SYNOPSIS :
Christian, un jeune poète désargenté fraîchement débarqué à Paris se fait entraîner par Toulouse-Lautrec et ses amis dans la folle vie parisienne. Il croise sur sa route Satin, courtisane et meneuse de revue Star du Moulin Rouge dont il tombe amoureux. On lui confie l’écriture d’une revue pour le cabaret. Mais le Duc, un aristocrate aisé qui finance le projet, a des vues sur Satin…
PARIS, 1900, LE MOULIN ROUGE : Une époque, une ambiance, une musique…
LES DECORS :
Pour recréer l’univers sulfureux du célèbre cabaret parisien, Baz Lhurman et son équipe s’est rendu à Paris en automne 1999. Accompagné de sa femme, la chef décoratrice Catherine Martin, et de son meilleur ami, le co-scénariste Craig Pierce, il s’est documenté pendant près de trois mois sur tout ce qui animait jadis le quartier de Montmartre, du cancan à Toulouse-Lautrec, des poètes aux chroniqueurs qui évoquèrent dans une prose enfiévrée le Paris by night fin de sicèle.
MOULIN ROUGE ne prétend pas être une reconstitution historique ou documentaire, mais plus une recréation stylistique et lyrique. Le projet de Lhurman n’était donc pas de coller étroitement à la réalité, mais plus de traduire l’expérience du cabaret avec une sensibilité contemporaine. Catherine Martin explique : “Le travail consiste à manipuler et à reinterpréter les éléments du temps jadis, pour les rendre lisibles au spectateur d’aujourd’hui, et lui ouvrir ainsi une voie d’accès à un univers révolu. Baz m’a demandé de créer un monde, d’inventer un style d’artificialité réaliste…”.
Ce parti-pris a mené tout naturellement au tournage en studio. Les décors ont été recréés sur cinq plateaux des Studios Fox Australia à Sydney. Marin Brown, producteur, affirme que le film “affiche ouvertement sa théâtralité. Il rappelle à sa manière les films de l’âge d’or du cinéma, où l’on avait pas peur d’utiliser une simple toile peinte en guise de paysage.”
Les décors de MOULIN ROUGE fascinent par leur opulence et la richesse des détails. Le plus étonnant reste la reproduction du gigantesque éléphant de papier mâché qui trônait jadis dans le jardin du Moulin Rouge. Bâti sur trois niveaux, il abritait les loges des danseuses et un club exclusivement masculin, de style “arabe”. Catherine Martin a opéré un habile mélange des deux en dessinant la loge de Satine d’inspiration orientale. “Le décor a un petit côté canaille, car on n’y vendait pas seulement des beaux spectacles, mais aussi du sexe…” explique Martin. Plusieurs versions du pachyderme ont été construites : un décor grandeur nature en polystyrène, une maquette à l’échelle 1/5 et des répliques partielles du dos et de la tête de l’animal. L’atelier a également construit des maquettes au 1:5 du cabaret et de ses environs, soulignant délibérément l’artificialité et la théâtralité souhaitées par Lhurman.
LA PHOTO :
Lorsque le Moulin Rouge connaissait son âge d’or au début du sicèle, l’éléctricité venait tout juste de faire son apparition. Donald McAlpine, qui avait déjà éclairé Romeo + Juliette, a voulu retranscrire visuellement cette innovation majeure. “Lorsque les gens découvrirent celle qu’on appela la “Fée Electricité”, ils en furent émerveillés. Nous avons essayé de traduire leur éblouissement en innondant nos décors de lumière, afin de mettre en valeur l’éclat et le glamour du Moulin Rouge”.
L’un des défis de McAlpine consistait donc à éclairer convenablement les grands décors construits intégralement en studio. “Comme il était impossible d’avoir un nouveau décor par scène – un vieux rêve de chef opérateur – nous nous sommes arrangés pour traiter les lieux récurrents de façon différente à chaque étape de la narration”.
