Disparition du parolier Pierre Delanoë

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Faire sonner les mots en allant à l’essentiel”, tel fut le credo pendant près de 60 ans du parolier Pierre Delanoë, décédé d’un arrêt cardiaque tôt mercredi à son domicile à l’âge de 88 ans. Avec plus de 4.000 titres à son répertoire, il a été “l’auteur le plus chanté du XXe siècle”, lui a rendu hommage son ami et confrère Claude Lemesle, actuel président du conseil d’administration de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM).

Depuis son premier titre “Y’a un pli au tapis du salon” écrit en 1948, en passant par “L’Eté indien” pour Joe Dassin, “Les lacs du Connemara” pour Michel Sardou ou “Nathalie” pour Gilbert Bécaud, dont il fut quasiment le parolier attitré, Pierre Delanoë avait aussi signé de nombreux titres, très souvent devenus des tubes, pour Edith Piaf, Yves Montand, Michel Polnareff, Charles Aznavour, Claude François ou encore Gérard Lenorman, entre autres.

De son vrai nom Pierre-Charles-Marcel-Napoléon Le Royer, cet ancien inspecteur des impôts fut président de la SACEM de 1984 et 1994 et en occupait actuellement le poste de président d’honneur.

“Pierre avait eu de sérieux problèmes de santé. Il avait subi un triple pontage coronarien, mais tenait plutôt bien le coup malgré un coeur faible, car il aimait la vie. Il s’était arrêté de fumer à l’âge de 75 ans”, a confié Claude Lemesle à l’Associated Press.

C’est en 1973 que Pierre Delanoë débutait Lemesle une fructueuse collaboration de sept ans avec Joe Dassin “dont l’exigence artistique était telle” que le défunt l’avait surnommé “l’attachiant”… Ecrites à quatre mains, les chansons devenues intemporelles comme “L’Eté indien”, “Et si tu n’existais pas” ou “Si tu t’appelles Mélancolie” sont nées de cette troïka. Des titres qui vinrent aussitôt en rejoindre bien d’autres au Panthéon de la chanson populaire française.

Contrairement à une idée reçue, Pierre Delanoë revendiquait dans sa façon d’écrire une certaine efficacité, gage selon lui d’un succès populaire, allant jusqu’à souvent reprocher à ses collaborateurs de “trop finasser” et de se “perdre dans les détails”, se souvient encore Claude Lemesle, car Pierre Delanoë avait, lui, “le sens de la formule et de l’alternance”.

Car pour le parolier disparu, les mots avaient “leur propre musique”, ce qui faisait de ses textes, des chansons quand on y ajoutait une mélodie, ou des poèmes, pouvant tout à fait exister sans être chantés, comme il le prouvait dès 1953 avec “Mes mains”, son premier opus pour Gilbert Bécaud qu’il aimait réciter. Un amour de la poésie qui lui permettait par ailleurs d’être récompensé du grand Prix des poètes en 1997, l’un des trophées que remet chaque année la SACEM depuis 1995.

Pour Gaya Bécaud, fils de Gilbert Bécaud, “c’était quelqu’un de formidablement drôle, qui aimait tout le temps les mauvais calembours, c’était un vrai sanguin… et Gilbert, pareil, mais dans un autre style. Et les deux fonctionnaient bien ensemble parce qu’ils étaient complémentaires”, s’est-il souvenu sur RTL.

Alors que Michel Fugain, pour qui Delanoë a notamment signé le textes du tube “Fais comme l’oiseau”, estime qu’il a signé des chansons “qui ont stratifié dans le coeur et l’âme d’un peuple entier pendant des décennies”, Nicoletta s’est souvenue qu’elle avait d’abord refusé “Il est mort le Soleil” parce qu’elle n’en aimait pas le texte. Delanoë “m’a dit: ‘Tu ne changes pas mes métaphores!’. J’ai trouvé ça très, très mignon, il avait raison d’être têtu”. Cette chanson est devenue très vite un immense succès, applaudi par Ray Charles en personne…

“Je suis très choqué ayant vu Pierre il n’y a pas très longtemps, je l’avais trouvé un peu fatigué”, a confié sur LCI Gérard Lenorman, dont la chanson de Pierre Delanoë “Si j’étais président” avait été récompensée par le prix de l’Union nationale des auteurs compositeurs (UNAC) en 1980. “C’est une vie d’homme, d’artiste, la vie d’un grand auteur. La vie l’a beaucoup gâté”, a-t-il poursuivi, lui pour qui Delanoë avait signé le texte de “La ballade des gens heureux”.

