FRANCE TELEVISIONS / LES RECOMMANDATIONS DU CSA

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EXTRAITS

L’annonce faite par le Président de la République, le 8 janvier dernier, de la suppression de la publicité sur les chaînes du groupe FRANCE TELEVISIONS a posé, en de nouveaux termes, le débat, qui portait, depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, sur le financement mixte du secteur public audiovisuel et sur ses conséquences pour le contenu des programmes proposés par celui-ci.

Cette suppression ne devrait pas avoir d’incidence sur le nombre de chaînes publiques, le Gouvernement ayant affirmé que la réforme se ferait à périmètre constant, dans la mesure où l’offre de ces chaînes répond à leurs missions et se distingue suffisamment de celle des chaînes privées.

La rupture annoncée dans le financement des chaînes du service public soulève la question d’une redéfinition des missions qui leur sont dévolues et celle de la clarification du positionnement éditorial de chacune d’elles.
Afin d’étudier l’ensemble des implications de la décision de supprimer la publicité sur les chaînes publiques et de proposer des solutions concrètes en termes de financements et de projets éditoriaux, le Président de la République a installé, le 19 février, la “commission pour la nouvelle télévision publique”, présidée par M. Jean-François COPE et composée de seize parlementaires et dix-sept professionnels.

Pour sa part, le Conseil a décidé de mener une réflexion qu’il a axée principalement sur les contenus proposés par le secteur public avec en arrière-plan la question du modèle économique. Cette réflexion a porté sur l’articulation des textes applicables aux programmes du groupe FRANCE TELEVISIONS ainsi que sur l’évolution des lignes éditoriales des chaînes publiques.

Il a associé étroitement, à chaque étape de sa réflexion, les représentants de FRANCE TELEVISIONS. Après avoir entendu son président le 23 janvier dernier, il a organisé, dans le cadre de trois réunions du groupe de travail “Télévision publique”, l’audition de représentants du groupe public, notamment le directeur général chargé des antennes, du développement et de la diversification, M. Patrice DUHAMEL, le directeur de l’harmonisation et de la programmation, M. Thierry LANGLOIS, et les directeurs généraux de chaque chaîne.

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La réflexion du Conseil, qui a fait l’objet de plusieurs examens en assemblée plénière, le conduit à réaffirmer certains principes, qu’il juge inhérents aux programmes du secteur public :

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. L’objectif du rassemblement d’un large public, en s’assurant de son niveau de satisfaction

. Le Conseil rappelle l’objectif assigné dans la loi aux chaînes de FRANCE TELEVISIONS de s’adresser à l’ensemble des publics, sans pour autant négliger ceux qui, aujourd’hui, ne sont pas considérés comme des cibles publicitaires privilégiées. Les chaînes publiques doivent donc se fixer comme priorité d’amener le plus grand nombre à apprécier leurs programmes les plus ambitieux, avant même de chercher à satisfaire un public précis qui serait déjà acquis.

Dès lors, le Conseil considère qu’une programmation qui serait consacrée à un seul genre de programmes sur un canal plein ne remplirait pas cet objectif, quand bien même l’audience potentielle serait importante.
Dans le cas particulier des émissions destinées à la jeunesse, cet objectif de fédérer un large public conduit le Conseil à estimer nécessaire, afin de proposer à chaque tranche d’âge composant le jeune public des programmes adaptés et diversifiés, de développer une offre complémentaire avec la présence de programmes conçus pour lui sur chaque antenne du groupe.

Pour s’assurer du niveau de satisfaction du public, le Conseil préconise de développer les outils qualitatifs qui revêtent une utilité particulière pour les chaînes publiques puisqu’elles doivent composer leur grille selon des impératifs parfois contradictoires. Le lancement par FRANCE TELEVISIONS, en janvier 2008, d’un baromètre de qualité des programmes répond à cette nécessité d’élargir le champ de l’observation en donnant un autre indicateur de jugement que l’audience pure, mais ne constitue pour le Conseil qu’une première étape d’une démarche à approfondir.

