Un calvaire logistique pour faire revivre “Ao, le dernier Neandertal”

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Ao, le dernier Neandertal
Ao, le dernier Neandertal
 

Quatre heures quotidiennes de maquillage, un tournage à moins 20 degrés et pire dans la plaine ukrainienne et une langue réinventée à maîtriser, c’était le prix à payer pour faire revivre “Ao, le dernier Neandertal”, rayé de la carte il y a 30.000 ans.

“Si j’étais vous, je n’irais pas”, répétait à ses acteurs le réalisateur, Jacques Malaterre, qui a refusé sur son tournage les effets spéciaux et la 3D pour ne tourner qu’en décors naturels, avec de vrais animaux – vrais chevaux, vrais bisons – à l’exception des abeilles.

“Je n’ai jamais voulu faire un documentaire, mais il était indispensable de donner une toile de fond réaliste à la fiction. Et je crois que le spectateur ressent cette vérité”, explique-t-il à l’AFP à la veille de la sortie, mercredi, de son épopée préhistorique qui donne à voir le quotidien de ce lointain ancêtre.

“Les seules scènes tournées en studio sont celles avec le bébé”, raconte-t-il.

En amont et sur le tournage, Jacques Malaterre s’est entouré des meilleurs spécialistes, conseillé notamment par Marylène Patou-Mathis, spécialiste en paléontologie humaine au CNRS.

L’ours qu’affronte Ao, il l’a cherché partout avant de trouver Agie, une ourse blanche de 600 kilos, à Vancouver, au Canada. “C’est la seule au monde qui travaille en plein air, mais elle reste excessivement dangereuse”, insiste-t-il.

Quand elle est arrivée à La Bourboule, dans le Massif central – censé figurer un paysage sibérien sans forêt – elle a passé trois semaines pour s’acclimater, “avec son dresseur et quatre assistants, sa piscine privée pour ses deux bains quotidiens et ses 30 kilos de saumon frais par jour”.

Ensuite, Agie n’est sortie de sa cage que pour tourner, avec tout autour d’elle, des assistants armés de seringues hypodermiques. Au cas où.

Les acteurs, qu’il jette dans le froid en Ukraine ou dans les marais en Camargue, Jacques Malaterre les a trouvés en Angleterre. Simon Paul Sutton, un comédien venu du théâtre underground est Ao ; Aruna Shields, mannequin et star à Bollywood, joue Aki, la “sapiens”.

“Les acteurs devaient abandonner leur ego, parce qu’on allait pas les reconnaître sous le maquillage, et accepter de tourner dans des conditions extrêmes”, reconnaît Jacques Malaterre. “Je leur disais: +Je serais vous, j’irais pas. Mais si vous acceptez, vous ne le regretterez pas+”.

Avec les 200 figurants recrutés en Bulgarie, ils ont été priés d’entretenir des corps impeccables – Neandertal ignorait les poignées d’amour – et de supporter, chaque matin, la pose des prothèses en silicone. Pendant quatre mois, avant même le début du tournage, ils ont travaillé l’attitude de Neandertal pour l’intégrer, avec son centre de gravité plus bas, ses bras plus longs, sa démarche plus balancée et plus voûtée.

“J’avais toujours un assistant qui contrôlait les figurants, quand, moi, je regardais les rôles principaux. Anachronique, même en arrière-plan, le film préhistorique devient aussitôt comique”, explique le réalisateur.

Restait le langage, imaginé avec des chercheurs en s’inspirant des langues nomades, qui traduisent encore les transhumances de Neandertal des rivages méditerranéens à la Sibérie, à la poursuite des troupeaux. Après quatre mois de répétition, ce langage de Neandertal a fini par devenir l’esperanto du tournage.

“Certains soirs, épuisés, des acteurs s’endormaient avec leur maquillage”, note Jacques Malaterre.

Mais deux ans et 14 millions d’euros plus tard, il se félicite d’avoir rendu justice à Neandertal. “Pendant 400.000 ans, résume-t-il, ces gars-là, ces chasseurs, ont eu pour seul objectif de rester en vie et de la transmettre”.

Copyright © 2010 AFP – Anne CHAON

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