Laurent Chalet a assigné la société Bonne Pioche sur le film de Luc Jacquet
Yves Darondeau, co-dirigeant de Bonne Pioche, considère les réclamations du chef opérateur de La Marche de l’empereur, Laurent Chalet, comme inconcevables. « Le métier de chef opérateur est totalement différent de ceux de réalisateur et d’auteur », nous déclare le producteur.
Déplorant « qu’à partir du moment où un film a du succès, de telles procédures soient engagées », Darondeau nous précise également que Laurent Chalet refuse aujourd’hui de parler avec ses anciens employeurs. Il confirme également avoir versé des primes à Laurent Chalet et Jérôme Maison, chef opérateur et cadreur, suite au succès du film. Les deux parties se retrouveront au tribunal en février, le chef opérateur ayant assigné Bonne Pioche pour faire valoir son statut de coauteur et réalisateur du film.
Source : Le Film Français du 13/12/2006
La Marche de l’empereur a-t-elle deux réalisateurs ?
Le triomphe international du documentaire animalier La Marche de l’empereur, réalisé par Luc Jacquet, suscite des appétits de carnassiers. Le site Internet du magazine professionnel américain Variety a révélé, lundi 11 décembre, que le directeur de la photographie de ce film, Laurent Chalet, poursuit la société de production, Bonne Pioche, pour être crédité, tout comme Luc Jacquet, du titre de réalisateur de ce documentaire sorti en salles en janvier 2005.
Laurent Chalet a délivré le 22 septembre une assignation dans laquelle il demande, « au vu des conditions de tournage », 870 000 euros de rémunération, comme coréalisateur du film, et une indemnisation, au titre du droit moral, de 100 000 euros pour non-figuration au générique. « 92 % des images ont été tournées par moi, alors que Luc Jacquet n’était pas là et ne me donnait pas d’instructions », affirme-t-il.
Le directeur de la photographie a passé treize mois sur la banquise de l’Antarctique, à traquer la marche des manchots. Il travaillait en tandem avec un spécialiste du son et des images sous-marines, Jérôme Maison, qui lui ne demande pas de requalification. Le réalisateur et biologiste Luc Jacquet avait précédemment effectué de nombreux repérages et connu plusieurs hivernages dans ce froid austral. « Tout a été extrême dans ce film, la production, le tournage et aussi le succès. En tant que directeur de photographie, Laurent Chalet a fait du très bon travail dans des conditions très difficiles, mais cela ne peut pas en faire un réalisateur », assure Yves Darondeau, producteur associé de Bonne Pioche. « Ce sont des métiers très différents », souligne-t-il.
Anne Boissard, l’avocate de Bonne Pioche, affirme qu’« à la suite de nombreux débats en 1957, le code de la propriété intellectuelle a admis en France comme coauteurs d’un film uniquement le réalisateur, l’auteur du scénario, des dialogues ou de l’oeuvre préexistante ».
La Marche de l’empereur est un exemple de rentabilité : ce petit film, dont le devis déposé au Centre national de la cinématographie s’élevait à 2,30 millions d’euros, a généré 122,6 millions de dollars de recettes en salles dans le monde, dont 78 millions de dollars grâce à l’exploitation en salles aux Etats-Unis. C’est devenu en quelques mois le premier film français en termes de recettes au box-office américain.
« Malheureusement, quand un film français marche bien, cela fait tourner la tête de certains et il y a presque toujours des poursuites juridiques. C’est devenu une mode, après les plaintes de l’instituteur et des élèves dans Etre et avoir de Nicolas Philibert », assure Yves Darondeau. De même le succès surprise des Choristes de Christophe Barratier a amené les parents d’une jeune chanteuse à réclamer une plus grosse part du gâteau. Le producteur du documentaire animalier se déclare plus « attristé qu’agacé » et « déstabilisé par le fait que Laurent Chalet refuse tout dialogue » . Une première audience s’est tenue au tribunal de grande instance de Paris le 6 décembre. Les conclusions de l’avocate de Bonne Pioche seront déposées le 7 février, et la date d’audience ne devrait pas être fixée avant 2008.
Source : par Nicole Vulser, Le Monde, 14 décembre 2006
Laurent Chalet brise la glace
le chef opérateur qui a assigné en justice Bonne Pioche et Luc Jacquet s’explique
« Je ne suis pas quelqu’un de procédurier, je déteste être dans la situation dans laquelle je suis, mais je ne l’ai pas choisie », nous a déclaré Laurent Chalet, en réponse aux propos que tenait Yves Darondeau dans nos colonnes. Chef opérateur de La Marche de l’empereur (près de 2 millions d’entrées salle), il souhaite être reconnu comme coréalisateur du long métrage, et être rémunéré comme tel. Pour ce faire, il a assigné Bonne Pioche et Luc Jacquet en justice.
« Aujourd’hui on dit que je me plains parce que le film a eu du succès, mais dès mon retour du pôle Nord, alors que le film était en montage, j’ai demandé à Yves Darondeau [de Bonne Pioche, Ndlr] une reconsidération de mon travail. En effet, mes images, destinées à un documentaire de 90 minutes pour Canal+, ont été utilisées pour un long métrage. » À la signature du contrat avec la maison de production, cette dernière lui avait demandé de faire des efforts sur son salaire, avec en contrepartie une rémunération au pourcentage. Ce premier contrat ne tenant plus au moment du passage au long métrage de cinéma, il lui a été demandé de le déchirer afin s’en établir un autre, ce que, sous la pression des employeurs, Laurent Chalet a fait.
« Aujourd’hui, je me considère comme un nègre cinématographique : j’ai filmé 92 % des images. Luc Jacquet m’a mis demandé de filmer les manchots empereurs, mais le point de vue qui passe à travers les images est le mien. S’il est vrai que les métiers de chef op et de réalisateur sont différents, il existe également une grande différence entre un photographe qui respecte les demandes formulées plan par plan par son réalisateur et celui qui assume seul pendant toute une année tous les choix à l’image. Ce dernier n’est plus seulement un technicien ! » Laurent Chalet souligne encore ne s’être jamais considéré comme un coréalisateur sur les autres films auxquels il a collaboré. Alors que La Marche de l’empereur a été réalisé en 2003, il assigne producteur et réalisateur près de trois ans après les faits.
« J’ai mis longtemps à prendre la décision d’opter pour la voie judiciaire pour faire valoir mes droits, d’une part parce que c’est un geste très délicat à faire pour un intermittent sur le marché du travail. D’autre part, j’ai attendu en vain un geste significatif de Bonne Pioche. » Aujourd’hui, Laurent Chalet poursuit sa carrière et travaille sur un documentaire cinéma de Benjamin Marquet produit par Groupe 2. Il souligne « travailler cette fois sous la direction d’un vrai réalisateur ».
Source : Le film français du 18 décembre 2006
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