“L’ami Pierrot”, ainsi qu’on le surnommait aussi en référence au personnage de la chanson, celui qui “prête sa plume pour écrire un mot”, avait aussi participé au lancement d’Europe dont il avait assuré la direction des programmes de 1955 à 1960. Ce gaulliste avait été élevé au grade de commandeur dans l’Ordre national des Arts et des lettres en 2004.

Source : Le NouvelObs

Pierre Delanoë a laissé derrière lui une oeuvre de plusieurs milliers de chansons, dont plusieurs sont devenues, au fil du temps, des succès majeurs. Dès ses premières chansons, dont Mes mains pour Gilbert Bécaud, en 1953, il laissa une trace indélébile sur la chanson française. Inutile de mentionner qu’il a su s’adapter à merveille aux styles d’artistes aussi divers qu’Hugues Aufray, Nicoletta, Pétula Clark, Michel Sardou, Joe Dassin, Gérard Lenorman, Michel Polnareff …

Les duettistes

Né à Paris en 1918, sous le nom de Pierre Leroyer, cet ancien élève des oratoriens, après avoir obtenu une licence en droit, devient inspecteur d’impôts. Ce n’est qu’à la libération qu’il entre dans le métier de la chanson, sous l’influence de son beau-frère, Frank Gérald, qui composait des mélodies. Ensemble, ils montent un numéro de duettistes, dont, malheureusement, il ne reste aujourd’hui aucune traces.

La première chanson de Pierre Delanoë, intitulée Y a un pli dans le tapis du salon date de 1948. Cependant, ses premiers interprètes ne se manifestent qu’au début des années cinquante. Parmi ceux-ci, figure Marie Bizet, fantaisiste de l’époque (disparue en 1998), rencontrée grâce à Jean Nohain. Celle-ci enregistre, en 1950, la chanson Je cherche un mari, suivie en 1952, de Quand vous reviendrez chez moi. Mais surtout, elle sert d’intermédiaire à une rencontre déterminante dans la vie du jeune auteur.

Une rencontre déterminante

C’est, en effet, chez Marie Bizet que Pierre Delanoë fait la connaissance de François Silly, qui deviendra bientôt Gilbert Bécaud. Ensemble, ils créent Mes mains que Lucienne Boyer met aussitôt à son répertoire (spectacle à l’Alhambra de 1953). Cette chanson marque le début d’une longue et belle collaboration (non seulement avec Bécaud, mais aussi avec ses autres collaborateurs : Louis Amade, Maurice Vidalin…) qui donnera naissance, pendant les décennies suivantes, à plusieurs beaux fleurons de la chanson française : Je t’appartiens (1955), Le jour où la pluie viendra (1957), Croquemitoufle (1958, reprise par Jean-Claude Pascal), Et maintenant (1961), Je reviens te chercher (1967), La solitude ça n’existe pas (1970), etc.

Pendant les années cinquante, de prestigieux interprètes ajoutent des chansons de Pierre Delanoë à leur répertoire : Tino Rossi (Deux amants, 1954), Georges Guétary (Au petit trot, 1953), Édith Piaf (Les grognards, 1958), Yvette Giraud (Si tu es jolie, 1955). Il participe même au concours Eurovision, en 1958, avec une chanson interprétée par André Claveau et intitulée Dors mon amour. Cette chanson fut la première victoire de la France, depuis l’avènement de ce concours en 1955.

