Décès d’Ingmar Bergman, le cinéaste aux “innombrables démons”

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Figure majeure du septième art dont la carrière a embrassé un demi-siècle et produit des chefs-d’oeuvre qui ont influencé une génération de cinéastes, Bergman s’est éteint paisiblement chez lui sur l’île de Faro, en mer Baltique, a indiqué sa fille Eva, citée par l’agence suédoise TT.

Il était brièvement apparu en public ce mois-ci mais restait dans un fauteuil roulant et semblait très fatigué, a-t-elle dit.

“Nous subissons aujourd’hui une très grande perte”, a déclaré Cissi Elwin, responsable de l’Institut cinématographique suédois. “C’est très étrange, très irréel, Ingmar Bergman fait si profondément (partie du) cinéma suédois.”

Avec des films comme “Les Fraises sauvages”, “Scènes de la vie conjugale” ou “Fanny et Alexandre”, inscrits dans un Nord rude et lumineux, Bergman donnait une image mélancolique de la Suède tout en acquérant le statut d’un maître du cinéma moderne.

Son oeuvre englobe au total 54 films, 126 productions théâtrales et 39 pièces radiophoniques.

Ses films les plus accomplis portent souvent l’empreinte de la confusion sexuelle, de la solitude et du sens insaisissable de la vie, thèmes que beaucoup attribuent à son enfance marquée par une santé fragile et un père pasteur luthérien qui l’humiliait et le frappait.

“C’était l’un des grands, je le connaissais depuis plus de 50 ans”, a déclaré à Reuters Jorn Donner, producteur de “Fanny et Alexandre” – dernière création de Bergman pour le grand écran, au fort contenu autobiographique, qui met en scène une famille de la bourgeoisie d’Uppsala, sa ville natale, avant la Première Guerre mondiale.

Les personnages du jeune Alexandre et de sa soeur Fanny sont victimes d’abus physiques et psychologiques de la part de leur père adoptif – un évêque inspiré du père de Bergman. Alexandre recourt à des pouvoirs surnaturels pour une cruelle vengeance.

CINQ MARIAGES, NEUF ENFANTS

La nouvelle de la mort de Bergman a provoqué une commotion dans les médias de Suède, la télévision interrompant ses émissions régulières pour diffuser des hommages au disparu.

“Je crois qu’il est difficile de saisir pleinement l’apport d’Ingmar Bergman au cinéma et au théâtre suédois”, écrit le Premier ministre Fredrik Reinfeldt dans un communiqué. “Ses oeuvres sont immortelles.”

La vie privée de Bergman l’a souvent mis sous les projecteurs. Il s’était marié cinq fois avec des femmes belles et talentueuses, et avait entretenu des liaisons avec ses principales actrices. Il était père de neuf enfants.

Ses quatre ex-épouses continuaient à parler de lui en termes élogieux, tout comme les actrices auxquelles il avait été lié – en particulier la Norvégienne Liv Ullmann, sa compagne de la fin des années 1960 qui débuta sous sa direction dans “Persona”.

Lors d’une interview accordée à Reuters en 2001, Bergman confiait avoir été tourmenté et inspiré à la fois tout au long de sa vie par des démons personnels:

“Les démons sont innombrables, ils apparaissent aux plus mauvais moments en créant panique et terreur. Mais j’ai appris qu’en maîtrisant les forces négatives et en les attelant à mon char, je pouvais les faire agir à mon profit.”

Bergman avait obtenu la reconnaissance internationale avec “Le Septième sceau” (1956), conte médiéval dans lequel un croisé en quête d’absolu joue aux échecs avec la Mort. Le film reçut le prix du jury du festival de Cannes 1957. “Les Fraises sauvages”, où le rêve se conjugue avec les faits pour aborder le thème de la vieillesse, reçut l’Ours d’Or à Berlin en 1958.

Liv Ulmann joue dans plusieurs films célèbres de Bergman, notamment “Cris et chuchotements” (1972), “Scènes de la vie conjugale” (1973) et “Sonate d’automne” (1978) où apparaît aussi Ingrid Bergman (sans lien de parenté avec le réalisateur).

Bien qu’il ait annoncé son retrait après “Fanny et Alexandre”, Bergman avait ensuite réalisé un certain nombre de créations pour la télévision, dont “Sarabande” en 2003.

Ernst Ingmar Bergman, né le 14 juillet 1918 dans la ville universitaire d’Uppsala, avait grandi entre son père pasteur et une mère stricte et autoritaire d’origine wallonne.

En 1946, son premier scénario, “Frénésie”, traitait d’un professeur sadique. Deux ans plus tard, le premier film dont il fut le réalisateur s’intitulait “Crise”.

Source : www.lepoint.fr

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