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. La nécessité pour le secteur public de proposer l’ensemble des genres de programmes

. Le Conseil récuse une conception du service public qui le limiterait à proposer une offre complémentaire des chaînes privées. Un objectif de stricte complémentarité risquerait de réduire la place du service public au fur et à mesure que l’offre des chaînes privées évoluerait et se diversifierait.

Au contraire, le Conseil tient à réaffirmer le principe de la liberté éditoriale pour les chaînes publiques. Ainsi, aucun genre de programmes ne doit par nature leur être interdit. C’est la manière de traiter les thèmes qui doit “signer” le service public.

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. Le choix d’une définition claire des missions des chaînes publiques plutôt que d’obligations trop quantifiées

. Les missions de service public assignées aux chaînes publiques ne doivent pas se traduire par une simple quantification de leurs obligations, mais par la qualité des programmes qui doit refléter clairement leur spécificité et leur différence par rapport aux chaînes privées. Ainsi, il convient que les chaînes publiques se distinguent des chaînes privées par une approche qualitative, qui permette, pour chacune d’elles, de rechercher et d’affirmer sa tonalité par rapport à l’offre privée.

Dès lors que la mission de chaque chaîne publique sera clairement définie, le Conseil estime nécessaire de laisser aux dirigeants de FRANCE TELEVISIONS une grande latitude dans la mise en oeuvre de cet objectif éditorial, en évitant que le cahier des missions et des charges ne soit rédigé comme un catalogue d’obligations spécifiques ou quantifiées.

Si FRANCE 2 et FRANCE 5 sont clairement identifiées, la programmation de FRANCE 3 et FRANCE 4 semble moins lisible pour le public, soit parce que leur ligne éditoriale est mal définie, soit parce que leur positionnement réel ne correspond pas pleinement à leur mission.

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. FRANCE 2 et FRANCE 5 : des chaînes identifiées dont les positionnements éditoriaux méritent d’être accentués

. . FRANCE 2 : confirmer sa place de première chaîne généraliste publique

. . Le Conseil accrédite l’idée d’une chaîne « premium » dont le positionnement correspond d’ores et déjà à celui de FRANCE 2, donnant une large place à des programmes exclusifs, inédits ou ayant un caractère événementiel, susceptibles de rassembler un très large public.

Actuellement, la programmation de FRANCE 2 se caractérise par :

. la présence de tous les genres de programmes d’une chaîne généraliste nationale d’envergure : information ; magazines et documentaires ; fiction cinématographique ; fiction télévisuelle ; sport ; divertissement, musique et spectacle ; émissions pour la jeunesse ;

. de nombreux programmes ambitieux en première partie de soirée : premier diffuseur national gratuit de fiction EOF inédite ; case mensuelle dédiée aux documentaires ; action volontariste de retransmissions de spectacles ; magazines politiques réguliers que la chaîne est la seule généraliste à programmer hors période électorale ;

. beaucoup de jeux, séries européennes ou étrangères et magazines composent la programmation de journée en semaine. Il convient toutefois de noter les efforts de FRANCE 2 pour renforcer cette offre, avec la diffusion de fictions françaises inédites à 18 heures – “Préjudices”, puis à compter de janvier 2008, “Cinq Soeurs” – .

Le “virage éditorial” entrepris par FRANCE 2 doit être encore accentué pour qu’elle se positionne comme “la première chaîne généraliste publique”. A cette fin, elle conserverait une programmation incluant tous les genres de programmes et accorderait une grande place à l’information nationale et internationale. Le caractère inédit, exclusif et événementiel de son offre devrait être souligné dans sa ligne éditoriale, afin d’en faire la vitrine de FRANCE TELEVISIONS, et se traduire par une action particulièrement ambitieuse en faveur de la création audiovisuelle et cinématographique. L’objectif de FRANCE 2 serait donc à la fois de rassembler le public le plus large et de susciter l’intérêt de tous les téléspectateurs.

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. . FRANCE 5 : donner davantage d’ampleur à sa mission de chaîne de la connaissance et de l’accès au savoir

. . Depuis sa création, FRANCE 5, alors dénommée LA CINQUIEME, est la chaîne de la connaissance et du savoir. La programmation de FRANCE 5 répond de façon satisfaisante à ce positionnement, avec la diffusion, d’une part, de magazines et documentaires aux thématiques particulièrement éclectiques – 75 % de l’offre – et, d’autre part, d’émissions d’animation pour les enfants – 17 % – .

