Raoul Coutard ou quand le septième art prend les armes du reportage

0
1848
 

REGARDEZ À bout de souffle, Le Mépris, Jules et Jim ou La Peau douce et vous pensez aussitôt Jean-Luc Godard, François Truffaut. Mais si vous êtes un peu cinéphile, vous imaginez celui qui tient la caméra et vous pensez Raoul Coutard, sacré chef opérateur par les enfants terribles de la nouvelle vague, qui a travaillé aussi avec Jacques Demy, Costa-Gavras, Philippe de Broca ou Molinaro. Celui à qui Godard avait donné un visage dans le générique du Mépris a réinventé une façon de filmer en décor naturel en y mettant son savoir-faire de reporter. Aujourd’hui, alors que la Cinémathèque vient de lui rendre hommage avec une grande rétrospective, il publie un livre de souvenirs, L’Impérial de Van Su (chez Ramsay) où il raconte son itinéraire, du reportage de guerre au tournage de films mythiques, à travers souvenirs et anecdotes.

Au fait, pourquoi directeur de la photographie pour qualifier le chef opérateur ? À en croire Raoul Coutard, c’était pour avoir un titre plus ronflant. « Dans ma campagne, une dame m’avait demandé ce que je faisais. Quand je le lui ai dit, elle m’a proposé de photographier sa petite fille… Et quand j’évoque les films auxquels j’ai participé, seul L’Emmerdeur de Molinaro leur dit quelque ­chose ! »

Seize films avec Godard

Une leçon de modestie commencée à apprendre dès 1945 quand il s’engage pour combattre les Japonais avant de rejoindre l’Indochine comme reporter-photographe. « À cette époque, le service d’information des armées reconstituait les opérations militaires pour les filmer. Le général de Lattre est arrivé et a décidé que les reporters participeraient aux opérations en direct. C’est là que Schoendoerffer est arrivé… Un peu après, je l’ai emmené manger cette soupe chinoise, L’Impériale de Van Su, qui donne son titre à mon livre. Nous nous sommes promis de nous entraider. Revenu en France, il m’a présenté le producteur Georges de Beauregard qui m’a fait rencontrer Godard. Voilà comment on fait du cinéma ! Mais avant, j’ai fait et regardé faire la guerre pendant dix ans. »

Après, il y a un documentaire sur l’Afghanistan qui reçoit un prix au Festival de Berlin et Godard qui cherche un opérateur pour réaliser un film pas cher qui s’appellera À bout de souffle. « Il voulait tourner tout le film en décors naturels pour avoir le moins de frais possible. Il fallait filmer comme en reportage sans son synchrone et sans lumière. Je connaissais ce genre de travail. On faisait deux ou trois prises de vues à la main. Comme on n’avait pas les projecteurs des studios, on était obligé de bricoler avec du matériel d’amateur. Au début, Jean Seberg qui avait tourné avec Preminger était abasourdie, mais elle a eu du courage ! » Coutard tournera encore seize films avec Godard, dont il parle avec lucidité et tendresse : « Pour lui, chaque film était un challenge, contrairement à Truffaut qui était plus classique et minutieux. Il voulait toujours faire ce qui n’avait jamais été fait. Je ne me suis pas toujours entendu avec lui. On est toujours obligé de s’entendre avec un copain. Mais pas avec quelqu’un qu’on aime ! »

Le cap de la réalisation

Après avoir été chef opérateur pour une cinquantaine de films, l’homme de la technique improvisée et de l’invention bricolée que les plus grands cinéastes s’arrachent, décide de passer le cap de la réalisation. Deux courts-métrages, puis il met en scène en 1969 son premier long, Hoa Binh (« paix » en vietnamien) sur les enfants de Saïgon qui n’avaient connu que la guerre. « J’ai eu la chance de réaliser le film que je voulais faire. Ensuite, celui que je pouvais faire avec La Légion saute sur Kolwesi, et celui… que je ne devais pas faire avec SAS à San Salvador », résume Raoul Coutard avec ironie et sans amertume.

Maintenant, à 83 ans, couvert de prix, ce compagnon de route du cinéma français, baroudeur du reportage et aventurier de la pellicule, remarque avec humilité : « Aimer un film dépend de plein de choses. L’image n’est pas ce qui s’impose ! » Mais qu’il se rassure, on a retenu celui qui les a filmées et qui se cache derrière le succès de La mariée était en noir, Z ou Le Crabe-Tambour.

