Philippe Guilbert SBC, directeur de la photographie de “TOI ET MOI”

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Avant-propos

– C’est Jean-Luc Vandamme (Bananafilm) qui a proposé mon nom à Alain Benguigui, producteur de Sombrero à Paris.

A ce moment-là, il était question de faire une coprod avec la Belgique.

J’ai dans un 1er temps rencontré le producteur français qui voulait vérifier mes compétences par des extraits de DVD, tester mon enthousiasme et vérifier que j’accepte des conditions financières en dessous du barème syndical français.

Dans un 2ème temps, j’ai rencontré la réalisatrice. C’était son 2ème film (elle avait obtenu la Caméra d’or à Cannes avec “Bord de mer”).

Elle rencontrait 4 chefs-op et m’a choisi en visionnant les 2 longs métrages de Benoît Mariage.

– Entre-temps la coproduction belge ne s’est pas concrétisée, mais je suis resté !

Nous avons travaillé le découpage avec Julie pendant plusieurs semaines tout en commençant à voir des décors.

La principale discussion technique concernait le support :

– 10 à 15 % du film allait être sous la forme de roman-photo, des images fixes (avec ou sans bulles) + des voix off.

Julie ne savait pas encore si elle voulait une image réaliste ou onirique.

Ces romans-photos correspondaient à l’imaginaire de Julie Depardieu (1er rôle).

Elle se projetait dans les histories qu’elle écrivait: Elle et tous les autres personnages du film.

– La question se posait donc: comment et sur quel support allaient être faîtes ces images fixes ?

De toutes façons, il fallait qu’elles passent par un support numérique.

– Julie Lopez m’a donc suggéré son envie, du moins son questionnement, d’un tournage en HD. De cette manière, on aurait un étalonnage numérique sur l’ensemble du film.

– Pourquoi pas !

J’ai déjà fait plusieurs films en 35 et plusieurs en super 16, jamais en HD.

– J’ai commencé à me renseigner.

Le loueur étant TSF, la proposition était la Varicam ou la Viper avec enregistrement sur S2 (pas encore de dos numérique en mars). Le S2 devait être stocké sur cassette LTO .

La Varicam ne me semblant pas à la hauteur, je me suis penché vers la Viper.

Nous avons visionné des essais comparatifs faits par l’AFC (35 mm – Viper).

Les mêmes images: jour (ext et int) et la même chose en nuit.

De très beaux essais. Assez bluffant sur la définition et la sensibilité du HD.

J’avoue que j’étais assez bluffé !

Problème pour Julie: l’aspect métallique du numérique !

De plus, Julie n’avait jamais tourné en 35 mm et en avait très envie.

Bref ! Le choix était difficile !

– Pour moi, le + gros problème de la Viper était l’encombrement du système d’enregistrement et la connectique ! Nous allions tourner dans des voitures, des petits apparts.
De +, le système que TSF nous proposait m’avait l’air encore expérimental !

Ce qui s’est avéré vrai sur le tournage du “Poulain” tourné cet été en Belgique.

Même le labo était hésitant, ne sachant pas s’ils étaient capables de manipuler autant de données informatiques !

– Producteur et réalisateur m’ont demandé de trancher !

Après tout, j’aurai bien l’occasion de faire des longs à l’avenir en HD. Et avec le 35, je suis en terrain connu !!

Tournage :

– Rien de bien spécial.

Si ce n’est que c’était un film de femmes !

De belles actrices à rendre encore + belles, tout en gardant un beau contraste.

Un peu de tout: jour, nuit, intérieur, extérieur .

– L’équipe: les fidèles: – Zoé Vink (1ère assistante);

– Bruno Verstraete (chef-électro);

– Romain Gouillart (chef-machino).

– Matériel: – Moviecam Compact + Cooke S4 .

– Pellicule: Kodak, mixte entre la 05 (250 daylight) et la 18 (500 Tungsten).

– Labo: LTC -développement normal – rushes en Beta SP + DVD pour le plateau.

– J’ai un peu filtré les gros plans de comédiennes en Soft FX, mais Julie avait peur de trop de diffusion (jamais plus que le 1/4 soft FX).

Le film de référence pour elle, c’était “Lost in Translation” de Sofia Coppola,

pour la douceur de lumière sur les visages, le contraste et le réalisme.

– La + grande difficulté fut d’être doux sur les comédiennes et sombre sur les décors (dans des petits apparts parisiens) .

La déco m’a bien aidé, mais je trouve que l’on aurait pu peindre les murs encore + sombre.

Heureusement que nous avions la grande gamme de néons de Bruno (encore + complète depuis) .

Toutes les tailles et tout dimmable !

Roman-Photo .

La discussion a duré pendant une partie du tournage.

On avait 3 jours de shoot photo prévus en fin de tournage: quelle technique, avec qui, où ???

Ma proposition était de faire les photos en studio avec éclairage incandescent (pas de flash !) et de préalablement faire shooter des décors extérieurs pour pouvoir y incruster les comédiens.

De cette manière, on pourrait travailler différemment le réalisme des décors sans toucher à la lumière des comédiens.

Nous avons rencontré plusieurs graphistes et photographes pour accepter le principe évoqué + haut !

Julie préférait que je fasse les photos moi-même, étant donné que je connaissais parfaitement les comédiens et leur physionomie.

Après tout, je faisais déjà 24 photos/sec depuis 8 semaines.

– Les décors ont été photographiés par le photographe de plateau (en argentique – je me demande toujours pourquoi !) .

Et nous avons fait 3 jours de prises de vues en photo numérique en Studio: 300 photos (avec le top de chez Nikon). Fond Blanc et certains éléments en vert incrust .

On respectait les angles de prises de vue des décors déjà shootés et les axes lumières.

C’était passionnant mais épuisant !

– Martin Arnaldo était le graphiste responsable du roman-photo.

C’est lui qui a travaillé toutes les intégrations et les teintes des décors.

Le + laborieux, c’est que l’on a eu du mal à étalonner les séquences entières sur son ordi, vu la lenteur de transition d’une image à l’autre.

On a décidé de tout transférer au labo (chez LTC) et d’avoir une séance d’étalonnage numérique sur grand écran au Spector.

Malheureusement, je n’ai pu y assister (en train de tourner “Cow-Boy” en Belgique) .

J’aurais aimé mettre des masques en +, et pousser les hautes lumières.

Labo :

– Aucun souci.

Tirage sur la Kodak standard.

Interpo et interneg parfaits.

Beau contraste, belles brillances jusqu’à la 1ère copie de série (je ne vais pas vérifier les 199 autres).

Mon seul regret: le télécinéma définitif a été fait en 625 lignes (1 seul masque possible) et pas la définition du HD ).

Cela représentait une grosse différence de prix !

C’est surtout dommage pour la bande annonce qui est shootée à partir du TC définitif .

On y retrouve les problèmes liés à la vidéo: manque de définition dans les plans larges.

Voilà ! Reste à voir le film !

Je trouve l’intégration des images fixes plutôt réussie.

J’ai en tous cas eu beaucoup de plaisir à tourner ce film (avec ma toujours très efficace et chouette équipe) .

Philippe Guilbert SBC

Source : http://www.imago.org

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