LES COSTUMES :
Déjà à l’origine des décors, Catherine Martin a également supervisé la confection des costumes. Elle avoue pourtant avoir longtemps hésité avant de s’impliquer dans la création de ces costumes. La perspective d’un tel projet lui semblait même “révoltante et monstrueuse”. Les quelques récents films réalisés sur le cancan présentent selon elle une réalité désuète, plate et désincarnée. Catherine Martin ne voulait donc pas s’adonner à un travail de taxidermiste besogneux.
Elle a donc choisi la même optique que pour la création des décors : recréer les costumes du Moulin Rouge pour un oeil contemporain, inventer un monde séduisant, sexy, un rien choquant. En bref : faire revivre au spectateur d’aujourd’hui l’impact originel du cabaret.
“Nous n’avons pas sacrifié le look de Nicole Kidman à la vérité historique. Fallait-il la faire danser en collant de laine pour être ‘historiquement correct’? Nous avons préféré nous inspirer des grandes divas comme Dietrich, Garbo ou Joan Crawford.” Ainsi s’explique Catherine Martin.
Concernant les danseurs, elle est partie de l’idée, cette fois historiquement fondée, selon laquelle le cancan était en son temps une danse incroyablement choquante révélant “sous les jupes des danseuses tout un monde de plaisirs”. Pour symboliser ce monde, les costumes font de chaque danseuse un stéréotype sexuel malicieux : la poupée nubile, l’orientale, la travestie, la tatouée… Mais la création de ces jupons a révélé un problème de taille : le poids, souvent excessif. Ces dessous superposés dépaissaient parfois quinze kilos, et nécessitaient le port de bretelles!
COIFFURES ET MAQUILLAGES :
Baz Lhurman a fait appel aux deux mêmes artistes italiens qui avaient travaillé pour lui sur Romeo + Juliette : Aldo Signoretti, chef coiffeur, et Maurizio Silvi, chef maquilleur. Tous deux ont confectionné à Rome plus de 85 perruques flamboyantes. Tous les acteurs, à l’exception de Ewan McGregor et de John Leguizamo, en portent une à un moment ou à un autre. Pour réaliser ce défi, Signoretti et Silvi se sont inspirés des tableaux de Lautrec.
Le célèbre peintre, habitué du Moulin Rouge, a livré de nombreuses esquisses de l’univers coloré et déshabillé du cabaret. Sa palette est stridente et acide, tantôt composée de mélanges doux et sensuels de rose et d’orange, tantôt de mélanges vifs et criards de rouge et de vert.
Les deux maîtres en coiffure et en maquillage ont influé une véritable personnalité dans chacune de leur création. “La coiffure de Zidler est d’un rouge orange, tachetée comme le pelage d’un renard ou d’un chat sauvage. Celle de l’écrivain bohème Audrey est bleu nuit. Quant à celle de Satine, sa chevelure rousse, ses mises en plis et sa peau laiteuse, réhaussée de quelques fins traits de maquillage, évoquent les divas glamours des années quarante plus que les courtisanes du XIX° siècle” explique Signoretti.”
LES EFFETS VISUELS :
MOULIN ROUGE compte près de trois cents plans numériquement truqués. Chis Godfrey, superviseur de ces effets visuels au sein d’Animal Logic, a travaillé de manière à ce qu’ils servent l’histoire et n’éclipsent pas les propos du cinéaste. Ces plans sont conçus pour amplifier le monde imaginé par Lhurman, plutôt que pour créer leur propre univers virtuel et désincarné.
Le cinéaste explique à ce propos que le “spectateur connaît aujourd’hui toute la perfection de l’image numérique – et il en a assez! Les caméras sont en mesure de filmer sous n’importe quel angle, et l’image a atteint une netteté proprement iréelle. J’ai donc demandé à Chris d’introduire des imperfections, de simuler le tremblé des vieilles caméras, de déconstruire le visuel, de donner l’impression que ce film avait été tourné à la main comme aux premiers temps du cinéma. En simulant ainsi les débuts du cinéma, nous espérons faciliter l’adhésion du spectateur à notre univers. Mais quel paradoxe d’employer autant d’argent à rendre les choses imparfaites !”.
