Alain Corneau , le réalisateur de Tous les matins du monde et du Deuxième Souffle vient de s’éteindre à 67 ans

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Alain Corneau est arrivé au cinéma un peu par accident. C’est en tout cas ce qu’il laissait entendre dans son film autobiographique (et un peu mièvre), Le Nouveau Monde. A l’origine, Corneau ambitionnait en effet de devenir jazzman, batteur plus exactement. Ayant grandi aux abords d’une base militaire, il avait été contaminé par le virus du jazz et sa passion de la musique . Ce n’est pas anodin pour un cinéaste. Et c’est sans doute ce qui explique son sens inné du rythme et du tempo dans ses montages, la musicalité de la langue (ré-ECOUTEZ Série Noire et ses dialogues ciselés) et l’extraordinaire beauté de ses bandes-sons.

Mais de cette proximité avec la base militaire il gardera surtout une fascination pour la culture US. Il découvre avant tout le monde les mythes américain : les chewing-gums, les Zippo, les belles bagnoles. Et si le virus du cinéma fut le plus fort (Corneau suivit les cours de l’Idhec au milieu des années 60) le réalisateur fut profondément marqué par le cinéma américain. Toute sa carrière peut d’ailleurs se lire comme une tentative de rénover les genres US depuis la France.

Alain Corneau s’attaqua d’abord au polar, son genre fétiche. Des films comme Série Noire, Police Python 357 tentaient ainsi de retrouver la nudité, l’horreur et surtout le baroque du fait divers local tout en échappant aux pièges du clichés et du code. Ces films, puissants, marmoréens, étaient magistralement interprétés ( Patrick Dewaere et Bernard Blier dans Série Noire , Montand dans Police Python) et valurent à son auteur un statut de grand directeur d’acteur. Fidèle et attentionné, il sut diriger comme personne des monstres sacrés comme Depardieu et Montand dans Le choix des armes qui frappait par sa violence inédite et la rencontre de deux univers que tout semblait opposer.

En 84, Fort Saganne marqua une profonde rupture dans sa filmographie : après le polar, il se frottait au film d’aventure et tentait de signer son Lawrence d’Arabie . Evidemment le film n’arrivait pas à la cheville de son modèle, et Fort Saganne a aujourd’hui beaucoup vieilli. Mais le film qui rassemblait tout le gratin du cinéma français (et qui fut l’un des plus chers de l’époque) reste son plus grand succès public. Et surtout, une pierre noire de sa filmographie. Comme si Fort Saganne avait radicalement transformé le cinéaste, sa carrière va alors se transformer, et Corneau alternera films intimistes et épopées aventureuses, bide commerciaux et blockbusters… Après avoir oeuvré dans un genre, Corneau se spécialisait donc dans l’éclectisme : il signera ensuite un film sur la viole de gambe ( Tous les matins du monde qui révéla Guillaume Depardieu ), la quête existentielle d’un homme qui se perd en Inde ( Nocturne Indien avec Jean-Hugues Anglade ), un polar ultra réaliste ( Le cousin ) ou une adaptation d’ Amélie Nothomb sur l’horreur du monde du travail ( Stupeur et tremblements ).
Il était revenu récemment à son genre de prédilection, le polar avec Le Deuxième souffle , remake homonyme du fameux film de Jean-Pierre Melville . Boursoufflé, parfois trop artificiel, le film avait des défauts, mais brillait par son savoir-faire et surtout deux qualités qui ressemblaient à son auteur : l’audace et un respect absolu des grands classiques US.

Alain Corneau qui vivait avec Nadine Trintignant , laissera un vide dans le cinéma et surtout la cinéphilie française.

14h51 : Alain Corneau, l’un des grands noms du cinéma français, est mort dans la nuit du 29 au 30 août à 67 ans dans un hôpital parisien des suites d’une longue maladie. D’abord spécialisé dans le film noir et le polar ( Police Python 357 et Série Noire marquèrent les débuts du cinéaste), Alain Corneau a ensuite réalisé des épopées qui rencontrèrent un plus vaste public ( Fort Saganne , Le Prince du pacifique ), mais c’est Tous les matins du monde qui lui fit rencontrer définitivement le succès. Cette fresque épique allait remporter 7 César en 1992 (dont celui de meilleur film, de meilleur réalisateur et de meilleure actrice dans un second rôle pour Anne Brochet ) et asseoir définitivement sa réputation de cinéaste populaire.

Source : Première

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