Le mauvais sort continue de s’acharner sur le milieu du cinéma. Après le réalisateur Robert Altman, c’est maintenant au tour de l’acteur français Philippe Noiret de s’éteindre à l’âge de 76 ans. L’acteur est décédé d’un cancer cet après-midi, a confirmé son agent artistique chez Artmedia.
Biographie
Après avoir échoué plusieurs fois à son baccalauréat, Philippe Noiret prend des cours d’art dramatique et entre en 1953 au Théâtre National Populaire dirigé par Jean Vilar. Il y connaît la vie de troupe pendant sept ans, côtoie Gérard Philipe, interprète plus de quarante rôles et y rencontre l’actrice Monique Chaumette, qu’il épousera en 1962. Parallèlement, il forme un duo comique de cabaret avec Jean-Pierre Darras, loin des pièces classiques du TNP.
Il tient un premier rôle au cinéma en 1956 dans La Pointe courte d’Agnès Varda, mais doit attendre 1960 pour apparaître à nouveau sur grand écran dans Zazie dans le métro de Louis Malle. Hormis son rôle dans Therese Desqueyroux de Georges Franju en 1962, Philippe Noiret enchaîne des seconds rôles sans percer jusqu’à La Vie de château de Jean-Paul Rappeneau, en 1966. Mais c’est le personnage de paysan rêveur et bucolique d’Alexandre le Bienheureux, réalisé par Yves Robert, qui le fait remarquer des professionnels et du grand public en 1967, au point de pouvoir se consacrer exclusivement au cinéma et d’abandonner le théâtre.
Conscient qu’il ne tiendra jamais des rôles de jeune premier, le comédien enchaîne les apparitions en Monsieur Tout-le-monde (La Vieille fille, 1971), n’hésitant pas à bousculer son image bonhomme avec des longs-métrages polémiques comme La Grande Bouffe de Marco Ferreri, récit d’un suicide collectif par la nourriture qui provoque un véritable scandale à Cannes en 1973. Il se fait une spécialité des personnages de composition, avec une prédilection pour certains réalisateurs comme Bertrand Tavernier (L’ Horloger de Saint-Paul, 1973; Que la fete commence, 1974), Yves Boisset (L’ Attentat, 1972; Un taxi mauve, 1977), ou encore Philippe de Broca (Les Caprices de Marie, 1970; Tendre poulet, 1977).
Philippe Noiret passe au statut de star hexagonale grâce à l’immense succès populaire du Vieux Fusil de Robert Enrico qui lui vaut un César du Meilleur Acteur en 1976. Mais le comédien n’abandonne pas pour autant son goût de la composition, nuançant d’une pointe d’humanité ses rôles de salaud (Coup de torchon, 1981), ou de perversité ses personnages de bourgeois honorables (Le Temoin, 1974).
Il suit par ailleurs une carrière en Italie, principalement sous la direction de Mario Monicelli (Mes chers amis, Pourvu que ce soit une fille), et devient la figure incontournable des comédies françaises à succès dans les années 80 et 90 avec Twist again à Moscou de Jean-Marie Poiré et surtout Les Ripoux de Claude Zidi, en 1984. Le succès de ce film donne lieu cinq ans plus tard à une suite intitulée Ripoux contre ripoux, et le tandem de flics formé par Noiret et Thierry Lhermitte remettra le couvert en 2003 pour Ripoux 3, du même réalisateur. L’acteur remporte son second César en 1990 pour La Vie et rien d’autre et figure même en haut de l’affiche de productions internationales comme Cinema Paradiso (1988).
Moins sollicité par le cinéma au milieu des années 90, Philippe Noiret remonte sur les planches en 1997 dans Les Cotelettes de Bertrand Blier puis joue dans l’adaptation cinématographique de la pièce en 2003, toujours signée Blier. Mais c’est en jouant la même année le rôle d’un père tendre et maladroit sous la direction de Michel Boujenah dans Père et fils qu’il renoue, à 73 ans, avec le succès. En 2005, il est à l’affiche de la comédie policière Edy, portée par François Berléand.