Cette programmation ne permet plus cependant à FRANCE 5 de conquérir de nouveaux publics.
Afin de remédier à cette difficulté, notamment en première partie de soirée, la chaîne pourrait diversifier son offre sans pour autant se transformer en une chaîne généraliste.

Le Conseil souhaite que soit conservée la définition de la ligne éditoriale actuelle de FRANCE 5 en favorisant l’accès au savoir, à la connaissance, à la découverte. La chaîne pourrait toutefois diversifier sa programmation en recourant à plus de genres que la fiction, les magazines et les documentaires. Le Conseil encourage l’utilisation par la chaîne de tous les nouveaux supports de communication et le renforcement de son rôle dans l’éducation à l’image et aux médias.

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. . FRANCE 4 : accentuer la capacité d’innovation et la place donnée aux nouveaux talents

La programmation de FRANCE 4 répond aux obligations fixées à cette chaîne, qui a notamment développé une offre culturelle originale, avec la diffusion de plus de cent spectacles vivants par an – musique, théâtre, humour – et d’une demi-douzaine de magazines, pour beaucoup consacrés aux musiques actuelles.

S’agissant de sa deuxième fonction, qui est d’assurer une rediffusion des programmes du service public, le Conseil, s’il estime très souhaitable une meilleure circulation des oeuvres entre les chaînes du groupe public, considère comme dépassé le fait de l’ériger en attribution spécifique d’une chaîne. Les nouveaux moyens de diffusion, notamment la télévision de rattrapage, permettront en effet de répondre de manière plus adaptée aux besoins du public.

En outre, le Conseil remarque que la stratégie de rediffusion de FRANCE 4 ne semble pas bénéficier prioritairement aux fictions produites ou coproduites par le service public, mais plutôt à des oeuvres étrangères.
Aujourd’hui, FRANCE 4 attire des téléspectateurs plus jeunes que ceux des autres chaînes de FRANCE TELEVISIONS. C’est un atout important dans la conquête de téléspectateurs, qui, familiarisés plus tôt avec le service public, seraient davantage incités à regarder régulièrement les autres chaînes du groupe. Néanmoins, le Conseil estime que la volonté de séduire ce public doit d’abord résulter de choix éditoriaux. Il souhaite donc que FRANCE 4 marque sa différence par l’attention portée aux cultures, aux expressions et au monde contemporain, plutôt que par la volonté de cibler une catégorie précise de téléspectateurs. La chaîne peut être aussi un lieu d’accueil pour des formats et des écritures très innovants, pour des oeuvres émanant de nouveaux talents, pour des contenus marqués par l’originalité et l’inventivité.

Le Conseil constate que l’action ambitieuse de FRANCE 4 en faveur de la retransmission de spectacles et de magazines culturels s’est portée prioritairement sur la tranche 18 heures / 23 heures au détriment de la programmation de journée, constituée essentiellement de rediffusions de fictions. Ces rediffusions, qui sont principalement composées de séries françaises ou étrangères déjà diffusées sur les autres chaînes publiques, ont comporté, en 2007, pendant huit mois, des séries d’animation pour un volume d’environ 500 heures. Plus de 72 % de cette offre d’animation, majoritairement proposée l’après-midi, était constituée de mangas étrangers. Cependant, FRANCE 4 est la seule chaîne publique à ne pas clairement identifier, dans sa grille, des cases de programmes destinés à la jeunesse.

Le Conseil souhaite que soit examinée la possibilité de mieux identifier l’offre destinée aux adolescents et de l’étoffer, dans la programmation de journée de FRANCE 4. En effet, les programmes de FRANCE TELEVISIONS destinés à ce public se concentrent actuellement dans les émissions jeunesse de FRANCE 2, proposées, en période scolaire, les mercredi, samedi et dimanche matin.

