José Garcia s’offre la peau du commissaire Adamsberg

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Ces dernières années, José Garcia n’a eu de cesse de casser son image de comique cathodique devenu roi du cinéma franchouille.

Dernier coup de butoir en date? Pars vite et reviens tard de Régis Wargnier, une adaptation attendue d’un polar de Fred Vargas. Le comédien y campe un commissaire, rôle qu’il dit avoir accepté parce qu’il n’avait «jamais joué de flic et qu’un acteur a toujours envie de s’y frotter». Rencontre.

Justement, flic de cinéma, n’est-ce pas un cliché?

Oui, c’est périlleux. Il y a des phrases qui résonnent comme dans une cathédrale. En plus, ici, il fallait se battre contre l’image que les fans de Vargas avaient du commissaire Adamsberg. Ce qui me plaisait. Quitte à camper un flic qui mène une enquête, autant prendre celui qui représente le plus gros défi.

© Gaumont Columbia Tristar Films

Quelles modifications avez-vous apportées au personnage?

J’ai légèrement accéléré ses mouvements, qui sont très lents dans les livres. Nous avons aussi travaillé avec les gens de la brigade criminelle, pour offrir davantage de réalisme. Nous nous sommes rendus compte, par exemple, qu’Adamsberg devait être habillé de manière moins négligée que dans les romans. Un commissaire peut être amené à rencontrer un juge ou un ministre à n’importe quel stade de son enquête.

Vous avez réussi à passer d’un registre purement comique à des rôles plus dramatiques. Y a-t-il un genre plus technique que l’autre?

Non, tout est difficile, à partir du moment où on choisit un rôle pour la difficulté qu’il représente. Mais, pour moi, c’est vital: j’ai besoin de vibrer pour aller jouer. De faire des choses que je ne sais pas faire.

C’est dans cette prise de risque que vous trouvez votre plaisir…

De plus en plus! C’est terrible: je suis devenu un junkie du jeu, qui cherche une drogue de plus en plus dure. Cela dit, je préfère être un junkie qu’un notable de la comédie, qui spéculerait sur les entrées et ferait toujours les mêmes films. Cachetonner, faire des films pour acheter une voiture ou sa maison à la campagne, c’est toujours affreux, au final.

En même temps, vous restez un acteur très populaire en France…

Parce que je mets un point d’honneur à faire assez de promotion pour que les films dans lesquels j’apparais soient connus du grand public. Et que les spectateurs viennent voir ces films, ne serait-ce que par sympathie. Maintenant, si un producteur se contente de prendre deux types connus et de leur faire faire n’importe quoi, ça marchera peut-être une ou deux fois, mais pas plus.

Vous assumez du coup une lourde responsabilité à la sortie d’un film.

C’est sûr que c’est vous qui prenez le choc. Parce que vous êtes à l’image, que les spectateurs sont venus en vous faisant confiance. Mais il faut relativiser: si un film se plante, la douleur est surtout pour le metteur en scène. C’est lui, pas l’acteur, qui a passé deux ans à monter le projet.

Cette visibilité doit être difficile à supporter en cas de tournage désastreux.

Ça m’est arrivé, hélas, sur certaines grandes comédies de divertissement. C’est épuisant parce que vous pouvez donner le meilleur de vous-même, au final ça n’y changera rien. Si c’est mal filmé, tout passera à la poubelle. C’est pour cette raison que j’ai mis un bémol sur ce type de projets.

Régis Wargnier: «Ce qu’on voit dans mon film est possible»
Pascal Gavillet

Il a des allures de gentleman-farmer et cette aptitude pour maîtriser des productions ambitieuses comme Indochine en 1992 ou aujourd’hui cette adaptation du roman de Fred Vargas, Pars vite et reviens tard. «Je ne la connaissais pas personnellement», nous déclarait-il. «C’est moi qui ai demandé à la rencontrer pour lui soumettre le scénario. Elle m’a dit être une femme de mots et non d’images. Elle ne voulait pas venir sur le tournage, ne désirait pas sortir de sa tanière.»

C’est aussi la première fois que Régis Wargnier s’attelle à un film aux frontières du cinéma de genre. «En même temps, il s’agit d’un polar particulier. Mettre en scène la peste dans le Paris du XXe siècle pose quelques problèmes. Il fallait un aspect passéiste tout en restant ancré dans notre époque. Dans le roman, l’intrigue se déroule d’ailleurs sur l’autre rive.»

Les repérages ont eux aussi nécessité un gros travail. «Il me fallait un lieu central. Je ne voyais pas le film se dérouler à la Défense. Ni devant Notre-Dame. Finalement, à deux pas de Beaubourg, la place Stravinski, avec cette fontaine et les sculptures de Nikki de Saint Phalle, me convenait parfaitement. C’est le centre même de Paris avec un mélange d’ancien et de moderne tout à fait idéal. Pour ce film, j’ai fait tous mes repérages à pied.»

