Télévision : «Pour l’amour de Dieu» : Entre les mains des fous d’Allah

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Pour l'amour de Dieu
Pour l'amour de Dieu
 

Un adolescent d’origine algérienne se laisse embrigader par des islamistes extrémistes. Un téléfilm sur la tolérance.

QU’ON ne s’y trompe pas : «Pour l’amour de Dieu» de Zakia et Ahmed Bouchaâla (Link’s Productions) n’est pas un film contre l’islam et ses auteurs ne veulent en aucun cas provoquer qui que ce soit ou susciter des polémiques. Au contraire, la tolérance est au centre de cette histoire qui raconte comment Kévin (Rachid Hami), un lycéen d’aujourd’hui avec ses failles, sa fragilité, sa solitude et son désarroi face à l’avenir, se jette sans discernement dans l’islam le plus radical. Une façon de se prouver, en pleine crise d’adolescence, que lui aussi peut avoir un idéal et ainsi donner un sens à sa vie. Qu’à 17 ans, contrairement à ce que dit Rimbaud qui est au centre de son cours de français, on peut être sérieux et comprendre l’existence. Mais Kévin aurait aussi bien pu tomber entre les mains d’une secte ou d’autres intégristes. «S’il fallait dénoncer quelque chose à travers notre propos, ce serait la mauvaise information et l’interprétation que l’on fait de l’islam», expliquent Zakia et Ahmed Bouchaâla.

Kévin est né dans une famille musulmane totalement intégrée et «moderne» qui estime que «l’Occident est une chance pour l’Islam», comme le souligne Zakia. S’il se laisse embrigader par des intégristes c’est, en plus de sa fragilité, parce qu’il tombe sous le charme d’une fille de sa classe, Meriem (Leïla Bekhti), qui, elle, est pratiquante. «Elle a une vraie foi, sans ses excès», notent les auteurs du film. Fasciné par son savoir et par sa maturité, Kévin (qui se fait désormais appeler Mohamed, son deuxième prénom) se lance aussi un défi en se consacrant à l’islam radical. L’initié, par son fanatisme, va bientôt surpasser son inspiratrice. Jusqu’à l’irrémédiable.

Zakia et Ahmed Bouchaâla décrivent avec justesse le terrifiant engrenage qui va engluer Kévin-Mohamed dans une toile d’araignée implacable. Ce dernier profite du départ en Algérie de Meriem pendant les vacances scolaires pour s’imprégner au plus près du Coran, faire le ramadan et suivre sans rechigner les préceptes des «barbus» qui l’ont enrôlé. Lui qui mangeait en abondance des yaourts Viennois va devoir les bannir de son alimentation. Ils sont «haram» (interdits) parce qu’ils contiennent de la gélatine composée d’os de porc séchés et réduits en poudre… Mais qu’importe les yaourts si on se sent enfin exister et aimé. L’ado s’est trouvé une famille spirituelle. Ce qui est également très bien vu dans ce téléfilm, c’est l’impuissance des parents de Kévin (Smaïn qui, après «Harkis», poursuit son changement de cap, et Farida Rahouadj) confrontés au changement de leur fils. Il est devenu intolérant, injurieux, implacable. Ils sont perdus.

A partir d’un sujet qui aurait pu tomber dans les clichés et les excès, être trop démonstratif ou didactique, Zakia et Ahmed Bouchaâla ont réalisé un magnifique plaidoyer pour le respect de soi et des autres qui dépasse largement le cadre de l’islam. Aidés par des acteurs justes et sobres.

ARTE – «Pour l’amour de Dieu» – Ce soir à 22 h 40 et le 11 novembre à 16 h 25.

Source : http://lefigaro.fr/culture du 07 novembre 2006 – Isabelle NATAF

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