Salut les copains

Par ailleurs, aussi occupé qu’il soit, Pierre Delanoë trouve le temps d’occuper, avec Lucien Morisse, la direction de la programmation de la station radiophonique Europe 1. Cette aventure s’échelonne sur cinq ans, soit de 1955 à 1960. Plus tard, en pleine vague yé-yé, le titre d’une de ses chansons, écrite pour Gilbert Bécaud, deviendra le nom d’une émission de radio sur cette antenne et d’un magazine, aujourd’hui célèbres. Cette chanson, c’est bien sûr Salut les copains (créée en 1957).

Le temps des copains commence, pour Delanoë, avec les Compagnons de la Chanson qui enregistrent en 1960, la chanson Qu’il fait bon vivre. Mais c’est Hugues Aufray qui marque le plus la carrière de l’auteur, pendant la période yé-yé. En effet, Delanoë adapte des chansons de Bob Dylan, qu’enregistre Hugues Aufray sur un album, sorti en 1965, devenu, aujourd’hui essentiel à la discographie de l’artiste.

Cet album, intitulé Aufray chante Dylan, comprend notamment La fille du Nord, La Ballade de Hollis Brown, Cauchemar psychomoteur, Le jour où le bateau viendra. Cette collaboration réussie donne également naissance à d’autres chansons marquantes du chanteur telles que Le rossignol anglais (1965), L’épervier (1966), Les crayons de couleurs (1966), N’y pense plus tout est bien (1967), Stewball (1973).

Les artistes yé-yé ont également l’honneur d’interpréter Pierre Delanoë, qu’il s’agisse d’oeuvres originales ou d’adaptations. À commencer par Pétula Clark, qui enregistre Elle est finie la belle histoire (1963), Hello Dolly (1964) et C’est ma chanson (1966), trois grands succès. Sylvie Vartan chante La Maritza, chanson mélancolique, datant de 1968, qui agrémente très bien son répertoire. Nancy Holloway se montre bouleversante dans son interprétation de T’en vas pas comme ça, en 1963. D’autres encore obtiennent des succès mémorables en enregistrant des chansons de Delanoë : Richard Anthony (Lundi, Lundi, 1966, Tu es ma chance, 1975, L’année de nous deux, 1978), France Gall (Ne sois pas si bête, 1964), Dalida (Ciao amore ciao, adaptation d’une chanson de Luigi Tenco, qui s’est suicidé suite à un concours,1967, Le Lambeth Walk, 1978, Laissez-moi danser, 1979, Comme disait Mistinguett, 1979, L‘amour et moi, 1981, Fini la comédie, 1981), Claude François (Les ballons et les billes, 1969, Les petites souris, 1969, C‘est de l‘eau, c‘est du vent, 1970), Dick Rivers (Un homme plein d‘argent).

La route du succès

Par ailleurs, les artistes non associés à la mode yé-yé chantent également Delanoë pendant ces années très prolifiques où l’auteur bascule d’un style à l’autre. Nana Mouskouri obtient, en 1967, un véritable triomphe avec les chansons Que c’est bon la vie et Adieu Angelina. Elle avait auparavant représenté le Luxembourg à l’Eurovision avec À force de prier (1963). Pas étonnant que cette collaboration s’est poursuivie tout au long de la carrière de la chanteuse, toujours avec autant de succès : Quand tu chantes (1976), Je chante avec toi liberté (1981), L’amour en héritage (1984), Ma vérité (1985)… Marcel Amont fait également partie du nombre impressionnant d’interprètes qu’a connus Pierre Delanoë grâce à Tout doux, tout doucement (1959). Enfin, parmi les artistes ayant débuté dans cette période et ayant chanté Delanoë citons Tereza (L’oiseau bleu, l’oiseau blanc, Quand le jour se lèvera, Le village abandonné) Rika Zarai (21,rue des amours, Les jolies cartes postales, 1969), Éva (Les enchaînés, 1963), Régine (La cigale, 1966, La fille que je suis, 1969, Mea Culpa, 1981), Françoise Hardy (La rue des coeurs perdus, 1969), Michel Delpech (Inventaire 66, 1966), Jacques Dutronc (La vie, l’amour c’est dingue), Enrico Macias (Aimez-vous les uns les autres, 1977), Colette Deréal (Allons allons les enfants, 1961, chanson représentant Monaco à l‘Eurovision, À la gare Saint-Lazare, 1963), Noëlle Cordier (Il doit faire beau là-bas, représentant la France à l‘Eurovision en 1967).

