Christophe Barratier tourne « Faubourg 36 »

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DANS UN VASTE HANGAR des studios de Prague, on longe quelques « découvertes », ces traditionnels décors peints qui servent de toile de fond aux acteurs : paysages de mer et de plage, avec du vrai sable répandu sur le sol. Ce sera le décor de la chanson finale de Faubourg 36, qui évoquera le bonheur des premiers congés payés, au moment du Front populaire.

Tout au fond, une sorte de baraque en bois sur pilotis renferme un intérieur soigneusement reconstitué : le bureau du directeur du Chansonia, vieux music-hall d’un faubourg parisien, au bord de la faillite au début des années 1930. C’est là qu’on trouve le réalisateur, Christophe Barratier, occupé à préparer la première scène du jour avec son directeur de la photographie, Tom Stern, qu’il a emprunté à Clint Eastwood.

Assis à sa table de travail, le directeur du théâtre, Dorfeuil (Jean Lescot), voit soudain entrer un trio très « gangster » : son créancier, l’agent immobilier Galapiat (Bernard-Pierre Donnadieu), flanqué de deux acolytes menaçants (Julien Courbey et Philippe du Janerand). On le moleste, on lui extorque une signature. Rembourser ou vider les lieux. Une deuxième scène apportera la réponse du malheureux Dorfeuil. Il se suicide d’un coup de revolver.

Après ce début dramatique, l’histoire va prendre un autre cours. Faubourg 36 conte la renaissance du théâtre Chansonia, à la faveur des bouleversements du Front populaire. Trois ouvriers du spectacle réduits au chômage par la fermeture du Chansonia décident d’occuper la salle et d’y monter un spectacle musical. Si le succès est au rendez-vous, ils rachèteront le théâtre. Pour le machiniste Pigoil (Gérard Jugnot), trahi par sa femme, il s’agit de retrouver du travail afin d’avoir la garde de Jojo, son petit garçon. Milou (Clovis Cornillac), éclairagiste, ambitionne pour sa part de changer le monde. Quant à Jacky (Kad Merad), homme-sandwich du Chansonia, il rêve de monter sur scène dans un numéro d’imitateur.

Musicien avant d’être cinéaste

« C’est une époque qui me parle doublement, dit Christophe Barratier, d’une part parce que les années 1935-1940 représentent un âge d’or du cinéma, avec Renoir, Duvivier ou Carné, d’autre part parce que l’atmosphère de l’époque est captivante. Il y a une certaine joie de vivre, assombrie par le chaos qui guette, les affrontements violents entre gauche et droite, riches et pauvres. On danse sur un volcan. Ce n’est pas un film sur le Front populaire. Les personnages sont pris dans le tourbillon de l’époque, mais c’est leur vérité humaine qui m’intéresse. Pour le personnage de Gérard Jugnot, j’avais en tête le Bernard Blier bonhomme d’Hôtel du Nord ou plus sombre de Manèges. Pour Clovis Cornillac, une figure de l’aristocratie ouvrière, comme le Gabin du Jour se lève. Et pour Kad Merad, un style à la Carette. C’est un trio très complémentaire. »

Qui va s’enrichir bientôt d’une talentueuse chanteuse débutante, Douce (Nora Arnezeder). Nouveau décor : le lendemain, le tournage prend une ampleur spectaculaire. On est dans un entrepôt d’usine où a été reconstitué l’intérieur d’un théâtre. Une foule de figurants remplit les fauteuils de velours rouge. L’orchestre s’installe : tiens, c’est Pierre Richard qui le dirige !

Au piano, Reinhardt Wagner, compositeur des chansons que Pierre Richard écrit, dans le film. C’est lui, en fait, qui est à l’origine de Faubourg 36 : « J’avais mis en musique assez spontanément des textes de Frank Thomas, dit Reinhardt Wagner, musicien attitré de Pascal Thomas, et Christophe y a vu une sorte de chronique d’un faubourg de Paris qui l’a inspiré. Il est musicien avant d’être cinéaste, et il a écrit le scénario autour de ces chansons, ce qui est une démarche originale. J’en ai composé d’autres, au gré de l’histoire, tantôt musette tantôt jazz. »

Silence demandé. Action ! Le rideau se lève sur la révélation de Faubourg 36, Nora Arnezeder, 18 ans, aussi jolie à voir qu’à entendre dans la chanson Attachez-moi, où passent des gouapes et des souteneurs, de la gouaille et de la fraîcheur. « C’est une fille à la fois douce comme son nom et déterminée, rêveuse et réaliste, pure et pleine de caractère », dit la blonde Nora, qui a une formation de chanteuse « plutôt jazz », mais s’est, dit-elle, « tout de suite reconnue dans les chansons du film, comme si elles avaient été faites pour moi ». Clovis Cornillac et Kad Merad lui succèdent dans un numéro de duettistes dingues, surveillés des coulisses par Gérard Jugnot. L’acteur retrouve avec bonheur son metteur en scène des Choristes. « C’est une nouvelle aventure, plus ambitieuse, qui est aussi une continuité, avec un mélange très riche d’émotion, de rire, de musique. Mon personnage est un type qui tombe et va s’en sortir grâce à ses potes. C’est un hommage aux artistes de music-hall, à la camaraderie, à la dignité des gens simples, un peu dans l’esprit de La Belle équipe. J’aime ces moments d’utopie, même si ce ne sont que des moments de lumière dans une réalité plus sombre. »

Source : MARIE-NOËLLE TRANCHANT / LE FIGARO

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