A l’affiche : “BORAT” complètement dératé

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BORAT
BORAT
 

Borat, leçons culturelles sur l’Amérique pour profit glorieuse nation Kazakhstan de Larry Charles avec Sacha Baron Cohen. 1h30.

Le dernier complot terroriste menaçant durablement les Etats-Unis a pour nom de code Borat. Il ne s’agit heureusement que de «terrorisme burlesque». Mais personne ne mesure encore très bien l’exact potentiel de dérision massive de ce redoutable et hilarant road-movie documentaire. Où s’arrêteront en effet les aventures de son personnage principal, Borat Sagdiyev, une sorte de Michael Kael (le reporter-looser Benoît Delépine de Groland) en version kazakhe. Créé et incarné ici par le comique britannique Sacha Baron Cohen, il occasionne autant de dégâts comiques que symboliques sur le modèle chrétien-humaniste américain. Car Borat peut déjà se targuer d’avoir provoqué en octobre les fulminations officielles du Kazakhstan, qui s’estime offensé par la représentation du pays dans le film (une contrée arriérée où les voitures sont tirées par des ânes), et celles de plusieurs protagonistes du film, tous se sentant piégés et ridiculisés (lire ci-contre).

Civilisations. Sacha Baron Cohen a pris le risque insensé, en plein choc moral des civilisations, de sortir le grand jeu burlesque et transgressif. Son arrivée chez nous devrait d’ailleurs réveiller les pleureuses de service. Quelques vigilants parafinkielkrautiens trouveront sans doute largement matière à indignation. Sacha Baron Cohen s’était illustré sur Channel Four et au cinéma avec la satire d’un rappeur d’origine pakistanaise (Ali G Indahouse). Cette fois, il endosse sans aucune limite PC (politiquement correct) le costume cravate d’un journaliste moustachu et musulman, homophobe et antisémite, misogyne et érotomane, que sa chaîne kazakhe envoie spécialement aux Etats-Unis pour comprendre ce qui s’y passe. Sous-titre du film en petit nègre arabic : «Cultural Learnings of America for Make Benefit Glorious Nation of Kazakhstan». Assorti à l’image d’un Quasimodo de producteur (le vrai, Jay Roach, a réalisé les Austin Powers ), ce grand échalas tout de raideur et de laideur comique, naïf et arriéré, croise sur son chemin d’authentiques Américains. Il les filme en situation, «en vrai». Un vendeur de bagnoles pourri se retrouve obligé d’expliquer en quoi un modèle peut idéalement renverser des Tziganes. Des étudiants bourrés prennent Borat en stop en plein spring break, lorsque ce dernier décide de partir à la recherche de Pamela Anderson. Une coach en bonnes manières très «Connecticut, oh my god !» tente de lui apprendre à parler un anglais châtié et à réprimer en public ses envies de déféquer à table, etc.

Urines de cheval. De son côté, Borat se présente toujours face à ses interlocuteurs comme un journaliste kazakh. Il les soumet à des interviews, sans jamais oublier de présenter son pays comme le berceau du traditionnel «lâcher de juifs» annuel, ou de la boisson nationale à base d’urine de cheval fermentée. Bref, Borat est un film aussi moralement inqualifiable que formellement insituable. Et c’est un exploit par les temps qui courent. Cette version MTV hardcore des Lettres persanes devient au fur et à mesure de la projection un curieux objet. Qui ne respecte aucun des codes délimitant documentaire et fiction, imposteurs et protagonistes réels, scénario et improvisation, show télévisé et long métrage de cinéma, vidéo gag et commedia dell’arte, défoulement acritique et parodie à vocation politique. Thèse implicite : les Américains, et par extension les Occidentaux, sont en fait les barbares archaïques qu’ils prétendent dominer et émanciper. Le dispositif emprunte à première vue à l’esthétique post-télévisuelle de Jackass (les aventures maso de Johnny Knoxville sur MTV), les sketches de Groland (les fans de Mickael Kael ne seront pas dépaysés), ou les performances au mégaphone de l’olibrius Michaël Youn. Mais, pour compléter le tableau, il faut évidemment ajouter Michael Moore (Bowling for Columbine, Fahrenheit 9/11). La morale démonstrative gauchiste en moins et le travestissement burlesque et l’identité d’emprunt en plus. Mais, finalement, la principale qualité de Borat, alias Sacha Baron Cohen, reste avant tout de tenir son personnage quoiqu’il advienne, et jusqu’au bout. Même après le film. A tel point qu’il a fini par se prendre dernièrement un vrai poing dans la gueule par un quidam new-yorkais qu’il interviewait. Borat est un idiot lâché dans le village global, dans la plus grande tradition anglo-saxonne. Sa moustache rend un pileux hommage à celle de Charlie Chaplin, dans au hasard un Roi à New York (ou par ailleurs il ne la portait plus !). Film tardif sur un tyran en exil à Manhattan. Deleuze disait (1) de ce film qu’il «était comme l’envers ou l’antipode de la société américaine (la démocratie est devenue “royaume”, puisque l’Amérique est devenue société de propagande et de police)».
(1) L’Image-mouvement , cité dans Art Press, n° 24, «le Burlesque, une aventure moderne».

