Box-office: la déferlante ch’ti

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Astérix contre les ch’tis. Le cinéma offre un nouvel épisode aux aventures du petit gaulois. Sauf que cette fois, le héros du banquet ce n’est pas le petit gaulois mais l’enfant du Nord, Dany Boon.

Son long-métrage, Bienvenue chez les ch’tis, a réussi mercredi 27 février, jour de sa sortie nationale, le meilleur démarrage d’un film français avec 558 359 spectateurs. La palme revenait jusqu’à présent à Astérix aux Jeux olympiques avec 555 292 entrées.

Les (mes)aventures de Philippe Abrams (Kad Merad), directeur de la poste de Salon-de-Provence muté à Bergues, créent l’événement dans le nord de la France. Sorti dès le 20 février dans trois départements (Nord, Pas-de-Calais, Somme) avec seulement 64 copies, le film a réalisé 555 400 entrées en six jours. Une incroyable performance quand on pense que les trois territoires réunis représentent 4,5 millions d’habitants.

A la fin de sa première semaine d’exploitation nationale, Bienvenue chez les ch’tis devrait déjà faire près de 4 millions de spectateurs.

Source : Julien Bordier / L’Express

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Bienvenue chez Dany Boon!

Avec Bienvenue chez les ch’tis, Dany Boon redore drôlement le blason de sa région natale, le Nord – Pas-de-Calais, laquelle a découvert le film en avant-première. L’Express était au rendez-vous.

C’est un cadeau inestimable pour le Nord – Pas-de-Calais. Un dépliant touristique comme le conseil régional n’a jamais osé en rêver. Un film d’une heure et demie, dont le titre, mieux qu’un slogan, est une invitation: Bienvenue chez les ch’tis. Le tour-opérateur est un enfant du pays: Dany Boon, né à Armentières il y a 41 ans, auteur-acteur-réalisateur de cette comédie annoncée comme l’un des plus gros cartons de l’année au box-office. Parce que cette histoire d’un directeur de la Poste (Kad Merad) du sud de la France muté dans le Nord, où il aura pour guide et ami un facteur ch’ti (Dany Boon), est aussi hilarante que généreuse. Parce que, partout où le long-métrage est montré en avant-première, le taux de satisfaction du public atteint son maximum: 100% d’un panel de spectateurs marseillais, testés en octobre 2007, voulaient le revoir sitôt la projection finie! Alors on imagine les réactions des principaux concernés…

A Liévin par exemple, on n’imagine pas. On constate. Il est 19 h 30. Trois des 17 salles du multiplexe ont été réquisitionnées pour projeter le film. Tandis qu’elles affichent complet, 200personnes attendent dehors l’arrivée de Dany Boon. L’artiste profite de sa semaine de relâche dans un théâtre parisien (où il joue Le Dîner de cons) pour présenter son bébé aux quatre coins de sa région natale. A chaque jour suffit son marathon. Celui d’aujourd’hui a commencé à Calais, s’est poursuivi à Saint-Omer, et se finit chez les Liévinois. En une journée, Dany Boon aura essuyé 17 présentations, 4 débats et 3 séances d’autographes – au bas chiffre, 2 000 signatures! Loin d’en avoir marre, il est galvanisé: «A Saint-Omer, tous les spectateurs m’attendaient dans la salle en K-way, en référence à un de mes sketchs. Comment voulez-vous que je me lasse?»

Bien qu’il effectue ce que les maisons de distribution, basées dans la capitale, appellent une «tournée province», Dany Boon n’a rien d’un VRP. Pas ici. Pas chez lui. Ce film, il l’a dédié à sa mère et, à travers elle, à tous les ch’tis dont il est fier de faire partie. A l’entendre, il donne envie d’intégrer le club. «Le ch’ti est issu d’un mélange d’origines diverses: espagnole, polonaise, italienne… Mon père, par exemple, venait de Kabylie et s’est intégré à merveille dans la région. D’un abord souvent rude, les gens du Nord vous ouvrent néanmoins rapidement leur maison. Ils ont le sens du partage, de façon très laïque – soit totalement désintéressée. Et cet état d’esprit se transmet de génération en génération.» Aujourd’hui à Liévin, comme demain à Douai, le public n’attend pas une star, mais un «comarate», un cousin, un voisin qui n’a rien oublié de ses après-midi de gamin quand il jouait sur le terrain vague au bout du chemin de halage, derrière sa maison de brique, proche du canal de dérivation de la Lys.