Après la période yé-yé, l’auteur, connu de tous, du moins de ceux du milieu, accueille de nouveaux venus en leur écrivant des chansons, tout en continuant d’en écrire pour ses interprètes fétiches, dont Bécaud fait partie. En 1967, Michel Fugain, qui a débuté quelques années auparavant, enregistre Tu peux compter sur moi, mais surtout Je n’aurai pas le temps. Cette dernière chanson sera un énorme succès et entrera dans le patrimoine de la chanson francophone. Plus tard, lorsque l’artiste créera son Big Bazar, d’autres succès viendront couronner la collaboration Delanoë-Fugain: Fais comme l’oiseau (1972), Attention mesdames et messieurs (1972), Une belle histoire (1972), Bravo monsieur le monde (1974), Chante comme si tu devais mourir demain (1974), Tout va changer (1974) etc.

Autre artiste ayant débuté à la même période, c’est-à-dire vers 1966, Michel Polnareff fera de la chanson Le Bal des Laze, datant de 1969, un véritable classique. L’année suivante, se sera Gloria. Gilles Dreu connaît également le succès avec Pierre Delanoë : Alouette, Alouette (1968), L’ombre (1969), Ma prière et Pourquoi bon Dieu (1968) en sont quelques exemples.

Par ailleurs, Pierre Delanoë fait partie de la fameuse bande à Jojo, c’est-à-dire les auteurs et compositeurs entourant Joe Dassin. Pour ce dernier, il aligne une quantité impressionnante de succès: Le petit pain au chocolat (1969), Les Champs-Élysées (1969), Le chemin de papa (1969), Ça va pas changer le monde (1975), Et si tu n’existais pas (1975), À toi (1976), Il était une fois nous deux (1976), Le café des trois colombes (1976) et Dans les yeux d’Émilie (1977), entres autres. Enfin, en 1967, Nicoletta nous convainc avec sa voix puissante qu’Il est mort le soleil.

La liste s’allonge

Les années soixante-dix n’éloignent guère Pierre Delanoë de la route du succès, loin de là. Gérard Lenorman, Michel Sardou et bien sûr, Joe Dassin, Gilbert Bécaud et Michel Fugain feront briller les chansons écrites par l’illustre auteur. Pour Gérard Lenorman, il écrit Si tu ne me laisse pas tomber (1973), La ballade des gens heureux (1975), Le gentil dauphin triste (1976), Voici les clés (1976), L’enfant des cathédrales (1977), La clairière de l’enfance (1980), Si j’étais président (1980)…

Michel Sardou aura également droit à de nombreux grands succès grâce aux textes de Delanoë (souvent écrits en collaboration avec le chanteur) : Les vieux mariés (1973), Le curé (1973), Les villes de solitude (1973), Le France (1975), Le temps des colonies (1976), La java de Broadway (1977), En chantant (1978), Les lacs du Connemara (1981), Être une femme (1981), Le fauteuil (Il était là) (1982), Vladimir Ilitch (1983), Les deux écoles (1984), Io Domenico (1987).

Pendant ces années très prolifiques, l’auteur participe à nouveau à l’Eurovision, en 1973, sous la pression exercée par le public suisse sur Patrick Juvet pour les représenter. La chanson Je vais me marier Marie présentée à ce concours arrive onzième sur dix-sept au classement. Pierre Delanoë était d’ailleurs convaincu que cette chanson ne convenait guère au concours, ce qui explique le résultat obtenu. Quant à Patrick Juvet, il interprète également Écoute-moi, la même année.

