SYNOPSIS
” Mon histoire commence ce jour de 1787 sur les prés d’un château d’Anjou. Ce fut mon dernier duel et mon premier jour… Le roi m’exilait sur les côtes d’Afrique comme Gouverneur d’une minuscule colonie, un comptoir de sable livré aux caprices d’un fleuve.”
L’AFRIQUE EST JEUNE
Jean-François rencontre une Afrique apparemment immobile depuis des siècles. La transmission des traditions et de la culture est orale, c’est donc un pays qu’il faut écouter, qu’il faut prendre le temps de découvrir. L’Afrique est jeune, rappelle Pierre Combaud (Thierry Frémont), Jean-François la découvre peu à peu. C’est un film physique où tout découle de la rythmique africaine. Jean-François est fasciné par ce continent, ce corps noir. Il erre sur le fleuve à la recherche de lui-même à la reconnaissance de l’autre, de cette différence.
LA REVOLUTION ET L’AFRIQUE
La Révolution Française bouillonnait loin de l’Afrique. Les lettres mettaient des semaines à arriver, un bateau passait tous les six mois… le temps s’étirait dans l’ignorance. La pensée des philosophes, Beaumarchais, Rousseau, Diderot, Marivaux, et le travail des abolitionnistes n’arrivaient sur les rivages africains que dans les cales des bateaux négriers. Que de distance et de chemin à parcourir. Certes, l’abolition des privilèges était liée à la Révolution, mais on s’en souciait peu en Afrique. La traite des nègres et le commerce de l’or battaient leur plein, trop de gens avaient intérêt à entretenir les petites guerres entre les rois noirs, impliquant même des affranchis qui avaient des parts dans le commerce des négriers. Napoléon, bien après la Révolution, rétablira officiellement un esclavage qui n’avait été aboli que dans les textes. Le titre de citoyen ne changea rien. Tout se passait en France et Jean-François de la Plaine (Bernard Giraudeau), le Commandant de Blanet (Richard Bohringer) et Pierre Combaud y étaient impuissants. Jean-François n’est pas un héros libérateur, c’est un défricheur, troublé par sa propre ignorance.
LA VOLONTE ROMANESQUE
Sur le fleuve, les navires emportaient avec eux un peu de cette France laissée au vent de l’oubli et voguaient vers un autre monde pour se préparer à d’autres tourmentes. L’aventure humaine, celle de notre découverte, nourrit la volonté romanesque du film. L’Afrique du XVIIIème siècle, celle de l’imaginaire ou du vécu, véhicule nos sentiments, nos contradictions et nos émotions. Au travers de ces turbulences, se raconte l’épopée de Jean-François, Gouverneur d’un comptoir de sable, bousculé par l’histoire. Flibustiers, pirates et corsaires, comptoirs, négriers et trafiquants sont la toile de fond sur laquelle se dessinent, au rythme de ce fleuve, les personnages d’une des époques les plus troubles de notre histoire.
LES CAPRICES D’UNE INITIATION
Poussée par les vents d’ouest, la flotte du gouverneur glisse sur le fleuve ; Jean-François le remonte à contre courant. Le choc de cette rencontre n’est pas réaliste, le cinéma est fiction et folie, à l’instar de Jean-François de la Plaine, exilé avec son clavecin, loin de Bach et de Mozart, au beau milieu de la forêt ; confrontant sa propre culture à celle de l’Afrique. Remonter le fleuve… un caprice de la vérité. Vérité aussi du Pygmalion de quarante-cinq ans, qui cède à l’injonction de sa fille d’en faire une femme : “Je suis une femme alors regarde-moi comme une femme”. Pourtant, au départ, ce libertin cultivé ne sent pas l’immanence de la Révolution Française, ni même la sienne d’ailleurs, d’où le sujet du film… Quand il quitte la France en 1785, le pays vit dans l’aisance de la royauté des nobles, la misère pour le peuple. Jean-François de la Plaine part faire son métier de gouverneur, c’est un exil, une prison redoutable. Il est raciste, comme on pouvait l’être à l’époque, comme on l’est aujourd’hui. La servitude en France n’était pas glorieuse et ressemblait fort à l’esclavage. Jean-François n’avait aucune raison de s’offusquer à la vue d’un noir maltraité. Seul le commerce de cet esclavage de masse et la vue des chaînes réussiront à le destabiliser. Projeté dans un univers totalement différent, il sera fasciné par la jeunesse du continent, troublé par ce qu’il croit être de l’immobilisme, et se passionnera tout simplement, découvrira, aimera… Que lui serait-il arrivé pendant la Révolution… on le devine. Mais un autre destin l’attend, cet homme du Siècle des Lumières va peu à peu laisser se mêler au son du clavecin et de la flûte, celui du feu, des percussions, des parfums, des odeurs, de la sensualité. Il va observer Pierre Combaud, estimer de Blanet, s’interroger sur cet autre bonheur, la beauté, les chants. Il va aimer la réponse à ses questions, et les choix de l’Afrique. La providence mettra sur sa route, sous forme de cadeau, une petite esclave à laquelle il s’attachera et avec laquelle il achèvera sa propre révolution ; elle sera sa fille, sa femme, et la mère de son enfant, elle sera son amour et son histoire. Elle est symbole, reflet de sa douleur et éclat de son parcours. Il a fait la rencontre de l’Autre. Son retour sera le véritable exil.
