REGARDEZ À bout de souffle, Le Mépris, Jules et Jim ou La Peau douce et vous pensez aussitôt Jean-Luc Godard, François Truffaut. Mais si vous êtes un peu cinéphile, vous imaginez celui qui tient la caméra et vous pensez Raoul Coutard, sacré chef opérateur par les enfants terribles de la nouvelle vague, qui a travaillé aussi avec Jacques Demy, Costa-Gavras, Philippe de Broca ou Molinaro. Celui à qui Godard avait donné un visage dans le générique du Mépris a réinventé une façon de filmer en décor naturel en y mettant son savoir-faire de reporter. Aujourd’hui, alors que la Cinémathèque vient de lui rendre hommage avec une grande rétrospective, il publie un livre de souvenirs, L’Impérial de Van Su (chez Ramsay) où il raconte son itinéraire, du reportage de guerre au tournage de films mythiques, à travers souvenirs et anecdotes.
Au fait, pourquoi directeur de la photographie pour qualifier le chef opérateur ? À en croire Raoul Coutard, c’était pour avoir un titre plus ronflant. « Dans ma campagne, une dame m’avait demandé ce que je faisais. Quand je le lui ai dit, elle m’a proposé de photographier sa petite fille… Et quand j’évoque les films auxquels j’ai participé, seul L’Emmerdeur de Molinaro leur dit quelque chose ! »
Seize films avec Godard
Une leçon de modestie commencée à apprendre dès 1945 quand il s’engage pour combattre les Japonais avant de rejoindre l’Indochine comme reporter-photographe. « À cette époque, le service d’information des armées reconstituait les opérations militaires pour les filmer. Le général de Lattre est arrivé et a décidé que les reporters participeraient aux opérations en direct. C’est là que Schoendoerffer est arrivé… Un peu après, je l’ai emmené manger cette soupe chinoise, L’Impériale de Van Su, qui donne son titre à mon livre. Nous nous sommes promis de nous entraider. Revenu en France, il m’a présenté le producteur Georges de Beauregard qui m’a fait rencontrer Godard. Voilà comment on fait du cinéma ! Mais avant, j’ai fait et regardé faire la guerre pendant dix ans. »
Après, il y a un documentaire sur l’Afghanistan qui reçoit un prix au Festival de Berlin et Godard qui cherche un opérateur pour réaliser un film pas cher qui s’appellera À bout de souffle. « Il voulait tourner tout le film en décors naturels pour avoir le moins de frais possible. Il fallait filmer comme en reportage sans son synchrone et sans lumière. Je connaissais ce genre de travail. On faisait deux ou trois prises de vues à la main. Comme on n’avait pas les projecteurs des studios, on était obligé de bricoler avec du matériel d’amateur. Au début, Jean Seberg qui avait tourné avec Preminger était abasourdie, mais elle a eu du courage ! » Coutard tournera encore seize films avec Godard, dont il parle avec lucidité et tendresse : « Pour lui, chaque film était un challenge, contrairement à Truffaut qui était plus classique et minutieux. Il voulait toujours faire ce qui n’avait jamais été fait. Je ne me suis pas toujours entendu avec lui. On est toujours obligé de s’entendre avec un copain. Mais pas avec quelqu’un qu’on aime ! »
Le cap de la réalisation
Après avoir été chef opérateur pour une cinquantaine de films, l’homme de la technique improvisée et de l’invention bricolée que les plus grands cinéastes s’arrachent, décide de passer le cap de la réalisation. Deux courts-métrages, puis il met en scène en 1969 son premier long, Hoa Binh (« paix » en vietnamien) sur les enfants de Saïgon qui n’avaient connu que la guerre. « J’ai eu la chance de réaliser le film que je voulais faire. Ensuite, celui que je pouvais faire avec La Légion saute sur Kolwesi, et celui… que je ne devais pas faire avec SAS à San Salvador », résume Raoul Coutard avec ironie et sans amertume.
Maintenant, à 83 ans, couvert de prix, ce compagnon de route du cinéma français, baroudeur du reportage et aventurier de la pellicule, remarque avec humilité : « Aimer un film dépend de plein de choses. L’image n’est pas ce qui s’impose ! » Mais qu’il se rassure, on a retenu celui qui les a filmées et qui se cache derrière le succès de La mariée était en noir, Z ou Le Crabe-Tambour.
