Les obsèques de Jean-Claude Brialy en présence de Sarkozy

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L’acteur sera ensuite inhumé au cimetière Montmartre et non Montparnasse, annoncé précédemment.Le président de la République assistera aux obsèques et reporte son déplacement dans les Deux-Sèvres où il devait visiter le Centre d’Emmaüs-Peupins de Mauléon, a annoncé de son côté l’Elysée.

Le secrétariat de l’acteur a précisé à l’AFP qu’aucun journaliste, photographe ou cameraman ne sera admis dans l’église, ainsi que dans l’enceinte du cimetière, “conformément aux dernières volontés de Monsieur Brialy qui a souhaité une messe et une cérémonie d’une très grande simplicité, en présence uniquement de ses proches”, a-t-on précisé.

La messe sera concélébrée par Monseigneur Jean-Michel Di Falco et le père Pelletier, curé de Saint-Louis en l’Ile.

L’acteur et réalisateur est décédé à l’âge de 74 ans des suites d’une longue maladie à son domicile de Monthyon, en Seine-et-Marne.

Apparu pour la première fois au cinéma en 1956 dans “Elena et les hommes” de Jean Renoir, il fut notamment l’interprète de Louis Malle (“Ascenseur pour l’échafaud”, 1957, “Les amants”, 1958), Claude Chabrol (“Le beau Serge”, 1958, mais aussi “Les cousins”, 1959), François Truffaut (“Les quatre cents coups”, 1959) et Eric Rohmer (“Le genou de Claire”, 1970).

Personnalité de la vie mondaine parisienne, il était le propriétaire depuis 1986 d’un théâtre de la capitale, “Les Bouffes parisiens”, après avoir dirigé le théâtre Hébertot à partir de 1977.

Réalisateur, à la télévision et pour le grand écran, il signa une dizaine de films, dont “Eglantine” (1971) et “Les volets clos” (1972).

Il avait tourné son dernier film pour la télévision en 2006, “Monsieur Max” de Gabriel Aghion. Ecrivain à ses heures, Brialy a publié plusieurs livres de souvenirs à succès: “Le ruisseau des singes” (Robert Laffont, 2000) et “J’ai oublié de vous dire” en 2004 (XO éditions).

Né le 30 mars 1933 à Aumale (Algérie), ce fils de colonel vit son enfance au rythme des mutations paternelles.

Après son baccalauréat, il s’inscrit d’abord au Conservatoire de Strasbourg où il obtient un premier prix de comédie, puis au Centre d’art dramatique de l’Est.

Au cours de son service militaire à Baden-Baden, il est affecté au service cinéma des armées, qui lui donne entre autres l’occasion de tourner dans son premier court métrage, “Chiffonard et Bon Aloi”. Il sympathise aussi à cette époque avec plusieurs comédiens en tournée théâtrale, dont Jean Marais, qui l’encouragent dans sa vocation.

Débarqué à Paris en 1954, il se met très vite à fréquenter “la bande des Cahiers du Cinéma”. C’est Jacques Rivette qui l’engage le premier dans son court métrage “Le Coup du berger” en 1956. Il tourne la même année dans “Elena et les hommes” de Jean Renoir et “L’Ami de la famille” de Jacques Pinoteau.

Il multiplie les apparitions, notamment dans “Ascenseur pour l’échafaud” (1957, Louis Malle).

La célébrité arrive en 1958 avec les deux premiers films de Claude Chabrol : “Le Beau Serge” et “Les Cousins” révèlent un acteur désinvolte et racé, qui emporte l’adhésion du public. Dès lors la Nouvelle Vague ne le lâche plus et Brialy tourne avec Jean-Luc Godard (1960, “Une femme est une femme”), François Truffaut (1967, “La Mariée était en noir”) ou encore Eric Rohmer (1969, “Le Genou de Claire”).

En 1971, il réalise son premier film, “Eglantine”, une évocation nostalgique de ses souvenirs d’enfance. Attaché à cette période de la vie, Jean-Claude Brialy décide de mettre également en images pour la télévision “Les Malheurs de Sophie” (1981) et surtout “Un bon petit diable” (1983), avec Alice Sapritch en marâtre.