L’INACCEPTABLE NORMALITE
La gageure du film était de suggérer une effrayante normalité, sans voyeurisme. Le servage en France n’était pas plus glorieux que l’esclavage, il était le quotidien du peuple, à l’instar des domestiques qui dormaient devant la porte de leur maître, cette misère-là ne se cachait pas. On embarquait les esclaves de nuit, on les entassait par centaines dans les bateaux négriers et les marchés de la traite n’étaient que la vitrine de ce commerce avilissant. La noblesse n’allait pas à fond de cale et fréquentait peu les maisons aux esclaves, pourtant situées juste à côtés des leurs. La violence et l’horreur de cet esclavage n’est pas visible au regard volontairement aveugle. Aujourd’hui encore, nous acceptons la misère quotidienne, nous passons à côté d’elle sans la voir. L’esclavage n’a été officiellement aboli dans certains pays d’Afrique que lors de cette dernière décennie. Notre regard d’aujourd’hui a-t-il profondément changé ? Il faudra donc à Jean-François des révélateurs pour éveiller sa curiosité, sa prise de conscience, provoquer son étonnement, son trouble et sa maturation. La musique, l’amour, l’amitié du Commandant de Blanet et de son aide de camp, Pierrre Combaud et les échos lointains de la Révolution Française seront à l’origine de son évolution au sein de cette inacceptable normalité.
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© 2005 Flach Film
UNE COMPLICITE REALISATEUR-PRODUCTEUR
Bernard GIRAUDEAU a sa propre maison de production : les Films de la Saga. Jean-François LEPETIT décide de s’associer avec lui pour instaurer un lien étroit entre les décisions artistiques et financières. Le montage financier est lourd : il est évalué officiellement à 51 millions de francs (le montage financier annoncé par Bernard GIRAUDEAU est de 38 millions de francs). Les chaînes de télévision se montrent frileuses. L’accord de Pierre LESCURE, du Studio Canal+, est un soutien déterminant. L’investissement en amont sur le scénario (l’avance sur recettes obtenue du CNC) permet d’appréhender la réalité du tournage et de rendre le film maîtrisable financièrement. La décision effective de le produire est prise en octobre 1994.Cette stratégie de production souligne le caractère du prototype du film : l’alliance avec le groupe Canal+ est articulée avec l’indépendance artistique du cinéma d’auteur, le producteur jouant un rôle d’initiateur de projets que le groupe finance. Pendant le tournage, comme plus tard au montage, Jean-François LEPETIT et Bernard GIRAUDEAU maintiendront une grande complicité dans l’approche du film.
En France, en Mauritanie, puis sur l’île de Gorée au Sénégal le tournage des Caprices d’un fleuve rassemble environ soixante-dix personnes pendant treize semaines, à partir de janvier 1995. Décors du dix-huitième siècle et bateaux sont fabriqués sur place. Dès cette étape de l’aventure, Bernard GIRAUDEAU passe commande auprès du compositeur René-Marc BINI, dont le travail s’oriente vers le passage du classique au contemporain en prenant appui sur les oeuvres de Jean-Sébastien BACH (La Passion selon St Mathieu), de Vivaldi et de la tradition africaine.