Source : www.allocine.fr/
Interview de Philippe Noiret réalisée par Roland Mihaïl et Antoine Silber pour l’Express
Emouvant. D’autant qu’il parle de sa vie, de ses regrets. Et même de la mort !!!!
Le bonheur parfait selon vous?
Le cul bien sur la selle de mon andalou, le nez au vent dans la fraîcheur du matin, avec les Pyrénées enneigées au loin. Et mon labrador qui, lui, sourit, la langue pendante.
A quel moment de votre vie avez-vous été le plus heureux?
En jouant une pièce que j’aime.
La dernière fois que vous avez pleuré?
Malheureusement, quasiment tous les soirs en ce moment, à la fin de Love Letters.
Le principal trait de votre caractère?
L’ignorance.
Et celui dont vous êtes le moins fier?
Une incapacité maladive à gérer le quotidien.
La qualité que vous préférez chez un homme?
La bonté.
Et chez une femme?
Le charme.
Votre occupation préférée?
La lecture.
Votre plus grande peur?
La bêtise. Y compris la mienne…
Que possédez-vous de plus cher?
Ce que j’ai de plus cher, je ne le possède pas. En l’occurrence, Monique, ma femme, Frédérique, ma fille. Et mes petits-enfants, Deborah et Samuel.
Qu’avez-vous réussi le mieux dans votre vie?
Depuis quarante-trois ans, mon mariage!
La fleur que vous aimez?
La rose.
Les noms que vous préférez?
Monique, Frédérique, Deborah et Samuel.
Vos peintres favoris?
Bonnard, Vuillard, Balthus.
Les auteurs que vous aimez?
Alexandre Dumas et James Ellroy. Yasmina Reza et Daniel Rondeau.
Votre livre de chevet?
Les œuvres complètes du poète Jean de la Ville de Mirmont.
Vos compositeurs préférés?
Bach, Clément Janequin, Duke Ellington.
La chanson que vous sifflez sous votre douche?
La Vie en rose.
Vos films cultes?
La Grande Illusion, Amarcord, Les Enfants du paradis.
La figure historique à laquelle vous auriez aimé ressembler?
Je ne l’ai pas encore trouvée.
Vos héros dans la vie?
Ces millions de gens qui font tous les jours, avec conscience et amour, un travail ingrat et mal payé.
Votre boisson préférée?
Pendant quarante ans, du champagne rosé. Et, depuis vingt-cinq ans, de la bière sans alcool!
Si vous deviez changer une chose dans votre apparence?
Oh mon Dieu!
Le talent que vous voudriez avoir?
Celui de peindre ou de sculpter.
Votre plus grand regret?
Ne pas avoir été un créateur.
Que détestez-vous le plus?
La suffisance.
Etat présent de votre esprit?
Aspirer à la sérénité.
Votre devise?
«Les chiens aboient, la caravane passe.»
Comment aimeriez-vous mourir?
On verra bien…
Et s’il existe, qu’aimeriez-vous que Dieu vous dise?
«Votre famille et vos amis se réjouissent de vous retrouver!»