Par ailleurs, plusieurs pays européens ont fait le choix au sein de l’offre publique de proposer des contenus spécifiquement conçus pour le jeune public. Dans certains cas, notamment au Royaume-Uni, il s’agit de canaux partagés qui proposent, en journée, des programmes pour les enfants – CBEEBIES et CBBC – et, en soirée, des programmes s’adressant à l’ensemble des téléspectateurs – BBC 3 et BBC 4 – .

Le Conseil souhaite une clarification de la ligne éditoriale de FRANCE 4, dont le positionnement devrait être redéfini prioritairement par le renforcement de la spécificité culturelle de la chaîne et de sa capacité d’innovation et d’éclectisme. Cette évolution suppose une programmation diversifiée, favorisant l’exposition et l’apparition de nouveaux talents et de nouveaux formats de programmes. La ligne éditoriale pourrait être complétée en journée par une offre étoffée et bien identifiée destinée aux adolescents.

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. . FRANCE 3 : rechercher un positionnement plus précis autour de trois axes : le développement de l’information régionale ; la place donnée à la citoyenneté ; la mise en valeur du patrimoine audiovisuel

Le positionnement de FRANCE 3 soulève davantage de difficultés que celui des autres chaînes de FRANCE TELEVISIONS. Si la mission régionale est clairement définie, elle s’exprime peu à l’antenne. Comme souligné précédemment, la part des programmes régionaux disponibles pour chaque téléspectateur ne représente que 7 % du volume de diffusion de la chaîne. L’offre restante de FRANCE 3 se compose de programmes dont beaucoup sont perçus comme comparables à ceux de FRANCE 2, ce qui aboutit à ce que les publics des deux chaînes présentent une grande proximité en termes de tranches d’âges. Dès lors, la difficulté consiste à donner à FRANCE 3 une meilleure identité et une plus grande différenciation par rapport à FRANCE 2 sans lui faire perdre ses atouts. En effet, FRANCE 3 possède un auditoire plus rural et plus populaire que les autres chaînes de FRANCE TELEVISIONS, une forte identification à l’offre publique de télévision, et suscite une réelle affection du public puisqu’elle est souvent citée comme “la chaîne préférée des Français”.

Le Conseil propose de redéfinir la ligne éditoriale de FRANCE 3 autour de trois axes :

. Le développement de l’offre régionale et locale

. Le Conseil appelle tout particulièrement l’attention sur l’évolution rapide qui affecte aujourd’hui l’offre de programmes régionaux et locaux avec le développement de télévisions privées de proximité et qui s’amplifiera dans les années à venir grâce aux possibilités offertes par la diffusion numérique. Il estime que le service public ne peut se marginaliser et se doit d’exploiter sa compétence en la matière.

Trois types de programmes contribuent à affirmer l’identité régionale de FRANCE 3 : l’information régionale et locale, les programmes produits en région pour une diffusion régionale et les programmes développés en région pour l’antenne nationale.

Le Conseil note avec satisfaction les bons résultats d’audience sur les tranches d’information de la chaîne, notamment d’information régionale et locale. Ainsi, il lui paraît raisonnable que soient développés davantage certains programmes régionaux qui répondent aux attentes du public. Il pourrait s’agir d’information locale et pratique, par exemple sur la tranche matinale, et d’actualité culturelle locale.

Le Conseil estime prioritaire le développement par FRANCE 3 de son offre d’information régionale et locale, qui n’impliquerait pas pour autant que la chaîne renonce au traitement de l’actualité nationale et internationale.
S’agissant des autres programmes produits en région pour une diffusion régionale, ceux-ci recueillent inégalement les faveurs du public. Ce sont les programmes de type événementiel – par exemple, ceux qui sont diffusés à l’occasion d’élections locales ou de compétitions sportives locales – qui arrivent à fédérer un large public. Ils démontrent qu’une diffusion plus régulière de décrochages exceptionnels, à l’occasion de grands événements régionaux, pourrait être porteuse d’audience.

Enfin, les programmes développés en région pour alimenter l’antenne nationale consistent essentiellement en des fictions et documentaires produits par les unités régionales de FRANCE 3, ainsi qu’en des jeux enregistrés localement. Leur développement pourrait être accentué par la chaîne. En effet, le Conseil souhaite que soient pris en compte et encouragés les efforts faits en région pour approvisionner en programmes et en moyens techniques non seulement le canal national de FRANCE 3, mais aussi les autres antennes du groupe FRANCE TELEVISIONS. Il rappelle que le travail des équipes de la filière production de FRANCE 3 à Lille a été distingué à la suite de leur captation du Tour de France 2007 en haute définition.