Boulimique de travail, tournant plusieurs films par an à moins qu’il ne soit au théâtre, Jean-Claude Brialy touche à tous les genres.

Bon copain dans “Christine” (1958, Pierre Gaspard-Huit) ou débordé par les femmes dans “La Chasse à l’homme” (1964, Edouard Molinaro) et “Julie pot de colle” (1977, Philippe de Broca), il sait cultiver une image d’amuseur élégant.

Mais la gravité fait tout aussi bien partie de son jeu, qu’il exploite notamment dans les films noirs à la française comme “Mortelle randonnée” (1982, Claude Miller).

Préférant la retenue à l’extravagance, Jean-Claude Brialy incarna souvent des personnages tendres devenant avec l’âge de plus en plus paternels, voire patriarches, à l’exemple de “L’Effrontée” (1986, Claude Miller) et “La Reine Margot” (1994, Patrice Chéreau).

Source : www.24heures.ch

Arditi: “Brialy était mon héros”

Par Pierre ARDITI

Ils n’ont joué qu’une fois ensemble au cinéma: dans Les acteurs, de Bertrand Blier, où ils interprétaient… un couple. Grand moment d’émotion pour Pierre Arditi, dont Jean-Claude Brialy était le modèle depuis l’adolescence. “Je voyais tous ses films, je m’habillais comme lui”, dit-il aujourd’hui. Dans le comédien disparu Arditi voyait un “grand frère” et revendique sa palette de jeu. Hommage d’un ami qui a “des souvenirs de douceur de rapports humains absolument magnifiques”.

La première fois que j’ai croisé Jean-Claude, j’avais 16 ans. Je me promenais sur les Grands Boulevards avec des copains et nos petites chéries. Nous avons vu trois silhouettes se profiler à l’horizon, c’était Cassel, Brialy et Belmondo. Evidemment, on est restés un peu figés. C’étaient les gloires du moment. J’adorais Brialy parce qu’il était un jeune premier atypique. Il m’avait fasciné dans un court-métrage de Chabrol, Tous les garçons s’appellent Patrick, où il donnait libre cours à son côté iconoclaste, potache. Il est devenu mon héros. J’aimais sa manière d’être insolent, acide avec un charme fou. Physiquement, je l’ai toujours trouvé très beau. J’ai eu une vraie passion d’adolescent pour lui: j’allais voir tous ses films. J’essayais de m’habiller comme lui. A l’époque, c’était des pull-overs en V sur la peau nue, des pantalons de toile bleu ciel, des petites vestes de cuir.

La vraie rencontre s’est faite quand je jouais Tailleur pour dames de Feydeau, en 1985 aux Bouffes-Parisiens, qui allaient devenir son théâtre. Je lui ai dit: “Vous savez, vous êtes mon acteur favori depuis très longtemps.” Il a été heureux et flatté. Ce fut le début d’une vraie amitié entre nous. Chaque fois que je jouais, il venait me voir, et inversement. On a fini par jouer ensemble dans Les acteurs de Bertrand Blier.

“On parlait de tout, de la vie, du métier, des autres, de l’amour”

Jean-Claude aura passé une grande partie de sa carrière à incarner des rôles qui étaient exactement le contraire de ce qu’il était dans l’existence, c’est-à-dire un homme sensible, fragile, à la recherche de l’amour des autres. On le disait mondain, il était surtout aimable au sens du XVIIIe siècle. Toute sa vie, il a eu une ligne de conduite: pour être aimé des autres, il faut d’abord les aimer. En ce sens, je me considère comme l’un des fils naturels de Jean-Claude Brialy. Ce besoin que nous avons d’embrasser le monde à toute force.

Il n’était pas vraiment restaurateur. Il avait simplement acheté un établissement parce que c’était le meilleur moyen d’inviter ou de voir les gens qu’il aimait après le spectacle. Il disait: “Viens, on va dîner à l’Orangerie.” On parlait de tout, de la vie, du métier, des autres, de l’amour. Extraordinairement brillant, il était lui-même une sorte de fils spirituel de Guitry. Jean-Claude allait bien quand le monde autour de lui allait bien. J’ai des souvenirs de douceur de rapports humains absolument magnifiques et pas du tout show-biz. Il nous parlait beaucoup de Romy, qui était venue habiter à Monthyon, ou d’Isabelle Adjani. Reprenant le mot de Pascal Jardin, il disait qu’il fallait toujours traiter un ami comme si c’était la dernière fois qu’on le voyait, pour lui donner sa véritable importance.

