Le triomphe de lady Ferran

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La 32e cérémonie des césars s’est déroulée samedi soir au Théâtre du Châtelet, à Paris. La reine en aura été Pascale Ferran, dont le film Lady Chatterley obtient cinq césars sur les quinze théoriquement possibles, dont le plus important, celui du meilleur film. C’est elle aussi qui aura été le porte-voix des inquiétudes de la profession, sous des applaudissements très nourris, défendant, avec passion, et le système d’indemnisation des intermittents, et le mode de production des films en France. L’exceptionnel succès en salles du cinéma français cette année (85 millions d’entrées, 45 % de parts de marché, soit le meilleur résultat depuis vingt ans) n’aura ainsi pas suffi à dissiper les inquiétudes. Viennent ensuite Ne le dis à personne de Guillaume Canet, sorti en même temps que Lady Chatterley le 1er novembre, qui empoche quatre récompenses, puis Je vais bien, ne t’en fais pas de Philippe Lioret avec deux récompenses, d’autres titres en obtenant une. Le grand perdant est bien évidemment Coeurs d’Alain Resnais qui repart bredouille, suivi par Indigènes de Rachid Bouchareb, seulement distingué au titre du meilleur scénario original. On notera que l’Académie des césar a inversé dans ses choix le verdict du public qui, parmi les films ayant obtenu au moins une statuette, a préféré Indigènes (3,2 millions d’entrées), puis Ne le dis à personne (2,8 millions), OSS 117 – Le Caire nid d’espions (2,3 millions), Quand j’étais chanteur (944 000), Je vais bien, ne t’en fais pas (886 000), et, très loin derrière, Lady Chatterley (191 000). Espérons au demeurant que le succès de samedi soir entraînera un regain d’intérêt pour un film qui le mérite amplement.

Cela étant dit, que de – raisons d’indignation face au verdict d’une Académie qui a su, en 2005 par exemple, distinguer l’Esquive comme meilleur film et Quand la mer monte comme meilleur – premier film. Meilleur réalisateur cette année ? Guillaume Canet. Meilleur qu’Alain Resnais, Pascale Ferran, Rachid Bouchareb et Philippe Lioret donc. On rêve. Meilleur premier film ? Je vous trouve très beau d’Isabelle Mergault. C’est le seul qui ne tenait pas la route, face à deux titres d’une grande audace, 13 Tzameti de Gela Babluani et les Fragments d’Antonin de Gabriel Le Bomin, un qui pouvait toucher par son engagement, Mauvaise foi de Ros- chdy Zem et un par son bouillonnement formel, Pardonnez-moi de Maïwenn. Meilleur documentaire ? Dans la peau de Jacques Chirac de Karl Zéro et Michel Royer. Au pays de Jean Rouch et Raymond Depardon, et face à ne serait-ce que Chantal Akerman, les bras en tombent. Meilleur film étranger ? Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valérie Faris. Ce titre a été apprécié dans nos colonnes à sa sortie. Mais, face à Babel, le Secret de Brokeback Mountain, The Queen et Volver, c’est néanmoins l’unique qu’il ne fallait pas retenir. De tous les prix non attribuables aux longs métrages de fiction français, le seul justifiable est celui du court métrage, qui va à Fais de beaux rêves de Marilyne Canto, encore qu’il y a là aussi une prime à la notoriété car les Volets, de Lyèce Boukhitine, aurait été également un choix plus qu’honorable.

C’est donc sur une impression plus que mitigée que se sont achevés ces césars. Rendant son verdict le 22 janvier sous la forme des étoiles d’or, la presse cinématographique a été autrement subtile en distinguant ex aequo Lady Chatterley et Indigènes comme meilleur film et Alain Resnais comme meilleur réalisateur, tout en appréciant de concert avec l’Académie François Cluzet en tant que comédien dans le film de Guillaume Canet ou Mélanie Laurent comme révélation féminine chez Philippe Lioret.

Source : Jean Roy / LIBERATION

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