Y’a que la vérité qui compte est l’ex-talk-show phare de TF1 dans lequel des anonymes recevaient une invitation d’une personne dont ils ne connaissaient pas l’identité. Parachuté sur le plateau, ils découvraient un père disparu depuis dix ans, un amour d’enfance… Oren Nataf et Isabelle Friedman ont exploré durant cinq mois les coulisses de l’émission aux 3 millions de spectateurs et ont suivi les deux animateurs fleurons du PAF, Pascal Bataille et Laurent Fontaine. Aucun commentaire n’est fait par les deux réalisateurs, qui filment sans a priori.
20 Minutes de bonheur, une forme de Strip-tease amélioré, pourrait fustiger les deux amuseurs publics de se repaître du malheur des autres, mais l’histoire est plus compliquée et les hommes ambivalents. Evidemment, on assiste à quelques scènes surprenantes, comme lorsque Bataille déclare : «Je ne veux pas d’homos facilement identifiables sur le plateau, ça ne va pas convenir à notre public homophobe.» Le producteur reproche à l’une des journalistes de ne pas avoir pénétré la chambre d’une invitée afin d’y chercher des anxiolytiques sur sa table de chevet. Fontaine réclame du «bon client». Le réalisateur de l’émission, Serge Richez, égrène quant à lui des propos hallucinants tels qu’«il faut éviter que les spectateurs aient à produire un effort de compréhension, sinon c’est foutu». La production abuse d’une méthode bien connue pour faire venir les récalcitrants ou les plus fragiles : la persuasion par la flagornerie. Finalement, les invités ne sont pas dupes et l’un deux déclare dans un éclair de lucidité : «Vous passez de la crème, mais c’est bien connu, ça fonctionne comme à la TV !» Pourtant, on est quelquefois surpris de la sincérité naïve avec laquelle les journalistes semblent ne pas douter du bien fondé de leur démarche. Les plus candides – ou fous ? – sont même convaincus des vertus thérapeutiques du procédé.
Jugeant le film peu flatteur, Bataille, Fontaine et huit autres salariés de l’émission ont tenté d’empêcher la diffusion de ce film en entamant une procédure judiciaire au titre du droit à l’image. Ils ont perdu.
20 Minutes de bonheur d’Oren Nataf et Isabelle Friedman. Sortie en salles le 17 septembre 2008
Source : Hermine Mauzé – Libération
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Vous ne verrez pas ce film à la télévision. Vous avez même failli ne pas le voir du tout. Il faut dire que le sujet est explosif. Jugez plutôt : les coulisses, les trucs et les subterfuges de feue l’émission « Y’a que la vérité qui compte », de Bataille et Fontaine, sur TF1. Pendant plusieurs mois, deux réalisateurs, Oren Nataf et Isabelle Friedmann, ont donc filmé les coulisses de cette émission. Furieux du résultat, Bataille et Fontaine ont tenté de le faire interdire : sans succès. A l’époque, nous avions suivi de près ces péripéties. La censure des chaines de télé a été plus discrète, mais plus efficace : pas une n’a accepté de le diffuser. Le film, « 20 minutes de bonheur », sort donc dans quelques (rares) salles de cinéma. C’est un excellent document sur les recettes de fabrication d’une émission de la télévision grand public. Son histoire est aussi passionnante que le film lui-même. « Si Bataille et Fontaine ne nous avaient pas attaqué en référé, le film ne serait jamais sorti » nous raconte drôlement Oren Nataf, sur notre plateau.
Source : La gazette d’@rrêt sur images, n° 38