S’il y en a bien un qui doit être fébrile aujourd’hui, c’est Barthélémy Grossmann. A 24 ans, son premier film sort sur les écrans ce mercredi et, quitte à ne pas faire les choses à moitié, le garçon coiffe les casquettes de scénariste, producteur, réalisateur et acteur principal de 13 m2, à l’intérieur desquels il a sans doute mis aux sens propre et figuré tout ce qu’il avait, afin d’assouvir son «besoin de filmer».
Pieds nickelés. Après l’écriture d’une pièce de théâtre et de courts métrages, le néophyte affirme être arrivé à la conclusion suivante : «Je me suis aperçu que la réalisation était un point de vue, des idées, une manière de raconter les choses. J’avais mes idées, mes désirs de récit, alors pourquoi ne le ferais-je pas moi-même ? Je suis naturellement dans une énergie où je n’aime pas quémander, dépendre des gens… Prendre les choses sur soi, c’est pour moi une manière de progresser. Je suis au courant de tout et, du coup, responsable de tout…» Néo-Kassovitz (ou Jean-François Richet), ou simple étoile filante ? Nul ne peut prédire quel avenir attend Grossmann qui annonce déjà deux autres projets de long métrage, un en France, un aux Etats-Unis mais 13 m2 a suffisamment de cran pour justifier un minimum d’attention.
Le thème n’a pourtant rien de grisant : parce qu’ils ne veulent «pas crever pauvres», trois potes de banlieue décident d’attaquer un fourgon blindé. Le mauvais coup effectué avec des dommages collatéraux , ils se terrent dans une planque où, amplifié par le remords et la peur, le huis clos crée vite des tensions.
Malgré ses faiblesses et approximations, 13 m2 possède en premier lieu l’indéniable mérite de garder ses distances avec les clichés propres à une faune qui fantasme sur Scarface et, gavée de clips MTV et de blockbusters sous amphétes, roule des mécaniques comme pour mieux masquer ses carences. Amoral et tragique mais aux antipodes de la mythologie ridicule du Truands de Schoendoerffer le film de Grossmann préfère démonter avec clairvoyance le mécanisme criminel de jeunes qui ne cherchent pas vraiment à jouer les tartarins des cités, mais rêvent juste de «partir loin», d’ «acheter une zonmé»… et en sont encore à s’engueuler pour un paquet de biscuits acheté en trop. Ici, le casting black-blanc-beur fait d’autant plus foi que le trio de pieds nickelés soutient les trois quarts du récit sur ses seules épaules.
Spirale. Parmi ses bonnes initiatives, Barthélémy Grossmann ne tombe pas dans le panneau d’une illustration sonore convenue; pas plus qu’il ne témoigne d’attirance pour les scènes d’action qui, en temps ordinaire, émaillent ce type de sujet. Au contraire, le braquage qui, ailleurs, aurait constitué le clou du spectacle, n’existe qu’en bande-son et le cinéaste s’emploie surtout à filmer le doute et l’attente, à travers une série de situations réalistes, parfois piteuses, illustrant avec exactitude c’est-à-dire sans commisération, ni bienveillance particulière cette spirale tragique qui sous-tend la plupart des faits divers.
Source : Gilles RENAULT / LIBERATION
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Casting complet
Réalisateur
Barthélémy Grossmann
Acteurs
José Barthélémy Grossmann
Farouk Lucien Jean-Baptiste
Réza Youssef Hajdi
Le solitaire Thierry Lhermitte
Sophie Bérénice Bejo
Lopez Alain Figlarz
Francis Eric Savin
Philippe Morgan Perez
Producteurs
Barthélémy Grossmann / Murielle Thierrin / Nessva Films
Productrice associée
Vanessa Mimran
Scénaristes
Barthélémy Grossmann / Murielle Thierrin
Equipe technique
Directeur de la photographie Colin Wandersman
Compositeur Sébastien Galiana
Monteuse Gwénaël Giard Barberin
Monteur son Sandrine Henchoz
Mixage Frédéric Bielle
Décorateur Matthieu Genin
Ingénieur du son Antoine Bourdain