“Sa Majesté Minor”, flop majeur au cinéma

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Ce n’est pas vrai à tout coup. Sorti le 10 octobre sur près de 500 copies, Sa Majesté Minor, l’étrange bacchanale mythologique de Jean-Jacques Annaud, a eu beau s’enorgueillir d’un financement très important pour un film français (plus de 30 millions d’euros) et aligner une brochette d’acteurs aussi connus que José Garcia, Vincent Cassel, Mélanie Bernier, Claude Brasseur et Rufus, rien n’y a fait. Las, avec seulement 138 270 spectateurs au 30 octobre, le film a essuyé un retentissant échec en salles.

L’un de ceux qui resteront dans les mémoires. Studio Canal a directement investi 10 millions dans les aventures de ce personnage mi-porc mi-humain – soit 7 % des investissements du groupe dans le cinéma en 2006. Studio Canal est assez gros pour encaisser un tel flop. Arrivé en mars à la tête du groupe, Olivier Courson avait hérité de ce projet risqué. Il se console en pariant sur les bons résultats à venir de Blueberry Nights, de Wong Kar-wai, ou de Babylone A.D., de Mathieu Kassovitz, à l’international. Mais se promet que les films à gros budget produits par Studio Canal à l’avenir ne seront plus réalisés en français, mais bien dans la langue de Shakespeare.

Tout récemment, un autre film à gros budget (21,1 millions d’euros), Le Deuxième Souffle, d’Alain Corneau, a également sérieusement déçu en salles, avec près de 393 000 entrées fin octobre. L’ARP, son producteur, avait déjà prévenu, avant même la sortie du film, le 23 octobre, qu’il comptait compenser cet échec prévisible par le succès de Taxi 4… (Le Monde du 24 octobre).

Parmi les échecs retentissants en salles de films à gros budget, ces dernières années, l’hebdomadaire Le Film français a notamment recensé L’Ile aux trésors, d’Alain Berbérian, qui a précipité la réorganisation du distributeur Bac Films, mais aussi O Jérusalem, Le Concile de pierre, L’Entente cordiale, La Piste, Les Brigades du Tigre, L’Empire des loups ou encore San Antonio…

Parler d’échecs au cinéma reste encore du domaine du tabou alors même qu’il s’agit d’une activité à risques, chaque film étant un prototype. Le Centre national de la cinématographie n’a jamais plus commandé d’étude sur la rentabilité des films depuis que la dernière du genre – qui date de 2004 – avait montré qu’en moyenne seuls 15 % des films étaient rentables sept ans après leur sortie en salles. Ce constat embarrassant plaçait les professionnels devant un dilemme cornélien : soit le cinéma était trop rentable, alors les aides publiques n’avaient plus lieu d’être, soit le septième art ne gagnait jamais d’argent, alors personne n’avait de raison d’y investir un centime…

Le paradoxe du cinéma tient aussi au fait qu’un échec en salles ne se traduit pas systématiquement par une catastrophe économique : tout dépend de l’exposition au risque de chaque producteur.

Si le film est largement préacheté par des chaînes de télévision (qui réclament des castings de rêve en espérant attirer une audience forte), les conséquences sont limitées. La deuxième vie d’un film en DVD peut aussi rattraper une carrière ratée en salles. Une dernière chance qui reste rare.

Source : Le Monde / Nicole Vulser

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