Vu sur http://www.liberation.fr du 15 novembre 2006

Secrets de tournage

Sacha “Borat” Cohen

Borat est un personnage créé par le comique anglais, Sacha Baron Cohen, plus connu sous le nom d’Ali G. Originaire du Kazakhstan, Borat Sagdiyev est un journaliste fictif de la télévision kazakh, apparu pour la première fois en Angleterre sur Channel 4 dans l’émission Da Ali G show. Faussement candide, il tentait de soulever les paradoxes et l’hypocrisie de la société la société britannique par le biais d’interviews satiriques où ses questions misogynes, homophobes et antisémites ne manquaient pas de provoquer des réactions inattendues…

Tensions diplomatiques

Le personnage de Borat, et sa manière de présenter le Kazakhstan sous un jour peu flatteur (les habitants y sont homophobes, obnubilés par le sexe et boivent de “l’urine de cheval fermenté”), n’a pas manqué de soulever la polémique auprès des autorités politiques du pays d’Asie Centrale qui a multiplié les communiqués condamnant l’humour de Sacha Baron Cohen. Toujours aussi provocateur, Borat a alors publié un message vidéo en réponse aux attaques où il déclare, non sans ironie, qu’il “soutient la décision de son gouvernement de poursuivre ce juif”. Si le gouvernement kazakh affirme n’avoir jamais eu l’intention d’attaquer Sacha Baron Cohen, il l’a toutefois invité à se rendre véritablement au Kazakhstan pour se rendre compte de la réalité du pays.

Borat à la Maison Blanche

Pendant la voyage officiel du président kazakh, Nursultan Nazarbayev, à Washington, Borat a publié un communiqué de presse expliquant que le dirigeant était en fait venu aux Etats-Unis pour faire la promotion de son film. Multipliant les provocations, le faux journaliste est allé au même moment à la Maison Blanche pour remettre une invitation à George W. Bush pour la projection de son film. Il a toutefois été poliment éconduit par les autorités. Donald Rumsfeld, Bill Gates, O. J. Simpson et Mel Gibson ont eux aussi été invités.

Contre le racisme

En dehors de son personnage de Borat, Sacha Baron Cohen a longtemps lutté contre le racisme et les discriminations. Sa thèse d’étudiant intitulée “Un cas d’erreur d’identités – l’alliance entre Juifs et Noirs” examinait la nature de la coopération entre les communautés afro-américaine et juive et suggérait des moyens d’améliorer les relations actuelles. De plus son émission Da Ali G Show a été recommandée pour son effet positif sur les relations interraciales par la CRE (Commission for Racial Equality).

Dans la peau de Borat Sagdiyev

Borat, fidèle à lui-même, s’est exprimé à propos des Etats-Unis : “Nous voulons être comme Américains. L’Amérique a les plus belles femmes du monde ? par exemple Liza Minnelli et Elizabeth Taylor. Amérique s’intéresse aussi surtout à la démocratie et au porno. J’aime bien ! Je être très excité faire ce film !”

Azamat, producteur kazakh

Azamat Bagatov (Ken Davitian) est le (faux) producteur kazakh qui a permis à Borat de partir aux Etats-Unis “Je participe à ce projet parce que j’ai une grande expérience de l’industrie du cinéma et de la télévision,explique-t-il. Au cours de ces vingt dernières années, j’ai personnellement visionné 27 films. J’ai aussi eu ce job parce que je suis le seul et unique producteur du Kazakhstan.” Extrêmement fier du film, Borat ajoute : “Aucune dépense n’a été épargnée pour porter le film à l’écran. Ce documentaire être film le plus cher jamais fait au Kazakhstan. Il a coûté 48 millions de tenge ? à peu près 5000 dollars américains. Le Ministère de l’Information a participé budget en vendant uranium à hommes au teint marron.”

Le Kazakhstan en… Roumanie

Les premières scènes de Borat, où il présente son village natal, n’ont pas été tournées au Kazakhstan mais en Roumanie, à Moroieni, un petit village de tsiganes situé à deux heures au Nord de Bucarest. Reconnaissants pour la coopération et la gentillesse des habitants, la production et Sacha Baron Cohen leur ont fait cadeau d’ordinateurs, de sacs à dos, de matériel, et de livres pour l’école locale.

Tournage mouvementé

La productrice exécutive Monica Levinson a dû passer une nuit en prison après un malentendu avec la police New-Yorkaise. Elle avait emprunté à un hôtel local un téléphone, un radio-réveil, et un édredon, destinés à être utilisés comme accessoires. Même s’ils avaient une autorisation de tournage et une police d’assurance de cinq millions de dollars pour les biens perdus ou volés, la police de New York n’a rien voulu entendre et a procédé aux arrestations. Par la suite, le FBI a régulièrement dû suivre l’équipe du film ainsi que Borat, qui n’a jamais révélé sa véritable identité.

Borat au cinéma

Ce n’est pas la première fois que le personnage de Borat a droit aux honneurs du grand écran. Il a déjà été brièvement aperçu dans Ali G face à Ali G lui-même lors d’un dîner mondain.

Récompensé par… Groland

Borat a reçu le Gro Prix du Festival du Film Grolandais de Quend-Plage-les-Pins en 2006

Présenté, tant bien que mal, à Toronto

Borat a été présenté en avant-première au festival du Film de Toronto en septembre 2006. Le faux reporter s’est d’abord fait remarqué en arrivant sur le tapis rouge conduisant une charrette tirée par des femmes déguisées en paysannes… Il s’est ensuite livré à une séance de question réponses avec le public après l’interruption du film suite à un problème technique.

Vu sur http://www.allocine.fr/

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