LA MUSIQUE :
Comme le rappelle Lhurman, “l’utilisation de musiques contemporaines dans un cadre ancien était très courante pendant l’âge d’or de la comédie musicale hollydienne.”. Chantons Sous La Pluie, La Melodie Du Bonheur et quantité d’autres films musicaux présentent des chansons anachroniques. La musique de MOULIN ROUGE rend ainsi hommage à nombre de grands compositeurs et artistes pop du XX° siècle, tels que Richard Rodgers,Oscar Hammerstein ou encore Paul McCartney, Sting, Elton John et Madonna.
Lhurman voulait une musique éclectique à souhait, qui aille de l’opéra à la techno, en passant par le rock, la pop, en associant des dizaines de compositeurs… C’est Anton Monsted, superviseur musical, qui a choisi la plupart de ces chansons. “Ces chansons s’insèrent dans ce que Baz Lhurman appelle les SAF (scènes à faire). Chaque SAF exigeait un air qui prenne le relais du dialogue et de l’action et fasse progresser l’intrigue lorsque les gestes et les mots n’y suffisaient plus”
Nicole Kidman et Ewan McGregor ont chanté en “live” sur le plateaux, afin de rendre leurs scènes plus spontannées. Leurs chansons, enregistrées en backstage, ont ensuite été mixées. Afin de mener à bien leur numéro, les deux acteurs ont pris des cours de chant et de danse, et se sont longuement exercé lors d’ateliers supervisés par des professionnels.
Le film s’ouvre et se clôt sur l’interprétation de “Nature Boy” par David Bowie. Les paroles de ce standard des années quarante résume à lui seul le message de MOULIN ROUGE : “The greatest thing you’ll ever learn is to love and be loved in return”.
Une autre célèbre réplique est proférée dans le cabaret sous forme de chanson : “Voulez-vous coucher avec moi ?”. Les superstars Christina Aguilera, Lil’ Kim, Mya et Pink ont enregistré une nouvelle version de ce classique de Labelle, “Lady Marmelade”. Le clip réalisé pour la promotion du film a remporté de nombreuses récompenses, dont le prix MTV du meilleur clip de l’année 2001.
Sabri Ammar
Source : http://www.commeaucinema.com
Liste technique :
Réalisation : Baz Luhrmann
Scénario : Baz Luhrmann et Craig Pearce
Photographie : Donald McAlpine
Montage : Jill Bilcock
Production : Baz Luhrmann pour Bazmark (Australie) ; Martin Brown, Fred Baron, 20th Century Fox (USA)
Liste artistique :
Nicole Kidman : Satine
Ewan McGregor : Christian
Jim Broadbent : Harold
John Leguizamo : Toulouse-Lautrec
Richard Roxburgh : Le Duc de Monroth
Kylie Minogue : La Fée verte
Musiques préexistentes :
Sound of Music de La Mélodie du bonheur de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein
Nature Boy d’Eden Ahbez
La Complainte de la butte de Georges Van Parys
Like a Virgin et Material Girl de Madonna
Diamonds are the Girl Best Friends de Marilyn Monroe
Roxane de The Police
Your Song d’Elton John
All You Need is Love des Beatles
Silly Love Song de Paul McCartney
Diamond Dogs et Heroes de David Bowie
Lady Marmelade (reprise par Missy Eliot, Christiana Aguilera, Pink et Mya
)
The Show Must Go On de Queen
Smells Like Teen Spirit de Nirvana
reprises de La Gaîté parisienne et Orphée aux Enfers d’Offenbach
Craig Armstrong
Children of the Revolution de Marc Bolan
Gorecki d’Andrew Barlow
I Was Made for Lovin’ You de Kiss
One More Night de Phil Collins
Love is a Many Splendored Thing
Don’t Leave Me This Way de Harold Melvin & the Blue Notes
Love is Like Oxygen
Golden Bowls
Up Where We Belong de Buffy Sainte-Marie
le Tango du Moulin-Rouge
I Will Always Love You de Dolly Parton
Because We Can de Fatboy Slim
Rhythm of the Night
Chamma Chamma
Pride (in the Name of Love) de U2
Sortie en France : 9 mai 2001(1ère au Festival de Cannes 2001) – 3 octobre 2001 / 2 h 10
directeur de production producteur cinema television productrice tournage plateau comedien