de l’individualisme forcené.

Source : Le Figaro – Olivier Delcroix

Si vous voulez connaître le calendrier de mes sessions de formations, allez sur Dirprod Formations.
Mes principales formations :
Créer sa boîte de prod !
Produire un documentaire pour la télé.
Directeur de production pour le cinéma, les indispensables.
Directeur de production en fiction télé, les indispensables.