Un film populaire contre un produit de marketing

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Trois millions trois cent mille entrées séparent «Astérix aux jeux Olympiques», en sixième semaine et en fin de course (il dépassera toutefois les 7 millions), de «Bienvenue chez les Ch’tis», qui en deux semaines a quasiment atteint les 9 millions d’entrées et ne montre aucun signe d’essoufflement. C’est aussi la différence chiffrée entre une production calibrée en pompe à fric, à laquelle une sortie massive a permis d’atteindre mécaniquement un nombre d’entrées appréciable, et un film populaire qui plaît tant et tant aux spectateurs qu’ils y envoient leurs amis et y retournent une deuxième fois. C’est ainsi, le public qui n’a pas aimé «Astérix aux J.O.», et a mesure après coup que le cynisme des promoteurs de la chose s’était appliqué dès la conception et la fabrication du produit avant de se révéler tel qu’en lui-même tout au long de la campagne de promotion, fait un triomphe à des «Ch’tis» qui ne se poussent pas du col. Un signe avant-coureur ? Alors qu’à la télévision et dans la plupart des journaux les questions posées aux gens d’«Astérix» portaient exclusivement sur la réussite commerciale espérée, rapportée au budget affiché, à grands coups de «mais, dites-moi, le deuxième «Astérix» avait cartonné en France mais s’était vendu médiocrement à l’étranger, n’est-ce pas ?» (à croire que les cireurs de pompes sont intéressés aux bénéfices), il fut surtout question quant aux «Ch’tis» du plaisir manifesté à l’issue de séances par les spectateurs et du nombre considérable de projections affichant complet. Ce qui ne revient pas du tout au même.

Jamais de tels chiffres n’ayant été atteints en deux semaines, la question se pose désormais de savoir où s’arrêteront ces «Ch’tis» qui ne s’effritent décidément pas (un comble). Personne de sérieux n’affirmerait aujourd’hui que le film n’atteindra pas les 15 millions d’entrées, ce qui le situera déjà en troisième position au classement français des plus grands succès. Mais après ? Les 17,2 millions de «la Grande Vadrouille» ? Les 20,5 millions de «Titanic» ? A ce jour, tout est encore possible. En termes financiers, «Astérix aux J.O.» n’est pas une bonne affaire (et, s’il a réellement coûté le prix annoncé, on n’est pas loin de la catastrophe) quand «Bienvenue chez les Ch’tis» est une vraie mine d’or. L’un et l’autre film sont distribués par la même société, Pathé, qui enregistre par ailleurs des résultats remarquables sur le terrain du cinéma d’auteur, étranger avec «Into the Wild», le film de Sean Penn (près de 1,3 million d’entrées), français avec «la Graine et le Mulet», relancé par les Césars et qui vient de dépasser les 800 000 entrées. Il n’est pas interdit de voir dans cette conjugaison davantage qu’une coïncidence.

Source : Pascal Mérigeau / Le Nouvel Observateur – 2264 – 27/03/2008

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