Quand l’artiste débarque, les «Bonsoir biloute!» fusent donc de toute part. Il fonce dans la salle, sort deux ou trois vannes, puis se précipite à côté, où d’autres spectateurs l’attendent. «On se parle après!» rassure- t-il tout le monde. Comme il cavale vers un troisième auditoire, deux têtes familières freinent son élan. Adossés nonchalamment à un mur, Jean-Pierre Papin et Gervais Martel, respectivement entraîneur et président du RC Lens, attendent le début de la séance. Les footballeurs, eux, sont déjà à l’intérieur. Dany Boon prévient: «On ne voit pas l’équipe à l’écran, mais les supporters.» Au milieu desquels le personnage joué par Kad Merad, emmené par son ami ch’ti. Une scène tournée in situ, qui ne figurait pas dans le scénario. «Je n’ai pas résisté à l’envie de montrer l’ambiance unique du stade Bollaert, avoue le réalisateur. Cette foule habillée sang et or, qui chante Les Corons [de Pierre Bachelet], c’est magnifique.»

Il égrène les clichés liés au Nord pour mieux leur tordre le cou

«Il ne manque rien! La pluie, le genièvre dans le café, la mine, les frites… Tout y est!» se réjouit une dame, à la fin de la projection. Il est 21 h 30. Une standing ovation de 500 personnes confirme l’enthousiasme général. Tout comme à Calais et à Saint-Omer, quelques heures plus tôt. Dany Boon n’en est pas moins gêné, voire ému. «La vie parisienne ne vous a pas changé», crie une spectatrice. Cela ne risque pas. Quand il est descendu sur la capitale, tandis qu’il gagnait sa vie comme graphiste, Dany Boon a mesuré toute l’humanité bienveillante de l’identité ch’ti, jurant de ne jamais s’en départir. «Chez nous, on va chez les amis sans prévenir. On leur fait une bonne surprise. C’est dans les us et coutumes. Quand je débarquais chez certains potes parisiens, on m’accueillait tout le temps avec un: “Mais qu’est-ce que tu fais là? ” Moi, je ne comprenais pas. Je venais de m’emmerder avec le code d’entrée (un truc qui n’existait pas chez nous), j’étais tout content… Pareil dans une brasserie. Si j’entends une conversation à côté, je participe à la discussion. Chez nous, c’est naturel. A Paris, toute la table se retourne et me considère comme dingue.» Alors, pour ne pas le devenir, justement, il revient dès qu’il peut à ses racines, et ne louperait pour rien au monde, à la Saint-Nicolas, le raout annuel, organisé exclusivement pour les ch’tis vivant à Paris, chez un traiteur des Champs-Elysées.

Et si sa comédie égrène les clichés liés au Nord, c’est pour mieux leur tordre le cou. Les ch’timis, eux, se tordent de rire et boivent du petit-lait. «C’est vrai que l’étranger braie deux fois quand il vient dans le Nord, lance une Liévinoise au metteur en scène: quand il arrive et quand il repart. On a hébergé des amis de Montbéliard pendant deux ans. Quand ils sont rentrés, ils ont fait une dépression nerveuse.» Une autre enchaîne: «Merci de transmettre une belle image de chez nous.» Arrive alors la question essentielle, posée sur un ton taquin par un sexagénaire: «Penses-tu qu’après avoir vu ton film les gens viendront passer des vacances dans le Nord?» Dany Boon répond, preuve à l’appui: «Un Marseillais m’a dit [il prend l’accent du Sud]: “Té! Ça m’a donné envie d’y aller! “» Tous lui souhaitent la bienvenue.

Source : Christophe Carrière / L’Express

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