Si le lieu central du film s’est imposé à Wargnier, il en a été de même pour son comédien principal, José Garcia. «Il a accepté et je n’ai jamais songé à quelqu’un d’autre. C’était ma première idée. Pour les producteurs aussi.»

En revanche, contrairement à la plupart de ses précédents longs-métrages, les personnages féminins sont moins prépondérants dans Pars vite et reviens tard. «Il y a pourtant plusieurs figures féminines. J’ai accentué leur présence par rapport au roman.»

Toujours en fonction du sujet, Wargnier s’est beaucoup documenté, notamment sur la peste. «Contrairement à ce qu’on peut croire, elle n’est pas éradiquée du tout. Ce qu’on voit dans le film est du domaine du possible. J’ai rencontré la grande spécialiste de cette maladie. J’ai également vu un médecin légiste pour m’informer sur la rigidité cadavérique. Puis des gens de la brigade criminelle qui m’ont parlé de ce moment sacré, selon leurs termes, de la mise aux aveux. C’est tout cela que j’ai essayé de filmer.»

«Pars vite et reviens tard», une certaine efficacité à la française

Pascal Gavillet

Il vaut mieux parfois ne pas trop chipoter. Malgré des défauts de rythme et de crédibilité, Pars vite et reviens tard reste l’une des productions françaises les plus regardables du moment. Pour deux raisons: il y a là un vrai sujet (comme on le sait tiré d’un roman homonyme de Fred Vargas) avec suspens et retournements; et un casting réussi, susceptible de supporter une intrigue jouant en grande partie sur nos réflexes paranoïaques.

Histoire de machination diabolique dans laquelle la menace d’une épidémie de peste à Paris tient lieu de centre névralgique, Pars vite et reviens tard conjugue une certaine efficacité à la française (pas de volonté ici de copier les Américains, de toute évidence plus rompus à ce type d’exercices) à un pittoresque parisien qui n’a heureusement rien de folklorique.

Le mélange des deux désamorce l’aspect purement polar du film, dont la principale obsession semble être, à quelques détails près, la vraisemblance à tout prix. Néanmoins, le temps de la fiction (la remarque vaut par comparaison avec le temps de la lecture du roman, forcément plus long) force le réalisateur à imposer un rythme, et donc des raccourcis, à une intrigue qui mériterait parfois de subir quelques respirations.

Pour Wargnier, c’est un peu la quadrature du cercle. Il fait énormément confiance en ses comédiens (il pratique surtout un cinéma d’acteurs et d’actrices, sa filmographie en témoigne), de José Garcia à Gourmet, de Marie Gillain à Lucas Belvaux, de Michel Serrault à Nicolas Cazalé, on ne saurait parler de fausses notes. Pas suffisant pour faire de Pars vite et reviens tard un grand film, mais assez pour qu’il présente les dehors d’un honorable divertissement.
Pars vite et reviens tard

Source : Emmanuel CUENOD pour la Tribune de Genève – 25 janvier 2007

Synopsis

Le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg n’aime pas le Printemps.
Il se méfie des montées de sève, des désirs d’évasion, du déferlement des pulsions, tous ces signaux qui sonnent le retour des beaux jours…

Et il a raison Adamsberg… Sa fiancée, Camille, prend du recul, et son absence coupe les ailes du commissaire, au moment où il en aurait le plus besoin : Quelque chose vient de tomber sur la capitale, une énigme porteuse de malédiction, qui pourrait bien virer au malheur, si on ne la résout pas fissa… D’étranges signaux se répandent sur les portes des immeubles de Paris, et des mots inquiétants, mystérieux, sont lâchés à la criée sur les marchés…
Et puis arrive ce qu’Adamsberg redoutait : Un premier mort, le corps noirci, le visage figé dans une grimace de terreur, les signes de la peste… Et c’était ça qu’annonçait l’énigme, le retour du terrible fléau, mais avec une sacrée variante, il semble que quelqu’un contrôle la maladie et la porte où il veut.

Casting
José Garcia

Olivier Gourmet

Michel Serrault

Marie Gillain

Nicolas Cazalé

Lucas Belvaux

Linh Dan Pham

Production

LGM productions – France

Gaumont – France

KL Productions – France

TF1 Films Production – France

Artemis Production – Belgique

Scénaristes

Julien Rappeneau

Régis Wargnier

Ariane Fert

Ariane Marrin

Lawrence Shore

Dialoguiste

Julien Rappeneau

Ariane Fert

D’après l’oeuvre de

Fred Vargas

Equipe technique

Compositeur Patrick Doyle

monteur Yann Malcor

Décorateur Olivier Radot

Costumière Elisabeth Lehuger Rousseau

1er assistant réalisateur George Every

2ème assistant réalisateur Eliot Mathews / Sophie Berger Forestier

Ingénieur du son Guillaume Sciama / Patrick Grisolet / Franco Piscopo

Directeur du casting Pierre-Jacques Benichou

Directeur de production David Giordano

Durée: 1 heure 55

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