Yann Arthus-Bertrand l’affirme : “On ne veut pas culpabiliser les gens et, de toute façon, il est trop tard pour être pessimiste.” Reste que son dernier film, Home , est un message d’urgence. L’histoire d’une espèce – l’homme – arrivée il y a 200.000 ans, plus intelligente que les autres, mais dont l’activité met en péril un équilibre de 4 milliards d’années. Voilà pour le ton, résolument militant et dont le poids est encore renforcé par la dramaturgie, la bande-son et une voix off aux accents didactiques. En l’occurrence, pour la France, celle de l’acteur Jacques Gamblin.
Entièrement tourné du ciel dans plus de 50 pays, le film frappe évidemment par son esthétisme, celui qui a fait la popularité de Yann Arthus-Bertrand. Magnifiées par l’oeil du photographe, les images les plus chargées en menace sont souvent les plus belles. “Vu du ciel, on est toujours plus loin de la réalité et du laid.” Mais, plus que l’esthétisme ou le message – “on dit des choses que tout le monde sait mais qui n’avaient pas été dites ainsi, de manière globale” -, la singularité du film réside avant tout dans son mode de diffusion massive qui en fait un évènement cinématographique d’une ampleur sans précédent. À la mesure de la catastrophe qu’il dénonce.
Home est d’abord un rendez-vous citoyen planétaire, fixé au vendredi 5 juin, Journée mondiale de l’environnement. Et pour toucher le plus grand nombre, Yann Arthus-Bertrand a fait la gageure de sortir le film simultanément sur les cinq continents et sur tous les supports ; cinéma, télévision, Internet et DVD. Pari réussi, grâce à la force de frappe de Luc Besson, coproducteur du film avec Denis Carot. Difficile de bouleverser ainsi la chronologie des médias, au premier rang desquels les exploitants de salles de cinéma et les distributeurs de DVD qui tiennent à leurs prérogatives. “C’était d’autant plus difficile que la chronologie est différente selon les pays. En France, le Centre national du cinéma a donné son accord notamment parce que nous proposons une version plus longue dans les salles et que les commentaires et les voix off sont différents”, explique Luc Besson. De quoi justifier de payer le ticket d’entrée quand le film sera au même moment accessible sur France 2 ou sur le Web.
Home est sorti le 5 juin ( le regarder gratuitement ici pendant dix jours ) donc dans plus de 70 pays, sur tous les écrans et quasi gratuitement. Une première dans l’histoire du cinéma ; le réalisateur Steven Soderbergh avait déjà tenté l’expérience de la diffusion simultanée avec Bubble (2006) mais de manière payante. Sur le Net, le géant Google s’est associé à l’aventure en créant une chaîne ad hoc sur YouTube accessible en plusieurs langues. Le film sera alors disponible en streaming ou en téléchargement gratuit. Dans les salles, la production renonce à ses bénéfices pour encourager les exploitants à abaisser le prix du ticket jusqu’à 2 euros. “On ne connaît pas encore le nombre exact de salles qui projetteront le film en France. On mise sur 80 sites stratégiques”, avoue Luc Besson. “Nous demandons au moins une journée de projection, plus s’ils le veulent.” À échelle internationale, des projections gratuites seront organisées dans plusieurs villes.
Fruit de trois ans de travail et de 500 heures de rush, Home n’est donc pas une opération lucrative. “Le premier revendeur français de DVD [la Fnac, ndlr] distribuera Home à prix coûtant”, assure François-Henri Pinault. Et pour cause. L’engagement de PPR va plus loin encore, le groupe de luxe ayant investi 10 millions sur les 12 millions du budget du film. Conscient des critiques auxquelles PPR s’expose – “Oui, nous faisons partie d’une chaîne qui pollue” -, le groupe insiste sur son implication en faveur de l’environnement depuis “dix ans déjà”. “Si les entreprises comme les nôtres ne s’occupent pas de ça, je ne vois pas comment on va s’en sortir”, explique François-Henri Pinault en disant vouloir “donner du sens [aux] affaires”. Un sens citoyen donc, et ceci, au-delà du 5 juin.
Source : Le Point
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