Vedette des années soixante-dix, Nicole Croisille enregistre également des textes de Pierre Delanoë dont Une femme avec toi (1975), Je ne suis que de l’amour (1976) et Un deuxième amour (1984), avec le succès que l‘on sait. D’autres encore viennent allonger la liste déjà longue des interprètes de l’auteur : Carlos (Les croisades, 1975), Alain Bashung, première période, avec le c dans son nom (Je vous crois, 1968, Les romantiques, 1969), Dave (Gethsémani, 1972), Éric Charden (Le ballon dirigeable, 1970), Marie-Paule Belle (L’Amérique c’est ça, 1982, Une imbécile heureuse, 1983), Séverine (Tu ne vois jamais le vent, 1971, Chanter les enfants, 1972), François Valéry (Aimons-nous vivants), Mireille Mathieu (Qu‘elle est belle, 1971, Écoute ce cri, 1971, Tu m‘as donné la vie, 1974), Nicole Rieu (Et bonjour à toi l’artiste, 1975, chanson représentant la France à l’Eurovision). Enfin, inutile de préciser que pendant les années quatre-vingts, Pierre Delanoë poursuit plusieurs des nombreuses collaborations entamées pendant les décennies précédentes, toujours avec autant de succès.

D’Aran à Jésus-Christ Superstar

Des succès, Pierre Delanoë en a également connus avec des oeuvres plus classiques tel que l’Opéra d’Aran. Cette oeuvre, créée avec Gilbert Bécaud, Louis Amade et Jacques Emmanuel (qui signe le livret) en 1962, aura demandé cinq ans à ses créateurs avant de voir le jour. La critique était très sceptique avant de voir l’oeuvre, pensant qu’un chanteur populaire ne pouvait créer un opéra, mais s’aperçu après la première qu’elle avait tort. L’oeuvre obtena un beau succès et est encore montée de nos jours. Elle fut même enregistrée, ce qui nous permet de la réécouter (Coffret de 3 disques 33 tours, jamais réédité sur disque compact. Par contre, en 1992, fut publié un coffret double sur disque compact comprenant une version réorchestrée datant de 1966).

L’auteur a également adapté en français des comédies musicales dont Godspell et Jésus-Christ Super Star. La première est une oeuvre originale de Stephen Schwartz dont l’adaption par Delanoë date de 1971. On retrouve dans la distribution française Daniel Auteuil et Dave, pour n’en citer que deux. Quant à Jésus-Christ Super Star, dont l’original est d’ Andrew Lloyd Weber, on y retrouve Daniel Beretta dans le rôle titre, c’est-à-dire celui du messie.

Y’a qu’à se laisser vivre

Après une si longue carrière d’auteur et de parolier, il n’est pas étonnant qu’il ait voulu traverser de l’autre côté (ou plutôt revenir de l‘autre côté, car à ses débuts, lorsqu’il était duettiste, il chantait dans les cabarets de Paris) en enregistrant un disque. En 1997, paraît donc le premier album (Chante : Y’a qu’a se laisser vivre) de Pierre Delanoë où l’artiste reprend ses plus grands succès et quelques titres inédits créés spécialement pour lui : Y’a qu’à se laisser vivre (musique d’Aznavour) et J’en ai vu dans ma vie (musique de Jo Moutet). Parmi les reprises, on trouve des chansons écrites pour Fugain, Dassin, Sardou, Lenorman…

Par ailleurs, outre les nombreuses chansons qu’il a écrites, on doit à Pierre Delanoë deux récits autobiographiques : La vie en chantant (1979) et Et à part ça qu’est-ce que vous faites ?, des romans, dont Le dix-neuvième trou, et des anthologies de la poésie.

Pierre Delanoë occupa également des fonctions officielles, à trois reprises, au sein de la SACEM, société française qui gère les droits d’auteur d’oeuvres musicales (1984-1986, 1988-1990, 1992-1994). Sa carrière fut couronnée de nombreux prix dont la Légion d’honneur, l’Ordre National du Mérite et le grand prix des poètes 1997, ce dernier prix étant remis par la SACEM.