Source : L’Express du 10/11/2005
Rôles au théâtre
Dom Juan, Molière, Jean Vilar, 1953;
La Tragédie du roi Richard II, William Shakespeare, Jean Vilar, 1953;
Cinna, Pierre Corneille, Jean Vilar, 1954;
Le Prince de Hombourg, Heinrich von Kleist, Jean Vilar, 1954;
Macbeth, William Shakespeare, Jean Vilar, 1954;
Dom Juan, Molière, Jean Vilar, 1955;
La Ville, Paul Claudel, Jean Vilar, 1955;
Marie Tudor, Victor Hugo, Jean Vilar, 1955;
Cinna, Pierre Corneille, Jean Vilar, 1956;
Le Mariage de Figaro, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, Jean Vilar, 1956;
Le Prince de Hombourg, Heinrich von Kleist, Jean Vilar, 1956;
Macbeth, William Shakespeare, Jean Vilar, 1956;
Le Mariage de Figaro, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, Jean Vilar, 1957;
Les Caprices de Marianne, Alfred de Musset, Jean Vilar, 1958;
Lorenzaccio, Alfred de Musset, Gérard Philipe, 1958;
Marie Tudor, Victor Hugo, Jean Vilar, 1958;
Oedipe, André Gide, Jean Vilar, 1958;
Le Songe d’une nuit d’été, William Shakespeare, Jean Vilar, 1959;
Mère Courage, Bertolt Brecht, Jean Vilar, 1959;
Meurtre dans la cathédrale, Thomas Stearns Eliot, Jean Vilar, 1959;
Filmographie sélective parmi les 125 films de sa carrière
Gigi (1948) de Jacqueline Audry
Olivia (1950) de Jacqueline Audry
Agence matrimoniale (1952) de Jean-Paul Le Chanois
La Pointe Courte (1956) d’Agnès Varda
Le Capitaine Fracasse (1960) de Pierre Gaspard-Huit
Zazie dans le métro (1960) de Louis Malle
Thérèse Desqueyroux (1962) de Georges Franju
Comme un poisson dans l’eau (1962) d’André Michel
Les Copains (1964) d’Yves Robert
La Vie de château (1965) de Jean-Paul Rappeneau
Tendre voyou (1966) de Jean Becker
Alexandre le bienheureux (1967) d’Yves Robert
L’Étau (Topaz, 1969) d’Alfred Hitchcock
Clérambard (1969) d’Yves Robert
La Mandarine (1971) d’Édouard Molinaro
La Grande Bouffe (1973) de Marco Ferreri
L’Horloger de Saint-Paul (1974) de Bertrand Tavernier
Que la fête commence (1975) de Bertrand Tavernier
Le Vieux Fusil (1975) de Robert Enrico
Mes chers amis (Amici miei, 1975) de Mario Monicelli
Une femme à sa fenêtre (1976) de Pierre Granier-Deferre
Le Juge et l’Assassin (1976) de Bertrand Tavernier
Un taxi mauve (1977) d’Yves Boisset
Tendre Poulet (1978) de Philippe de Broca
Le Témoin (1978) de Jean-Pierre Mocky
On a volé la cuisse de Jupiter (1980) de Philippe de Broca
Trois Frères (Tre Fratelli, 1981) de Francesco Rosi
L’Étoile du Nord (1982) de Pierre Granier-Deferre
Coup de torchon (1981) de Bertrand Tavernier
Souvenirs souvenirs (1984) d’Ariel Zeitoun
Les Ripoux (1984) de Claude Zidi
L’Eté prochain (1985) de Nadine Trintignant
La Famille (La Famiglia, 1986) d’Ettore Scola
Masques (1987) de Claude Chabrol
Cinéma Paradiso (1988) de Giuseppe Tornatore
Ripoux contre ripoux (1990) de Claude Zidi
La Vie et rien d’autre (1989) de Bertrand Tavernier
J’embrasse pas (1991) d’André Téchiné
Tango (1992) de Patrice Leconte
Le Facteur (Il Postino, 1994) de Michael Radford
La Fille de d’Artagnan (1994) de Bertrand Tavernier
Grosse fatigue (1994) de Michel Blanc
Les Grands Ducs (1996) de Patrice Leconte
Fantôme avec chauffeur (1996) de Gérard Oury
Les Palmes de M. Schutz (1997) de Claude Pinoteau
Soleil (1997) de Roger Hanin
Le Pique-nique de Lulu Kreutz (1999) de Didier Martiny
Les Côtelettes (2002) de Bertrand Blier
Père et fils (2002) de Michel Boujenah
Ripoux 3 (2003) de Claude Zidi
Récompenses
1962 : Prix d’interprétation à Venise pour Thérèse Desqueyroux de Georges Franju
1976 : César du meilleur acteur pour Le Vieux Fusil de Robert Enrico
1990 : César du meilleur acteur pour La Vie et rien d’autre de Bertrand Tavernier
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