Cinéma : Financements sur le fil

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Pour les producteurs et réalisateurs trouver des fonds s’apparente souvent àun parcours difficile. Exemple : J’attends quelqu’un , de Jérôme Bonnell
produit par Les Films des Tournelles et La Môme d’Olivier Dahan, produit par
Légende. Le premier a coûté 3 millions d’euros, le second 20 millions. Conçus,
financés et réalisés dans deux mondes presque parallèles, leur addition constitue
l’industrie française du cinéma.

Lorsqu’il présente son scénario à la commission de l’avance sur recettes en
2005, Jérôme Bonnell est en quête de producteur. Grâce à l’actrice Emmanuelle
Devos, il rencontre Anne-Dominique Toussaint, des Films des Tournelles.
Une fois conclu le contrat avec Jérôme Bonnell, Anne-Dominique Toussaint
doit vite engager des fonds des Films de Tournelles dans la préparation du film.
Le cinéaste veut tourner au printemps 2006 et, en attendant les réponses des
institutions et sociétés qu’elle a sollicitées, il lui faut avancer la somme.
L’argent des Tournelles vient en grande partie du compte de soutien automatique, mécanisme par lequel les producteurs délégués (structure qui, parmi les
coproducteurs, mène à bien la production du film) reçoivent un revenu
supplémentaire versé par le CNC, calculé selon les revenus des précédents
films dont les Tournelles ont été producteurs délégués. Anne-Dominique
Toussaint a évalué le budget du film à 3,5 millions d’euros. Mais elle n’est sûre
que du concours de l’avance sur recettes. La productrice l’évalue à 400 000
euros environ. Les Films des Tournelles reçoivent une première réponse
positive de la région Ile-de-France. Elle accorde 384 000 euros.

Cet accord s’ajoute à la promesse de l’avance sur recettes et facilite le dialogue
avec les télévisions. France 2 puis Canal+ préachètent le film, un coproducteur
et deux Sofica complètent le financement. Les 3,5 millions réunis, le tournage
commence le 18 avril et dure neuf semaines. Finalement, le film ne coûte que 3
millions d’euros ; 500 000 euros d’imprévus et frais généraux n’ont pas été utilisés
et réduisent ainsi le montant de l’investissement direct des Films des Tournelles.
Début 2005, Olivier Dahan propose à Alain Goldman, patron de la société
Légende, de faire un film sur Edith Piaf. Alain Goldman a immédiatement accepté.
Le producteur, patron de la société Légende, a proposé à Disney de distribuer La
Môme en France, à Studio Canal pour le reste du monde. Les deux ont cofinancé
la préproduction puis se sont retirés. Son succès actuel ne doit pas faire oublier
que La Môme était un ” pari difficile “. Gaumont ou Pathé ont refusé de financer
le film. C’est finalement TF1 qui y a investi 9,55 millions d’euros. Le groupe de
Martin Bouygues distribuera le film en salles, via sa filiale TFM, le vendra à
l’étranger, l’éditera en vidéo et le diffusera le premier sur une chaîne en clair.
Légende n’a pas sollicité d’aide publique, ne disposant pas encore de compte
de soutien. Et le budget est trop gros pour que les aides d’une région ou de
l’avance sur recettes fassent la différence. Mieux vaut donc se tourner vers
l’étranger : la société de production tchèque Okko apporte 5 millions d’euros, dont
une partie en prestations techniques. Tourné pour partie à Prague, le film y profite
du coût plus faible des techniciens et figurants. Le coproducteur britannique
Songbird apporte 3,5 millions d’euros et contribuera à la postproduction.

L’apport de TF1 (comme celui de France 2 à J’attends quelqu’un ou le préachat
par Canal+ des deux films) relève autant de l’investissement audacieux que de la
contrainte. Dans le système français, les chaînes généralistes doivent investir
3,2 % de leur chiffre d’affaires dans le cinéma (12 % pour Canal+). Légende a
contribué pour 438 000 euros à la production. Mais, pour l’instant, « nous n’avons
pas touché 1 euro », remarque Alain Goldman, les partenaires financiers devant
récupérer leur mise avant que l’initiateur du projet ne commence à en profiter.

Source : Thomas Sotinel / Le Monde – 13 avril 2007

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