Le montage image dure six mois au cours desquels GIRAUDEAU est contraient de réduire son projet romanesque d’une durée de quatre heures à deux heures. Il s’est écoulé deux ans et demi entre l’écriture et le film achevé. L’aventure est épuisante. Elle confirme GIRAUDEAU en tant qu’auteur mais reçoit un soutien relatif au public.
Extrait du “Dossier Les Caprices d’un fleuve” © BIFI
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INTERVIEW
Déclaration d’intention de Bernard Giraudeau concernant Les caprices d’un fleuve
Voici un voyage, un douloureux voyage mêlé au bonheur inouï de la rencontre, un voyage vers l’Autre, un voyage initiatique et sensuel. Celui de toutes les audaces. Un voyage au centre de l’amour.
“J’ai voulu conter le destin exceptionnel d’un homme exilé par le Roi vers un Comptoir d’Afrique de l’ouest, peu avant la Révolution Française, jusqu’à l’avènement de la République et la mort de Louis XVI.
J’ai souhaité faire un film d’amour déchiré par l’histoire, un film d’aventures, dans le désert, sur les fleuves et les côtes de la Sénégambie.
Les armateurs nantais et rochelais armaient leurs navires pour traiter le morphyl, la gomme, l’or de Galam et surtout le noir Bambara, Toucouleure ou Saracolet.
Les guerres endémiques entre les Rois nègres fournissaient en esclaves les bateaux en partance pour les Antilles. Les équipages des navires embarquaient les hommes, les femmes, les enfants, tuaient les récalcitrants. Le silence du Siècle des Lumières était assourdissant.
Il s’agit d’esclavage mais avant tout de tolérance et surtout d’acceptation de la différence. C’est un parcours initiatique en somme, une prise de conscience, celle d’un homme profondément européen, français, noble, élitiste, aveuglé par le luxe et le confort de sa condition.
Il est des ignorances aussi coupables que le silence.
La Révolution est en marche, inéluctable. Le peuple, lui, se réveille. Mais la France est loin. Dans son palais de sable, le héros de cette histoire ne connaîtra pas la tourment révolutionnaire. Son destin est ailleurs. Il est un autre voyage à faire, un amour inattendu à vivre, des musiques à écouter, une culture à deviner. L’homme nouveau va naître.
Comment découvre-t-il le peuple noir ? Mais plus important que tout, qui est Amélie MAIMOUNA BA l’esclave peule ? Confronté aux doutes, à la contradiction, il s’initie à la sensualité et au métissage.
Il va vivre l’Afrique comme peu de blancs l’ont vécue à cette époque.
Les déchirements, les doutes jalonneront le fleuve de sa vie africaine. Le maître et l’esclave. Le père et la fille. L’homme et la femme.
Au temps de “notre” Révolution Française, le héros de cette histoire tente, sur une terre neuve mais déjà bafouée, de faire cet “Eloge de la différence” qu’Albert Jacquard n’écrira que deux siècles plus tard.”