Aujourd’hui, je me rends compte à quel point il avait une place importante dans mon existence. Lorsque j’ai raconté mon histoire de croisement de trottoir à Jean-Pierre Cassel, il m’avait envoyé une photo de lui, de Brialy et de Belmondo autour d’Edith Piaf en disant: “C’est tellement joli ton souvenir que je t’envoie une photo de cette époque.” J’en ai une dans ma loge et une autre chez moi. Ces temps-ci, je la regarde plus intensément.

Propos recueillis par Jean-Pierre LACOMME

Source : Le Journal du Dimanche

Filmographie :

Elena et les Hommes, de Jean Renoir (1956)

Le Coup du berger, de Jacques Rivette (1956)

Une Histoire d’eau, de Jean-Luc Godard (1957)

L’Ami de la famille, de Jacques Pinoteau (1957)

Le Triporteur, de Jacques Pinoteau (1957)

Les Amants, de Louis Malle (1958)

Ascenseur pour l’échafaud, de Louis Malle (1958)

Les Quatre cents coups, de François Truffaut (1959)

Vanina Vanini, de Roberto Rossellini (1961)

Les Godelureaux, de Claude Chabrol (1961)

Les Sept Péchés capitaux, de Claude Chabrol (1962)

La Chasse à l’homme, de Edouard Molinaro (1964)

Un Homme de trop, de Costa-Gavras (1967)

La Mariée était en noir, de François Truffaut (1968)

Le Genou de Claire, de Eric Rohmer (1970)

Barocco, de André Téchiné (1976)

Julie pot de colle, de Philippe de Broca (1977)

Robert et Robert, de Claude Lelouch (1978)

La Crime, de Philippe Labro (1983)

Papy fait de la résistance, de Jean-Marie Poiré (1983)

Pinot simple flic, de Gérard Jugnot (1984)

L’Effrontée, de Claude Miller (1985)

Le Débutant, de Daniel Janneau (1986)

Inspecteur Lavardin, de Claude Chabrol (1986)

Un Homme et une femme : vingt ans déjà, de Claude Lelouch (1986)

Ripoux contre ripoux, de Claude Zidi (1990)

La Reine Margot, de Patrice Chéreau (1994)

Beaumarchais, l’insolent, de Edouard Molinaro (1996)

L’Homme de ma vie, de Stéphane Kurc (1999)

Les Acteurs, de Bertrand Blier (2000)

Les Filles, personne s’en méfie, de Charlotte Silvera (2003)

People Jet set 2, de Fabien Onteniente (2004)

Quartier VIP, de Laurent Firode (2005)

Dernière enquête, de Romuald Beugnon (2007)

Les Rois maudits (TV), de Josée Dayan (2005)

Théâtre :

Mon père avait raison de Sacha Guitry, Mise en scène Jean-Claude Brialy (1988)

J’ai oublié de vous dire, de Jean-Claude Brialy (2005)

Monsieur de Saint-Futile de Françoise Dorin, Mise en Scène de Jean-Luc Moreau (1995)

Désiré, de Sacha Guitry (1984)

Si t’es beau, t’es con, de Françoise Dorin (1977)

La puce à l’oreille, de Georges Feydeau (1968)

Un dimanche à New-York, de Norman Krasna (1962)

Bibliographie :

Le ruisseau des singes (2000)

J’ai oublié de vous dire (2004)

Les pensées les plus drôles des acteurs (2006)

Mon Algérie (2006)

Prix :

César du meilleur acteur dans un second rôle pour “Les Innocents” (1988)

Prix Jean-Le Duc décerné par l’Académie française pour “Eglantine” (1975)

Prix du Maître du bon goût Ballantine (1990)

Distinctions :

Légion d’honneur (2004)

Commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur (05/2005)

Ordre du Mérite

Commandeur des Arts et des Lettre

Business :

Un restaurant “L’Orangerie”, rue Saint-Louis-en-l’Ile à Paris

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