La Sorbonne à louer ?

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Au lendemain de la crise du CPE, le coût total des dégradations pour l’ensemble de la Sorbonne est lourd : 800 000 euros selon le rectorat. L’État annonce qu’il ne paiera pas. Aux universités de s’organiser. Et avec ses salles magnifiques, des immenses galeries, la Sorbonne a des atouts de taille ; c’est donc tout naturellement qu’une augmentation des locations de salles a été décidée. Amorcée en septembre 2003, avec notamment un reportage dans « Des racines et des ailes » sur France 3, l’annonce de la réouverture aux tournages avait déjà eu un écho, déclenchant un regain d’intérêt chez les réalisateurs et organisateurs d’événements tels les défilés de modes, tournages de clips et autres débats politico-sociétaux.

La tendance actuelle

Depuis près d’un an, on observe une multiplication des tournages en acceptant les films mais aussi les téléfilms tel Avocats et associés. De plus, cet automne ont eu lieu les défilés de mode de Yoji Yamamoto et Karl Lagerfeld dans le prestigieux grand amphi orné des fresques de Puvis de Chavanne. Il n’y en avait pas eu depuis 1997. Ce genre d’événements ne sont pas nouveaux. Le premier défilé datant de 1920 par Lanvin. En 1958, Marcel Carné choisissait la Sorbonne pour une scène de son film « Les tricheurs ».

Un lieu, une histoire : les raisons du succès ?

Richelieu, Érasme, Simone de Beauvoir, tant de nom attachés à l’université des humanités. La Sorbonne n’est pourtant pas véritablement demandée pour le tournage de films historiques, même si l’on a vu dernièrement Ilan Duran Cohen y tourner Les Amants du Flore. Elle n’est pas non plus ouverte à tous les styles — pas sérieux s’abstenir — ; ce sont plutôt des tournages de films et séries policières qui se déroulent à la Sorbonne. La présence d’étudiants — normal dans une université —, c’est aussi des figurants bénévoles ! Cédric Klapisch a ainsi fait appel à quelques 200 étudiants pour son dernier film, Paris, où Fabrice Luchini joue un professeur d’histoire. Chacun peut ainsi avoir sa seconde de célébrité…

Financer la fac grâce au cinéma ?

« Les coûts sont particulièrement bas. C’est moitié moins cher que d’autres lieux de tournage » nous a déclaré un réalisateur. De 2 000 à 16 700 € pour une journée de tournage, c’est en effet très raisonnable. La moyenne des prix de location d’une salle est de 2 500 € par jour et par salle. Les factures s’élevant entre 8 500 et 11 000 euros, cela fait tout de même une somme. Bien sûr, tous les réalisateurs ne louent pas le Grand Amphi à 16 700 € la journée, mais les recettes sont au final importantes pour les universités de la Sorbonne : elles s’élèvent à plus de 200 000 euros. Toutefois, comme l’explique Nicolas Boudot, chargé de communication du Rectorat de Paris et responsable de la coordination des tournages (cf. interview ci-contre), l’argent perçu « bénéficie à l’ensemble des universités parisiennes », et donc pas seulement celles dépendant de la Sorbonne. Dommage… En attendant, c’est sans doute bon pour l’image de la Sorbonne, les caméras accentuant sans doute son prestige, mais sans doute plus national qu’international. Et ce n’est pas la multiplication des tournages et défilés de mode qui fera remonter les universités de la Sorbonne dans le classement mondial des universités…

Entretien avec Nicolas Boudot, chef de cabinet du recteur de l’Académie de Paris et responsable des locations de salle de la Sorbonne

Au total, combien rapportent les tournages et les défilés de mode ?

On arrive à gagner entre 150 000 et 180 000 € avec les seuls tournages. Avec les défilés de mode on dépasse les 200 000 €. Notre souhait serait bien évidemment d’augmenter les recettes.

Comment les prix sont-ils fixés ? Et à qui et quoi l’argent est-il destiné ?

C’est le conseil de chancellerie, réunissant l’ensemble des présidents des universités parisiennes, qui fixe les tarifs. L’argent perçu est réinjecté dans un budget total et bénéficie donc à l’ensemble des universités parisiennes.

Quels sont les lieux les plus demandés ?

Le Grand Amphithéâtre, les couloirs et les grand hall du palais académique arrivent en tête. Les petits bureaux dans les étages de la Sorbonne sont également intéressants pour les réalisateurs.

Comment déterminez-vous les propositions que vous allez accepter ?

Nous sommes généralement regardants sur un minimum d’exigence culturelle, au point de repousser certaines demande, même si nous sommes moins regardant. La majorité des producteurs qui viennent nous voir souhaitent tourner des séries policières ou de type justice. Ce qui les attire c’est le palais académique qui ressemble à une sale des pas perdus de tribunal. L’architecture comme la décoration intérieure sont assez proches de celes des bâtiments du palais de justice de Paris. Nous n’acceptons plus les courts-métrages car nous ne sommes jamais payés.

Il doit y avoir des priorités au sein d’une université ? Comment est-ce que cela s’organise ?

Les tournages sont marginaux. Un tournage ne prime jamais sur une manifestation académique, et ne doit pas perturber les cours, même si la plupart des tournages se déroulent dans le palais académique où il n’y a pas de cours. C’est pour cela que nous préférons les tournages la nuit, le week-end, et pendant les vacances. Il nous est déjà arrivé de repousser un tournage parce qu’une manifestation académique était prévue.

Pour vous, la multiplication des tournages est une bonne chose ?

Je crois. La Sorbonne, qui fête ses 750 ans cette année, est un peu la représentation du savoir en France. D’un point de vue symbolique et esthétique cela ne peut pas nuire à l’image de la Sorbonne. Au contraire, ça lui donne un côté jeune. La Sorbonne est une vieille dame, faire venir des caméras lui donne un côté positif et dynamique. (phrase à mettre en exergue)

Propos recueillis par Steven Jambot

Quelques tournages récents à la Sorbonne :

– 36 quai des Orfèvres, de Olivier Marchal, 2004

– La Panthère rose de Shawn Levy, 2004

– Le Concile de Pierre, de Guillaume Nicloux, 2005

– Trésor et Joséphine, de Jérôme Gargil, 2006

– Les Amants du Flore, d’Ilan Duran Cohen, 2006

– Paris, de Cédric Klapish, 2007

Source : www.contrepoint.info du 30/05/2007

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