Source : http://www.auteurscompositeurs.com/delanoe.html

Les réactions à la mort de Pierre Delanoë

Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication : “Avec la disparition de Pierre Delanoë, nous perdons l’une des figures majeures de la chanson française de ces cinquante dernières années”. “Je rends hommage à un parolier d’une étonnante prolixité”, qui écrivit pour Michel Sardou, Johnny Hallyday, Tino Rossi ou Georges Guétary.
Grâce à son “sens des mots justes”, il aura “traversé les modes” et “séduit les publics les plus divers”. “Je salue l’homme de cœur”. (Communiqué, mercredi 27 décembre).

Elisabeth Anselin, attachée de presse de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique : “Pierre Delanoë, qui était président d’honneur de la Sacem, vient de mourir, nous sommes très attristés par sa disparition”. (Déclarations, mercredi 27 décembre).

Claude Lemesle, parolier et président de la SACEM : ” C’était un grand auteur de chanson et on n’en a pas tant que ça… Il nous laisse une oeuvre considérable avec plus de 5.000 chansons. Il est l’auteur le plus chanté et le plus prolifique du XXe siècle. Il était un homme rude mais tendre sous la carapace. Il était un grand enfant même dans ses colères. Pierre excellait dans les textes. Il était curieux de tout. Nous avons beaucoup travaillé ensemble. Je ressens une grande tristesse”. (Déclarations, mercredi 27 décembre).

Georges Moustaki, auteur, compositeur et interprète : “Je suis très ému. Je le connais depuis mes débuts. Il a été très stimulant: il me trouvait paresseux et il m’a donné des coups de pied aux fesses (…) On a écrit deux chansons ensemble pour Mireille Mathieu (“La vie, rien ne la vaut”) et Tino Rossi (“Le Pinzutu”) (…) C’est une grande figure du monde de la chanson et des paroliers notamment qui disparaît. On ne mesure pas à quel point il a été chanté, y compris par Sinatra et Barbara Streisand. Sa carrière est allée très haut. Il y avait une véritable estime entre nous même si on était loin de l’autre au plan idéologique. On ne s’attardait pas à cela. Pierre était quelqu’un d’important pour l’ensemble du monde de la chanson avec ses déclarations intempestives, mais souvent cohérentes”. (Déclarations, mercredi 27 décembre).

Fabienne Thibeault, chanteuse québécoise : “C’est le grand auteur de la chanson française qui s’en va. C’est l’homme des grands tubes et qui a révélé tant et tant de chanteurs. Il a été l’un des premiers à écrire des chansons modernes. Ce n’était plus un jeune homme mais il avait gardé une énergie incroyable. Il avait du caractère, avec toujours son mot à dire. Nous avons eu un projet ensemble, une comédie musicale sur la Bible. Ca ne s’est jamais fait parce que le métier est devenu difficile et il en a été très triste. Qu’il soit heureux là-haut et qu’il fasse chanter les anges!”. (Déclarations, mercredi 27 décembre).

Nicoletta, chanteuse : “Pierre Delanoë était un auteur de chanson extraordinaire. Il avait le sens de l’universel, avec des métaphores que tout le monde comprenait. Il avait la force des mots. Pierre m’a offert mes plus belles chansons comme “Mamy Blue” et “Il est mort le soleil” qui sont devenus des tubes incroyables. Il a fait les carrières de nombreux chanteurs. Il tenait compte de la voix et la tessiture de ses interprètes (…). L’été dernier, il a travaillé sur la Marseillaise qu’il estimait plus du tout adaptée à l’époque et il avait envoyé sa nouvelle version à Jacques Chirac”. (Déclarations, mercredi 27 décembre).

“Le sens de la formule”, “du génie à l’état pur”, un “très grand auteur”, un “poète”, un “artiste”, un “homme de coeur”: plusieurs personnalités du monde culturel et politique ont salué la mémoire du parolier Pierre Delanoë qui s’est éteint mercredi à l’âge de 88 ans. Il avait signé les textes de milliers de 5.000 chansons dont de nombreux succès pour Gilbert Bécaud, Edith Piaf, Michel Sardou, Johnny Hallyday, Charles Aznavour ou encore Joe Dassin.

