Les studios américains investissent dans le cinéma français

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Adaptation inéluctable à un marché local
de plus en plus concurrentiel ou revirement stratégique de plus grande ampleur ?
Des alliances tissées de longue date éclatent, comme les GIE qui liaient encore
récemment dans le domaine de la distribution la société française Gaumont à
Columbia. United International Pictures (UIP), qui unissait les majors
américaines Paramount et Universal, disparaît. Ces métamorphoses se traduisent
aussi, fait nouveau, par une volonté de certaines majors comme Paramount de
coproduire et distribuer des films français ou, comme Fox, de commencer à en
acquérir, uniquement pour les distribuer.

La disparition
d’UIP, effective depuis le 1er janvier, s’explique, selon Camille
Trumer, président de Paramount Pictures France, “par la volonté des studios
de sortir plus sereinement leurs films chaque année. Au-delà de 30 longs
métrages par an, on ne fait pas du bon travail. La France est le seul pays au
monde où l’on sort 600 films par an ; la concurrence est de plus en plus vive,
même dans un marché sain”. Et il ajoute : “On parle toujours du
bouche-à-oreille, mais il faut d’abord qu’il y ait des yeux, que les spectateurs
puissent parler d’un film.”

M. Trumer pense qu’il faut adapter une stratégie de sortie à chaque film,
viser des publics spécifiques en amont. Outre ses propres films et ceux de sa
filiale Dreamworks, Paramount a distribué en 2006 seize films Universal, soit
vingt-neuf longs métrages. Ce n’est pourtant qu’en 2008 qu’Universal devrait
prendre son autonomie et créer sa propre équipe en France. Si bien que, en 2007,
Paramount devrait encore distribuer une douzaine de longs-métrages
d’Universal.

Ayant profondément modifié sa stratégie à Los Angeles depuis la reprise en
main par le nouveau patron, Brad Grey, Paramount, qui multiplie ses productions
aux Etats-Unis, encourage plutôt sa filiale française à coproduire et acquérir
des films français. Autrefois, deux sociétés en sommeil aujourd’hui, Uranus et
Marianne, filiales françaises de Paramount, avaient coproduit Le Souffle au
coeur (1971) de Louis Malle ou Paris brûle-t-il ? (1966).

Désormais, l’objectif est de coproduire ou d’acquérir les droits de diffusion
de deux à cinq films par an. Le studio, qui renforce son équipe marketing et
s’adjoint une responsable de la coproduction, avait déjà investi en 2006 dans
des films d’auteur, comme La Science des rêves de Michel Gondry ou encore
Zidane, portrait du XXIe siècle de Philippe Parreno et Douglas
Gordon. Il a aussi distribué Le Secret des poignards volants de Zhang
Yimou (2004).

PROBLÈMES DE NATIONALITÉ

Nouvelle stratégie aussi pour la 20th Century Fox France, qui a
depuis longtemps rompu son alliance avec le français UGC et, dorénavant,
distribue aussi les longs-métrages de la MGM, Search Light, Regency, Fox 2000 ou
Atomic. Son directeur général, José Covo, confirme au Monde son intention
de distribuer des films français. Après lui, de Gaël Morel, avec
Catherine Deneuve et Guy Marchand en tête d’affiche, sera le premier film à
bénéficier de cette nouvelle politique, en mai. “Parfois la distribution est
plus risquée que la production, souligne M. Covo. Je n’ai aucunement
l’intention d’envahir ou de préempter la production française.”

De son côté, Francis Boespflug, président de Warner Bros Pictures France
attend, d’ici à la fin du semestre, la décision du Conseil d’Etat qui doit
définir la nationalité du film de Jean-Pierre Jeunet, Un long dimanche de
fiançailles. Une vive polémique avait divisé la profession cinématographique
lors de la sortie en 2004 de ce film. N’ayant pu prouver sa nationalité
française, ce film produit par une filiale française du groupe américain n’avait
pas pu profiter des aides de l’Etat. “Je ne vois pas en quoi Alexander
d’Oliver Stone, Bandidas ou Arthur et les Minimoys de Luc Besson
sont plus français qu’anglais ou américain que le film de Jean-Pierre Jeunet
tourné en France et en français”, s’agace-t-il.

M. Boespflug continue de financer des films français par le biais de la
distribution, comme les remakes du Deuxième Souffle par Alain Corneau, ou
celui de L’Auberge rouge par Gérard Krawczyk, le prochain film de Tonie
Marshall ou encore La Jeune Fille et les loups de Gilles Legrand. “Si
nous n’étions pas dans un système si paradoxal, je produirais ces films,
dit-il. Là je ne travaille qu’avec des producteurs
indépendants.”

Si le Conseil d’Etat lui donne raison, le président de Warner France, qui a
toujours affirmé que sa filiale 2003 Productions comptait investir dans des
films en français tournés dans l’Hexagone, sera “ravi de pouvoir créer un
nouveau guichet de production pour le cinéma français”. Il serait en tout
cas rapidement suivi par les autres majors, la Fox en tête, qui “n’exclurait
pas, selon José Covo, d’intervenir comme producteur et
distributeur de films français si les conditions d’investissements des sociétés
de production à capitaux extra-européens sont modifiées”.

Enfin, Columbia doit, elle aussi, mettre fin à son alliance avec Gaumont, fin
juin. Là encore, il s’agit d’un divorce à l’amiable en raison du trop grand
nombre de films à distribuer. “Avec une dizaine de films de Gaumont et
trente-cinq au total pour le GIE avec Columbia, nous commencions à nous faire
sérieusement concurrence. Nous nous quittons pour ne pas être rivaux”,
explique Sidonie Dumas, présidente du directoire de Gaumont. Récemment, Columbia
avait participé au financement, en tandem avec Gaumont, de La Doublure de
Francis Weber et d’Un ticket pour l’espace d’Eric Lartigau.

Eric Brune, directeur général de Gaumont Columbia Tristar Films, confirme son
intention, quand Columbia sera séparée de Gaumont, d'”apporter sa pierre à
l’édifice, en coproduisant un ou deux films par an, selon les opportunités, pour
participer à un marché dynamique”. La décision dans l'”affaire” Jeunet ne
“sera pas déterminante, selon lui. Nous n’avons pas l’intention de devenir un
gros producteur de films français”.

Source : Nicole VULSER / LE MONDE

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