. Le développement de la citoyenneté

. Le Conseil relève que la demande sociale des Français vis-à-vis de la télévision publique a beaucoup évolué au cours des dernières années. Certains thèmes comme l’environnement, la cohésion sociale, l’Europe correspondent aux enjeux majeurs de nos sociétés et aux préoccupations des citoyens. Les chaînes publiques ne peuvent se contenter de les aborder dans les journaux télévisés ou par le biais de programmes événementiels, mais doivent en proposer aux téléspectateurs un traitement plus approfondi et surtout plus approprié. Le positionnement de FRANCE 3 semble particulièrement adapté puisque sa dimension régionale et locale lui permet d’offrir, sur ces sujets, une approche concrète et de proximité qui se traduirait notamment par une mise en valeur des initiatives citoyennes – rôle des entreprises et associations, actions en faveur de la recherche… -.

En revanche, il semblerait pertinent que la diffusion de débats parlementaires nationaux sur
FRANCE 3 soit à terme reportée sur la chaîne parlementaire, comme indiqué plus haut.

La mise en valeur du patrimoine audiovisuel

La redondance constatée précédemment entre une partie des programmes nationaux de
FRANCE 3 et ceux des autres chaînes publiques conduit le Conseil à suggérer une réorientation en faveur de la mise en valeur du patrimoine audiovisuel français et européen. La chaîne permet déjà aux téléspectateurs de redécouvrir la richesse du patrimoine cinématographique grâce à sa programmation du lundi après-midi et au ciné-club. Des partenariats avec l’Institut national de l’audiovisuel, qui a su développer avec succès une offre de programmes patrimoniaux accessible sur internet et en vidéo, pourraient être renforcés.

Le Conseil propose donc que FRANCE 3 soit identifiée clairement comme la chaîne des régions, mais aussi comme celle de la citoyenneté et de la proximité. Sans négliger l’information nationale, elle doit privilégier l’information et l’actualité régionales et locales. Sa programmation généraliste mettrait davantage en valeur le patrimoine audiovisuel.

Conclusion

Fidèle à sa mission de veiller à la qualité et à la diversité des programmes, le Conseil supérieur de l’audiovisuel s’est attaché tout particulièrement à une analyse des contenus de FRANCE 2, FRANCE 3, FRANCE 4 et FRANCE 5, mettant en évidence de vraies spécificités par rapport aux chaînes privées.

Cependant, dans un contexte concurrentiel marqué par des évolutions qui se sont accélérées et amplifiées avec le lancement de nouvelles chaînes sur la TNT, le Conseil attire l’attention sur les enjeux auxquels se trouvent tout particulièrement confrontées les chaînes du groupe FRANCE TELEVISIONS : vieillissement de leur public, insuffisante perception par les téléspectateurs des spécificités de chacune d’elles, cadre législatif et réglementaire dépassé…

Dans ces conditions, le Conseil propose, afin de donner une nouvelle impulsion au secteur public :

. de moderniser le cadre de ses obligations pour donner au groupe une plus grande marge de manoeuvre : en substituant au contrat d’objectifs et de moyens un contrat de mandature, qui serait conclu pour la durée du mandat du président du groupe et qui permettrait de remettre en cohérence les objectifs et moyens fixés aux chaînes publiques avec la responsabilité des dirigeants ;

. en modernisant le cahier des missions et des charges, désormais établi pour l’ensemble du groupe avec :
. . une meilleure articulation avec la loi ;

. . une fixation au niveau du groupe des principales obligations, en donnant aux responsables de FRANCE TELEVISIONS une certaine latitude dans leur répartition entre les chaînes.