– Le parolier Claude Lemesle, ami et collaborateur de Pierre Delanoë, a rendu hommage à son complice avec lequel il a beaucoup travaillé. “Avec plus de 4.000 titres enregistrés à son répertoire, Pierre a été incontestablement l’auteur le plus chanté du XXe siècle”, a-t-il estimé dans un entretien à l’Associated Press. “En dépit de nos 27 ans de différence d’âge, nous étions très complémentaires dans l’écriture. Lui, écrivait tout en efficacité, allait directement à l’essentiel et me reprochait souvent de trop ‘finasser’. Il avait le sens de la formule et des mots qui sonnent”, a témoigné le parolier qui a aussi écrit pour Sardou, Julio Iglesias, Serge Reggiani, Gilbert Montagné. Les deux hommes avaient débuté leur collaboration en 1973 pour Joe Dassin. “A quatre mains, nous lui avons écrit ‘L’été indien’, ‘Et si tu n’existais pas’ ou ‘Si tu t’appelles Mélancolie'”, s’est souvenu Claude Lemesle.

– Pierre Delanoë avait écrit l’un des succès de Gérard Lenorman, “La balade des gens heureux”. Le chanteur s’est dit “choqué” par la disparition du parolier qu’il trouvait “un peu fatigué”. “C’est vrai que resurgissent des tas de souvenirs de complicité, de succès d’Olympia auxquels il a participé”, a précisé Lenorman sur LCI. “C’est une vie d’homme, d’artiste, c’est la vie d’un grand auteur, la vie l’a beaucoup gâté”.

– L’auteur-compositeur et interprète Georges Moustaki a rendu hommage à “un ami”. “C’était quelqu’un que j’ai connu à mes débuts, il m’encourageait beaucoup. Il me reprochait beaucoup ma nonchalance (…) cela a crée un rapport d’amitié et de travail”, a souligné l’auteur du “Métèque”. “Nous avons eu l’occasion d’écrire ensemble des chansons, une pour Mireille Mathieu et une pour Tino Rossi. Je souris en pensant à lui parce que je n’ai que de très beaux souvenirs de lui”, a témoigné Georges Moustaki sur LCI.

– Michel Fugain a exprimé sur RTL “une immense peine” pour celui qui était “du génie à l’état pur”. “On savait qu’on n’allait pas le garder longtemps, mais c’est une peine énorme. J’ai un peu l’impression de perdre un papa. C’est un de ces hommes qui m’a appris le métier et énormément de choses”.

– La chanteuse Nicoletta a rendu hommage à un “très grand auteur”, “têtu” et qui “connaissait son travail”. Elle a interprété “Il est mort le soleil”, chanson écrite par Pierre Delanoë, qui fera le tour du monde avant d’être reprise plus tard par Ray Charles. Delanoë “a fait vendre des millions et des millions de disques à l’industrie du disque”, a confié la chanteuse sur RTL. “Il avait eu une attaque il y a quelques temps, il avait une raideur de la main, mais il continuait à écrire. Il écrivait tous les jours des poèmes qu’il a fait éditer (…) Il aurait voulu que je chante encore quelques uns de ses mots”.

– Jean-Louis Foulquier, animateur de radio et créateur du festival des “Francofolies” de La Rochelle, se souvient d’un homme “cultivé” qui “s’intéressait à plein de choses”. “Il a su faire des succès très populaires et en même temps y apporter une touche de poésie”, a souligné Jean-Louis Foulquier sur France-Info. “C’était surtout un provocateur. Il aimait bien être contre régulièrement, cela le faisait vivre. Il aura été un bon vivant jusqu’au bout”.

– Le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres évoque la perte de “l’une des figures majeures de la chanson française de ces 50 dernières années”. C’était “un parolier d’une étonnante prolixité”. Il “avait au plus haut point le sens des mots justes, ceux qui donnent toute sa force à une mélodie”. “C’est ce don rare qui lui aura permis de traverser les modes, en ne cessant jamais, au fil des ans, de séduire les publics les plus divers”, ajoute le ministre pour qui “ce poète, cet artiste qui nous aura offert bien des instants de bonheur, était aussi un homme de coeur”.

Source : Le NouvelObs

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