Source : Dominique Borde / LE FIGARO – 10/04/2007

Si vous voulez connaître le calendrier de mes sessions de formations, allez sur Dirprod Formations.

Mes principales formations :

Créer sa boîte de prod !
Produire un documentaire pour la télé.
Directeur de production pour le cinéma, les indispensables.
Directeur de production en fiction télé, les indispensables.

Raoul Coutard est né le 16 Septembre 1924 à Paris

C H E F O P É R A T E U R

2001

Sauvage innocence de Philippe Garrel

1996

Le coeur fantôme de Philippe Garrel

1995

Faut pas rire du bonheur de Guillaume Nicloux

1993

La naissance de l’amour de Philippe Garrel

1992

La vie crevée de Guillaume Nicloux

1991

Maigret et les plaisirs de la nuit de José Pinheiro (TV)

1990

Docteur Béthune de Phillip Borsos

Les enfants volants de Guillaume Nicloux

Kaffeeklatsch de Sabine Eckhard

Nachbarschaft de Sabine Eckhard

La femme fardée de José Pinheiro

Il gèle en enfer de Jean-Pierre Mocky

1988

Brennende Betten de Pia Frankenberg

Peaux de vaches (non crédité) de Patricia Mazuy

Ne réveillez pas un flic qui dort de José Pinheiro

Blanc de Chine de Denys Granier-Deferre

1986

Max, mon amour de Nagisa Oshima

1985

Parachute de Sabine Eckhard

1984

La garce de Christine Pascal

La diagonale du fou de Richard Dembo

1983

Prénom Carmen de Jean-Luc Godard

1982

Passion de Jean-Luc Godard

1977

Le crabe-tambour de Pierre Schoendoerffer

1974

Comme un pot de fraises ! de Jean Aurel

1973

L’emmerdeur de Edouard Molinaro

1972

Embassy de Gordon Hessler

Le gang des otages de Edouard Molinaro

The Jerusalem File de John Flynn

Le trèfle à cinq feuilles de Edmond Freess

1971

Les aveux les plus doux de Edouard Molinaro

L’explosion de Marc Simenon

1970

Etes-vous fiancée à un marin grec ou à un pilote de ligne ? de Jean Aurel

L’aveu de Costa-Gavras

1969

The Southern Star de Sidney Hayers & Orson Welles

Z de Costa-Gavras

1968

Rocky Road to Dublin de Peter Lennon

1967

L’horizon de Jacques Rouffio

La mariée était en noir de François Truffaut

Week End de Jean-Luc Godard

La chinoise de Jean-Luc Godard

The sailor from Gibraltar de Tony Richardson

2 ou 3 choses que je sais d’elle de Jean-Luc Godard

1966

Made in U.S.A. de Jean-Luc Godard

L’espion de Raoul Levy

1965

Je vous salue mafia de Raoul Levy

Scruggs de David Hart

Un monsieur de compagnie de Philippe De Broca

Pierrot le fou de Jean-Luc Godard

Alphaville de Jean-Luc Godard

La 317e section de Pierre Schoendoerffer

1964

Petit jour de Jackie Pierre

Une femme mariée de Jean-Luc Godard

Le grand escroc de Jean-Luc Godard

(CM pour la série Les plus belles escroqueries du monde)

Bande à part de Jean-Luc Godard

La difficulté d’être infidèle de Bernard Toublanc-Michel

La peau douce de François Truffaut

1963

Als twee druppels water de Fons Rademakers

Les baisers de Claude Berri

Vacances portugaises de Pierre Kast

Le mépris de Jean-Luc Godard

Les carabiniers de Jean-Luc Godard

Le petit soldat de Jean-Luc Godard

1962

Et satan conduit le bal de Grisha Dabat

Vivre sa vie de Jean-Luc Godard

La poupée de Jacques Baratier

Antoine et Colette de François Truffaut
(CM pour la série L’amour à vingt ans)

Jules et Jim de François Truffaut

1961

Les grandes personnes de Jean Valère

Tire au flanc de Claude De Givray

Chronique d’un été de Jean Rouch

Une femme est une femme de Jean-Luc Godard

Lola de Jacques Demy

1960

Tirez sur le pianiste de François Truffaut

À bout de souffle de Jean-Luc Godard

1959

La passe du diable de Pierre Schoendoerffer

Pêcheur d’Islande de Pierre Schoendoerffer

Ramuntcho de Pierre Schoendoerffer

R É A L I S A T I O N

S.A.S. à San Salvador . 1982

La légion saute sur Kolwezi .1979

Hoa-Binh . 1970

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here