. de clarifier les positionnements éditoriaux. Les positionnements actuels insuffisamment précis des chaînes de FRANCE TELEVISIONS entraînent un déficit de complémentarité qui nuit à l’efficacité du pôle public dans son ensemble. Ainsi, l’objectif d’une meilleure harmonisation des chaînes en termes de publics et de programmes s’inscrira dans une stratégie de groupe et non plus d’antennes. Sur la base des propositions du Conseil relatives aux lignes éditoriales, le groupe public devrait pouvoir accroître et diversifier ses auditoires.

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Cette réforme ne pourra se traduire concrètement que si des évolutions sont mises en oeuvre à l’échelle du groupe FRANCE TELEVISIONS. Le Conseil appelle tout particulièrement l’attention sur trois améliorations indispensables :

. Accroître les synergies du groupe FRANCE TELEVISIONS et réviser le système de contribution à la production
Dans le cadre des différents chantiers de mutualisation des moyens de FRANCE TELEVISIONS, au niveau du groupe et non plus des chaînes, ceux qui concernent les acquisitions, la jeunesse et les études sont en cours et pourraient être suivis de plusieurs autres sur les moyens des rédactions d’information de FRANCE 2 et FRANCE 3, les nouvelles technologies, les finances et les ressources humaines. Ces chantiers répondent à un souci d’économie sur les dépenses courantes et à la possibilité de réduire les coûts d’investissement. Par exemple, l’unité d’achats de programmes disposera d’un positionnement plus fort que celui des chaînes prises séparément sur les marchés concurrentiels, français, européens et internationaux, tels que ceux du sport mais aussi du cinéma et de certaines fictions.

S’agissant du système de contribution à la production audiovisuelle, la réglementation actuelle repose sur une participation de chaque chaîne. Une assiette globale, évaluée pour l’ensemble du groupe FRANCE TELEVISIONS, semblerait plus pertinente. Elle permettrait au groupe de répartir lui-même ses moyens en fonction des positionnements et des objectifs de chaque chaîne.

Il convient de noter que la mutualisation de la contribution en production n’induit pas nécessairement la création d’un guichet unique pour tout FRANCE TELEVISIONS à l’intention des professionnels : une certaine collégialité des décisions pourrait être envisagée au niveau du groupe FRANCE TELEVISIONS, et les décisions d’investissement pourraient être maintenues au niveau des chaînes. Cette évolution pourrait s’accompagner de la garantie d’un montant minimal d’investissement par chaîne.

. Améliorer la circulation des programmes au sein du groupe FRANCE TELEVISIONS

Une évolution du dispositif réglementaire serait nécessaire pour améliorer la circulation des programmes au sein du groupe public.

Sans remettre en cause les spécificités de la ligne éditoriale de chaque chaîne mais en affirmant l’esprit commun des programmes du service public, la possibilité de circulation des émissions d’une chaîne à l’autre ne devrait pas nuire à la lisibilité de chaque grille. Cette souplesse de programmation pourrait participer à la rentabilisation des programmes et des investissements. Elle exige cependant une évolution des dispositions réglementaires actuelles relatives à l’indépendance des oeuvres.

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. Favoriser un fort rayonnement du secteur public

Le rayonnement du service public passe par son aptitude à faire connaître ses programmes au-delà de ses seules antennes.

Le cas de la BBC, qui tire environ 20 % de son chiffre d’affaires de l’exploitation des droits secondaires, a souvent été donné en exemple aux dirigeants de FRANCE TELEVISIONS. Le groupe français devrait être, à l’instar du groupe britannique, un acteur international de promotion pour le secteur audiovisuel français.
Cependant, ce rôle ne pourrait être assigné à FRANCE TELEVISIONS que si le groupe est davantage en mesure de contrôler les droits et la distribution de ce qu’il diffuse, sur les marchés intérieur ou international. Là encore, une évolution du cadre réglementaire serait nécessaire afin qu’il soit davantage partie prenante dans la commercialisation de ses productions. Cette modification permettrait également de lui assurer de nombreux revenus, indépendamment des ressources publiques, et en liaison avec le marché privé. Enfin, la mise en valeur des programmes de FRANCE TELEVISIONS, qui devrait favoriser le rayonnement des programmes du groupe, s’appuiera sur les nouvelles technologies qui devront contribuer pleinement aux objectifs ambitieux assignés aux chaînes publiques.

Source : NewsMedias

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