Un film de Bernard GIRAUDEAU
avec
JEAN-FRANCOIS DE LA PLAINE
Bernard GIRAUDEAU
COMMANDANT DE BLANET Richard BOHRINGER
PIERRE COMBAU Thierry FREMONT
MONSIEUR DENIS Roland BLANCHE
L’ABBE FLEURIAU Raoul BILLEREY
AMELIE Aissatou SOW
ANNE BRISSEAU France ZOBDA
MONSIEUR DE KERMADEC Olivier ACHARD
LE CHEVALIER DE MARCERA Vincent DEBOUARD
LE CHIRURGIEN MAJOR Frédéric LORBER
LE CAPITAINE FRANCAIS Christian RAUTH
LE MAITRE DES LANGUES Smaïl MEKKI
HANNIBAL Moussa TOURE
avec la voix de Denis LAUSTRIAT
En France
LOUISE DE SAINT AGNAN Anna GALIENA
HENRI DE BREUIL Pierre ARDITI
MONSIEUR DE SAINT-CHAMONT Jean-Claude BRIALY
LA VIEILLE DUCHESSE Marie DUBOIS
MONSIEUR DE LA MALENE Lambert WILSON
ESTHER Brigitte ROUAN
EMMA Isabelle OTERO
ELEONORE Sophie ARTHUR
IPHICRATE Jean-Claude JAY
NICOLAS DE SAINT-JAMES Philippe LAUDENBACH
LA VIEILLE DAME Madeleine MARIE
MADAME DE LA MALENE Victoire THEISMANN
LA PETITE DEMOISELLE Sara GIRAUDEAU
LE TEMOIN Pierre BENZAKEIN
En Afrique
LE COMMANDANT FRANCAIS Laurent ARNAL
ZOE Aminata DIAKHATE
ALI BONKO El Hadj DIENG
JOB Mansour DIOUF
NAIMA (PETITE) Aïssatou FAM
NAIMA (GRANDE) Fama FAM
LE CAPITAINE PORTUGAIS José FERNANDES
MAKOUTA Thierno N’DIAYE
LE GUERRIER MANDINGUE Ibrahima N’DIAYE
SIMEON Assane SAGNA
Le Chef des Guerriers de la Pluie Samba WANE
AMELIE (12 ANS) Aïssata GAYE
Mise en scène Bernard GIRAUDEAU
Scénario et dialogues Bernard GIRAUDEAU
librement inspiré du Journal du Chevalier de Boufflers
Directeur de la Photographie Jean-Marie DREUJOU
Directeur de production Philippe SHWARTZ
Responsable de la production au Sénégal Moussa TOURE / Les Films du Crocodile
Conseiller technique équestre Mario LURASCHI
Assisté de Pascal MADURA
1er assistants réalisateur Patrick MEUNIER / Euric ALLAIRE
2ème assistants réalisateur Frédéric DDOUILHAT / Bertrand SOUPEY / Clarence DELGADO
Scriptes Lucile CHRISTOL / Isabelle DELAGE
Chef monteuse Annick SALY
Cadreurs Jean-Paul MEURISSE / Pascal GENESSEAUX
1ere assistante opérateur Isabelle CZAJKA
Assistant son Martin BOISSEAU
Chefs costumières Marylin FITOUSSI / Delphine PROVENT
Habilleuses Maria DAPINA / Mariène DENG
Chef maquilleuse Gill ROBILLARD
Chef coiffeuse Agathe DUPUIS
Chef décorateur Yan ARLAUD / Bertrand L’HERMINIER
Ensemblier Alain PITREL
Régisseur décoration Laurent DURET assisté de Pape M’BENGUE
Régisseurs d’extérieurs Jean-René COULON / Pierre SICRE
Accessoiriste Michel CONCHE
Effets spéciaux Georges DEMTREAU
Chefs constructeurs Patrick VERON / Kim DOAN
Constructeur Serge RECORBET
Menuisiers Michel MERCIER / Vianney SANTROT
Peintres décorateurs Hélène IMBERT / Jöelle MARCY DE JESUS
Chefs électriciens Jean-Claude REUX / Soriba ROURE
Chefs machinistes Jean-Pierre MAS / Arona CAMARA
Assistante monteuse image Valéry-Anne SARCY
Chef monteuse son Emmanuèle LABRE
Bruiteur Jean-Pierre LELONG
Ingénieur du son bruitage Anne LE CAMPION
Ingénieur du son mixage William SCHMIT
Administratrices de production Bernadette ZINCK / Hélène PAVAGEAU
Régisseurs généraux Jean-Marc ABBOU / Olivier FAY-KELLER / Dominique-Claire ANDRIEU
Photographe de plateau Alain DENIS
Compositeur de la musique originale René MARC-BINI
Production Jean-François LEPETIT
Production exécutive Flach Film
Coproduction Le Studio Canal + / Flach Film / Les Films de la Saga / France 2 cinéma / Jürgen Haase Provobis GMBH / Cecchi Group Tiger Cinematografica SRL
Film 35 mm
Format 1/85
Durée 1 h 51
Distribution Pyramide
Date de sortie à Paris 3 avril 1996
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