Source : Dominique Borde / LE FIGARO – 10/04/2007
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Raoul Coutard est né le 16 Septembre 1924 à Paris
C H E F O P É R A T E U R
2001
Sauvage innocence de Philippe Garrel
1996
Le coeur fantôme de Philippe Garrel
1995
Faut pas rire du bonheur de Guillaume Nicloux
1993
La naissance de l’amour de Philippe Garrel
1992
La vie crevée de Guillaume Nicloux
1991
Maigret et les plaisirs de la nuit de José Pinheiro (TV)
1990
Docteur Béthune de Phillip Borsos
Les enfants volants de Guillaume Nicloux
Kaffeeklatsch de Sabine Eckhard
Nachbarschaft de Sabine Eckhard
La femme fardée de José Pinheiro
Il gèle en enfer de Jean-Pierre Mocky
1988
Brennende Betten de Pia Frankenberg
Peaux de vaches (non crédité) de Patricia Mazuy
Ne réveillez pas un flic qui dort de José Pinheiro
Blanc de Chine de Denys Granier-Deferre
1986
Max, mon amour de Nagisa Oshima
1985
Parachute de Sabine Eckhard
1984
La garce de Christine Pascal
La diagonale du fou de Richard Dembo
1983
Prénom Carmen de Jean-Luc Godard
1982
Passion de Jean-Luc Godard
1977
Le crabe-tambour de Pierre Schoendoerffer
1974
Comme un pot de fraises ! de Jean Aurel
1973
L’emmerdeur de Edouard Molinaro
1972
Embassy de Gordon Hessler
Le gang des otages de Edouard Molinaro
The Jerusalem File de John Flynn
Le trèfle à cinq feuilles de Edmond Freess
1971
Les aveux les plus doux de Edouard Molinaro
L’explosion de Marc Simenon
1970
Etes-vous fiancée à un marin grec ou à un pilote de ligne ? de Jean Aurel
L’aveu de Costa-Gavras
1969
The Southern Star de Sidney Hayers & Orson Welles
Z de Costa-Gavras
1968
Rocky Road to Dublin de Peter Lennon
1967
L’horizon de Jacques Rouffio
La mariée était en noir de François Truffaut
Week End de Jean-Luc Godard
La chinoise de Jean-Luc Godard
The sailor from Gibraltar de Tony Richardson
2 ou 3 choses que je sais d’elle de Jean-Luc Godard
1966
Made in U.S.A. de Jean-Luc Godard
L’espion de Raoul Levy
1965
Je vous salue mafia de Raoul Levy
Scruggs de David Hart
Un monsieur de compagnie de Philippe De Broca
Pierrot le fou de Jean-Luc Godard
Alphaville de Jean-Luc Godard
La 317e section de Pierre Schoendoerffer
1964
Petit jour de Jackie Pierre
Une femme mariée de Jean-Luc Godard
Le grand escroc de Jean-Luc Godard
(CM pour la série Les plus belles escroqueries du monde)
Bande à part de Jean-Luc Godard
La difficulté d’être infidèle de Bernard Toublanc-Michel
La peau douce de François Truffaut
1963
Als twee druppels water de Fons Rademakers
Les baisers de Claude Berri
Vacances portugaises de Pierre Kast
Le mépris de Jean-Luc Godard
Les carabiniers de Jean-Luc Godard
Le petit soldat de Jean-Luc Godard
1962
Et satan conduit le bal de Grisha Dabat
Vivre sa vie de Jean-Luc Godard
La poupée de Jacques Baratier
Antoine et Colette de François Truffaut
(CM pour la série L’amour à vingt ans)
Jules et Jim de François Truffaut
1961
Les grandes personnes de Jean Valère
Tire au flanc de Claude De Givray
Chronique d’un été de Jean Rouch
Une femme est une femme de Jean-Luc Godard
Lola de Jacques Demy
1960
Tirez sur le pianiste de François Truffaut
À bout de souffle de Jean-Luc Godard
1959
La passe du diable de Pierre Schoendoerffer
Pêcheur d’Islande de Pierre Schoendoerffer
Ramuntcho de Pierre Schoendoerffer
R É A L I S A T I O N
S.A.S. à San Salvador . 1982
La légion saute sur Kolwezi .1979
Hoa-Binh . 1970